Recyclage des cartes bancaires : de sacrées plaies écologiques

Les cartes bancaires sont-elles recyclables ? Dans l’absolu oui, mais dans la réalité non ! Zoom sur cette pollution à laquelle on ne pense pas assez et sur les solutions pour recycler votre CB.

Rédigé par Séverine Bascot, le 15 Nov 2018, à 10 h 15 min
Recyclage des cartes bancaires : de sacrées plaies écologiques
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En règle générale, les banques recommandent à leurs clients de découper leur carte arrivée à expiration afin de protéger leurs données. Mais elles ne donnent pas d’autres consignes, si bien que souvent, ces morceaux de plastique partent à la poubelle.

Pourtant, le PVC peut être recyclé à plusieurs reprises : plus de huit fois dans des essais en laboratoire, selon les applications.

Que faire de sa carte bancaire expirée ?

Aujourd’hui, force est de constater que le recyclage généralisé des cartes de crédits n’est pas vraiment envisagé par les grandes compagnies qui les commercialisent (Visa, Mastercard, American Express, CB…). D’une part, elles sont très petites, et à cette échelle, les matériaux (plastique et métaux) qui la composent ne sont pas facilement récupérables pour être valorisés. Mais en plus, elles contiennent des données personnelles qui ne doivent pas, elles, être « recyclées » par quiconque !

Faut-il jeter sa carte bancaire à la poubelle ? © Derek Hatfield

Recycler le plastique des cartes bancaires

Généralement, une carte bancaire est composée de deux couches de polychlorure de vinyle (PVC), un polymère synthétique résistant, polyvalent et bon marché. Elles sont ensuite assemblées par un overlay (film de protection toujours en PVC), après avoir été préalablement imprimées (offset, waterless et/ou sérigraphie) et équipée d’une piste magnétique (bande de plastique fin sur laquelle sont déposés un oxyde ferrique, un liant de fixation et un lubrifiant sec).

Le saviez-vous ?

Aujourd’hui, environ 37 millions de tonnes de PVC sont produites dans le monde, dont 5,5 millions en Europe – ce qui fait du PVC la troisième matière plastique la plus populaire en Europe(1).

Si de prime abord, les cartes en PVC mises en décharge semblent ne pas poser de problèmes à long terme pour la santé humaine ni pour l’environnement, elles s’ajoutent néanmoins à cette accumulation de déchets qui nous entourent, et représente une perte de ressource en matériau, inacceptable dans une perspective de développement durable.

Les cartes jetées à la poubelle peuvent aussi finir incinérées : le PVC contribue d’ailleurs utilement à la production d’électricité en tant que combustible, avec un pouvoir calorifique comparable à celui de la lignite et largement supérieur aux simples ordures ménagères.

Valoriser les métaux rares de la puce d’une carte bancaire

Le module électronique constitue la majeure partie de la valeur ajoutée apportée par le fabricant de cartes bancaires. Les puces contiennent des métaux précieux et récupérables : silicium, argent, palladium, cuivre, or… Le problème : ils se retrouvent en quantités infinitésimales et les procédés de démantèlement puis d’extraction des métaux des composants électroniques, sont coûteux et énergivores, sans compter qu’il faut veiller à la sécurité des données encryptées.

Cartes à puce © Rat Genuimous

Si les consommateurs peuvent penser que le recyclage de leur minuscule carte n’aura pas d’incidence sur le destin de la planète, il n’en reste pas moins que le PVC jeté par hasard dans des décharges peut libérer des dioxines toxiques dans l’air en cas d’incendie comme il s’en produit parfois dans les décharges… Sans parler des métaux, si chèrement extraits, qui pourraient pourtant pour la plupart d’entre eux être réutilisés, parfois à l’infini, et au lieu de ça, rejettent des toxines dans les sols et les eaux souterraines…

Une empreinte écologique – certes minime à l’échelle d’une personne,  mais bien réelle quand on sait qu’un nombre total de plus de 81 millions de cartes de banques qui se retrouvent dans les portefeuilles des seuls Français(2) !

En 2013, le Crédit Agricole, a mis en circulation des cartes en PLA Acide PolyLactique – à base d’amidon de maïs non OGM, dégradable et compostable. La banque a d’autre part mis en place un système de collecte des anciennes cartes pour récupérer (à perte) les métaux contenus dans les puces.

