Cargo à voile : le renouveau du transport de marchandises

La société TOWT (TransOceanic Wind Transport), basée à Brest, a lancé le pari de faire renaître le transport de marchandises à la voile. Créée en 2009, la société utilise de vieux gréements pour faire voyager ses produits. Elle transporte des denrées alimentaires et autres marchandises non périssables sur les côtes atlantiques françaises, l’Europe du Nord et l’Amérique.

Rédigé par Pauline Petit, le 16 Feb 2016, à 11 h 32 min
Cargo à voile : le renouveau du transport de marchandises
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Difficile de se passer de café ou de chocolat dans notre vie quotidienne. Pourtant, leur impact carbone est important, car ils ne poussent pas sous nos latitudes et sont transportés par des cargos de marchandises souvent polluants. Aujourd’hui, 90 % des marchandises sont transportées par voie maritime, ce qui représente 9,1 milliards de tonnes de marchandises transportées chaque année. 4,5 % des émissions de gaz à effet de serre globales proviennent du transport de marchandises par voie maritime.

L’initiative de la société bretonne TOWT – pour TransOceanic Wind Transport – de transporter les marchandises à la voile représente une goutte d’eau dans l’océan à côté de ces énormes cargos. Toutefois, elle représente une solution pour réduire considérablement l’empreinte carbone du transport de nos marchandises.

Cargo à voile : du vin dans les voiles

TOWT affrète une flotte de dix bateaux anciens à voile. Cinquante tonnes de marchandises sont aujourd’hui transportées par la société chaque année. Elle transporte ses marchandises dans plusieurs ports de Bretagne, à Bordeaux et en Angleterre. Elle réalise aussi des traversées transatlantiques pour aller chercher les denrées exotiques qui nous manquent : café, chocolat ou rhum dans les Antilles.

Aucun trajet n’est laissé au hasard : les voiliers sont chargés à l’aller et au retour du trajet. Ainsi, lorsqu’ils se rendent à Bordeaux, ils ramènent de la bière anglaise ou du sel de l’île d’Yeu, et reviennent chargés de vin. Le vin est ensuite transporté en Angleterre ou en Scandinavie, ou lors des voyages transatlantiques.

Les produits – issus de l’agriculture biologique – sont ensuite vendus sur le site en ligne de TOWT et dans plusieurs Biocoop. Ils portent le label « transporté à la voile », label que promeut la société TOWT, et chaque produit possède une étiquette personnalisée qui permet de tracer le produit.

Le transport à la voile permet de diminuer l’impact carbone du produit de plus de 90 %, le moteur étant incontournable pour rentrer au port ou livrer les marchandises en magasin.

Il est même possible de s’embarquer en tant que volontaire sur le cargo à voiles Tres Hombres pour participer à une « croisière » écologique et utile. A bord, on participe aux manoeuvres et à la vie de l’équipage.(1)

Vidéo de la brigantine Tres Hombres

Concevoir des éco-cargos à la voile

La société TOWT possède aussi une branche recherche & développement, pour construire de nouveaux cargos à voile et compléter sa flotte de vieux gréements.

Les coûts de transport sont en effet encore relativement importants, et les capacités de stockage sont limitées. Avec l’aide de l’Ademe, TOWT imagine donc un cargo à voiles qui pourrait transporter davantage de produits à un coût réduit.

L’initiative de TOWT donne des idées chez les poids lourds du secteurs, soumis aux aléas du prix du pétrole pour transporter leurs marchandises. La société CMA CGM imagine par exemple un projet de cerf-volant géant qui permettrait de réduire l’utilisation d’énergies fossiles pour transporter ses cargos.

Une autre entreprise souhaite équiper ses cargos de voiles géantes de kitesurf, qui permettrait de diminuer la consommation de fioul de ces bateaux de 30 %. Le projet Vindskip vise également à concevoir une coque qui utiliserait l’énergie éolienne et économiserait 60 % du carburant.

La goutte d’eau que représente TOWT dans l’océan du transport à la voile est certes marginale, mais est pionnière, anticipant un avenir dans lequel les énergies fossiles seront de plus en plus rares et chères.

Références :
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6 commentaires Donnez votre avis
  1. TEMPS DE FETES DOUARNENEZ 2018, il y avait du Bonheur partout: 503 vieux-gréement du patrimoine maritime, 903 bénévoles. L’équipe TOWT présentait ses solutions du transport maritime « triangulaire » à la voile et ses produits « grains de Sail » -> Rhum de Marie-Galante, cafés, Thé des Açores, vins rouge-blanc-rosé & chocolats. TOWT a dévoilé un séduisant projet de cargo à la voile étudié pour la charge avec une trace écologique réduite au vent dans les voiles. Il a urgence de valider des alternatives pour la sauvegarde de notre planète Bleue & les Lobbies du transport maritime au FUEL LOURD vont devoir répondre de la fantastique polution à l’opinion publique: (peut être un jour) une force qui parfois renversera des montagnes… à suivre, à encourager.

  2. Bonjour,

    Deux brevets ont récemment été déposés concernant une voile auto portée et stabilisée horizontalement.

    De cette façon, elle ne peut plus tomber à l’eau et être gouvernée depuis le bateau tracté : http://inventions.a.verna.free.fr/voile_horizontale.htm

    Cordialement

  3. Bonjour
    Je ne crois pas du tout à la filière vieux gréements pour faire du transport maritime : ces bateaux sont beaucoup trop exigeants en équipage et ne supportent pas des charges élevées.
    Je ne savais pas que CMA CGM planchait sur un projet de cerf-volant. Le pionnier dans ce domaine, depuis 8-10 ans, est l’armateur allemand Beluga qui fait naviguer le MS Beluga Skysails, un cargo de 10 000 tonnes, 132m de long portant 470 conteneurs (TEU). Avec un kite (cerf-volant) de 160m2 le bateau économise environ 30% de sa consommation de fuel lourd.
    Un projet de kite de 600m2 est à l’étude, 4 fois la surface ça tire 15 fois plus que le 160m2, ce qui permettrait de l’utiliser sur des bateaux 20 à 30 fois plus lourds, on commencerait à approcher des tailles significatives dépassant les 200 000 tonnes. A suivre…

  4. A quand les rames????????

  5. Merci beaucoup !
    Petite précision : TOWT ne « possède » pas une flotte, mais « affrète ».

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