Les Franciliens sont invités à passer au biocarburant. Mais, cette conversion ne serait-elle pas vaine ?
La combustion de bioéthanol émet moins de CO2 et de particules fines que celle de l’essence
La Région Île-de-France prévoit de mettre en place une aide de 500 euros censée financer la conversion des véhicules essence en véhicules bioéthanol. En d’autres mots, la Région est prête à prendre en charge près du tiers du coût, le boîtier de conversion coûtant 1.600 euros environ. D’ici fin 2022, la Région vise l’acquisition de 30.000 boîtiers, a fait savoir Valérie Pécresse, sa présidente, dans un entretien au Parisien le 16 mai 2022.
Mais le bioéthanol, est-il plus écologique que l’essence ? D’un certain point de vue, oui, car il ne s’agit pas de carburants fossiles, lesquels, par définition, ne sont pas infinis. De plus, les émissions de CO2 lors de la combustion du bioéthanol sont nettement moindres : 50 % en moins par rapport à un véhicule essence, soit une tonne de CO2 en moins environ sur un an. Quant aux particules fines émises, leur volume chute de 90 %. Le recours au bioéthanol a donc un impact positif sur la qualité de l’air sur les routes.
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La production de biocarburants est toutefois loin d’être neutre en carbone
En revanche, si l’on considère les émissions de CO2 sur l’ensemble du cycle de vie d’un biocarburant, elles surpassent celles de l’essence et du diesel. En effet, le litre de biodiesel issu du colza représente 1,2 fois plus d’émissions que le litre de diesel ; celui de soja, deux fois plus d’émissions ; et celui de l’huile de palme, trois fois plus. Pour s’en rendre compte, il faut prendre en considération que les plants qui serviront à la production de biocarburants doivent être semés, cultivés et arrosés pendant des mois en utilisant des machines agricoles. Puis, ils doivent être récoltés et transportés jusqu’à l’usine de traitement, où ils seront transformés en poudre.
Cette poudre est ensuite transportée dans des silos de fermentation, où se forme l’éthanol, qui doit ensuite être recueilli et épuré… en utilisant, cette fois-ci encore, de l’énergie. Autant dire que le processus de fabrication d’un biocarburant est loin d’être neutre en carbone… S’y ajoute le problème des terres agricoles nécessaires à la culture des plants destinés à devenir des biocarburants. Le monde manque déjà cruellement de terres agricoles pour nourrir une population en hausse constante, ce qui entraîne la déforestation. Le développement de biocarburants ne fait ainsi que précipiter cette tendance…
Illustrations : ©Shutterstock.
A lire absolument
On remarque, chaque année dans les campagnes, des étendues de plus en plus importantes de cultures de colza, je le constate chaque année autour de chez moi.
On cultive pour nourrir les voitures aux dépens des cultures vivrières !!!
De même, on fait plus attention à ce qu’on donne à manger à sa voiture que ce qu’on donne à notre corps qui, lui, ne dira rien tout de suite, mais la voiture, elle, va rapidement aller moins bien si on ne lui donne pas exactement ce qui lui convient !
Cherchez l’erreur !!!!!!!
Un fait très actuel(pénurie de diverses huiles, tournesol, colza) n’est-il pas lié à cet engouement pour le bioéthanol ?
En effet, l’émission « sur le front » a enquêté et découvert que l’activité de production du bioéthanol comme du biogaz est très lucrative car l’installation est fortement subventionnée. Par ailleurs, ils ont également constaté de nombreux dérapages : vols d’huiles usagées, détournement de denrées encore comestibles pourtant destinées à la vente en magasin.
Par ailleurs la taille des installations ne semble pas contrôlée : conséquence le besoin de matière première entraîne de nombreux transports ainsi que les dérives citées précédemment. Par contre le rejet des résidus ne requiert pas autant d’attention : Leur épandage est fait à moindre distance car coûteux. La quantité nécessite de le faire tout au long de l’année en dépit des règles, conséquence les nappes phréatiques sont polluées.