Quelles solutions pour diminuer l’impact environnemental des cartes bancaires ?

Du côté consommateur, même s’il devient très compliqué de ne pas avoir de carte de retrait et/ou de paiement, certains parviennent à « survivre » avec l’argent liquide, les chèques et les transferts… Les systèmes de paiement par téléphone se développent mais ils ont un coût plus important pour l’utilisateur que la carte bancaire. De plus, tout le monde n’est pas (ou ne souhaite pas être) équipé d’un smartphone – appareil qui lui aussi a un impact encore plus considérable pour l’environnement !

Allonger la durée de vie des CB

Du côté des banques, rallonger la durée d’utilisation des cartes pourrait être une solution pour en émettre moins. En effet, la validité d’une carte étant souvent prolongée par prélèvement automatique sur le compte, pourquoi alors la remplacer par une autre identique ?

La solidité des matériaux utilisés permettant un usage sur une dizaine d’années. La détruire au bout de 2 ans est purement et simplement de l’obsolescence programmée. Il suffirait de ne plus inscrire la date de validité sur la carte mais de la gérer électroniquement…

Fabriquer des cartes en matériaux facilement recyclables et organiser la filière

Il est tout à fait possible de remplacer le PVC des cartes bancaires par des matériaux plus faciles à recycler, et de créer une grande filière de récupération et de recyclage des cartes bancaires, mais aussi de toutes les autres cartes qu’elles soient à puce, magnétiques ou pas…

Signez notre pétition : Cartes bancaires : stop au plastique toxique pour la planète !

Le recyclage et la reprise des vieilles cartes par la banque n’est sans doute pas « rentable », mais si le système fonctionne à l’équilibre (sans bénéfices… C’est sûrement là que le bât blesse malgré les bénéfices engrangés par établissements émettant ces cartes) ce serait déjà une belle avancée pour lutter contre la pollution plastique et préserver les ressources naturelles.

Illustration bannière : Femme rangeant ses cartes bancaires – © Africa Studio
Références :
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4 commentaires Donnez votre avis
  1. Attention, se passer du PVC pour les cartes plastiques n’est pas si simple.

    Les technologies actuelles d’impression ont du mal à avoir un rendu des couleurs propre sur d’autre matière que le PVC.
    Pourtant des expérimentations sont faites, sur du PLA (difficile à injecter), du carton (pas de couleur possible hors jet d’encre), ou de l’ABS (raye facilement et couleurs ternes).
    Mais l’industrie de la carte va avoir du mal à se passer du PVC du jour au lendemain.

    Les industriels ont bien proposé des cartes plus fines, de 0.5mm au lieu de 0.76mm, mais les clients n’ont pas accroché. Dommage, c’était un moyen simple de réduire de 30% la quantité de plastique par carte.

    Pour le recyclage, il est extrêmement difficile de séparer les éléments constitutif d’une carte. Une carte uniquement constituée de PVC se recycle facilement. Mais séparer la piste magnétique, l’antenne RFID ou la puce est plus compliqué et onéreux. Pour un volume annuel très faible (en France)… Vous parliez de 81 M de cartes bancaires, ça représente 400 tonnes de PVC si on les recyclait toutes la même année, volume à repartir sur l’ensemble des filières existantes, soit quelques dizaines de tonnes pour chaque. Difficile d’y trouver un intérêt économique.

    Le problème est réelle, mais les solutions pas si simple malheureusement…

  2. Tout le monde s’en fout. C’est ainsi. L’être humain n’est qu’un chimpanzé capable d’utiliser un téléphone.

  3. Bonjour madame Bascot, pourrions nous savoir ce qu’il est advenu de la pétition lancée en 2018, à qui a-t-elle été remise, pour quelles suites ?
    Je m’intéresse au sujet des cartes à puces qui semble stagner depuis quelques années. Pouvez vous me répondre en direct ? merci

  4. Vous parlez de l’impact environnemental de la carte bancaire mais à part le nombre de cartes en circulation (81 millions en France), il n’y a pas de données chiffrées. Vous indiquez « impact minime à l’échelle d’une personne », oui mais quel impact ?
    Il serait intéressant de détailler en précisant la partie plastique et circuit électronique.

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