Le Casa Poblano manque d’ancrage local
En effet, même si les associations du coin ont commencé à s’approprier le lieu, il manque encore des bonnes volontés pour le faire vivre au quotidien.
« Il faudrait une trentaine de personnes pour tenir des permanences, avec un planning de rotation ». C’est beaucoup en demander à la douzaine de bénévoles qui animent le lieu. La plupart ne sont pas du quartier et doivent passer du temps dans les transports pour venir.
Souci, le CASA Poblano n’a pas encore su s’intégrer suffisamment dans le paysage local.
Falko espérait que son projet soit « ancré dans la vie du quartier, que les gens soient hyper contents d’avoir un lieu comme ça en bas de chez eux. Mais même après deux ans d’ouverture, des gens passent devant tous les jours et ne s’arrêtent jamais ».
L’ancrage local ne se décrète pas, il se provoque, progressivement. C’est d’autant plus difficile lorsque la population du quartier est concernée par les migrations pendulaires et a d’autres problèmes à gérer, comme l’explique Damien :
« L’idée est que le CASA-Poblano est un lieu d’ouverture vers un futur en construction. Il faut donc que la population du quartier soit dans l’esprit de vouloir construire cet avenir, et de manière la plus autogérée possible.
Cependant, cette population a d’autres préoccupations actuellement, bien plus urgentes que le moyen/long terme des actions que nous menons en tant que militants. Nous devons donc prendre en compte ces préoccupations (emploi, nourriture, santé,…) pour que, de manière solidaire, une dynamique d’avenir puisse naitre. Cette dynamique doit encore être connue et reconnue avant que les « locaux moins militants » se l’approprie ».
La mayonnaise commence à prendre
Malgré les difficultés, le travail réalisé commence à payer.
En plus des associations qui commencent à affluer, quelques riverains sont tombés amoureux du lieu, comme Habib :
« J’aime le message porté par ce lieu, l’énergie qui s’en dégage. L’idée de l’autogestion, c’est qu’on peut compter les uns sur les autres. Avant d’aller me coucher je passe toujours boire une petite bière. Quand on rentre ici, on n’en sort pas indemne. Je ne peux pas ne pas passer par ici au moins 2/3 fois par semaine ».
Mais il faudrait plus d’Habib dans le quartier pour que le lieu puisse espérer atteindre son objectif. L’erreur originelle de l’expérience Casa Poblano a été le choix du lieu. Et les multiples embûches qu’ont dû surmonter les porteurs de projet sont des éléments qui pourraient alimenter la réflexion de ceux qui voudraient mettre en place un projet similaire.
En attendant, les bénévoles du CASA Poblano continuent à travailler pour surmonter les handicaps et encourager les riverains à se joindre à l’aventure, et ce, dans un paysage économique et social sinistré. Paradoxalement, ces difficultés économiques contribueront peut-être à pousser les Montreuillois vers le CASA Poblano. Damien pense en effet que « le prix en hausse constante des autres lieux (salles municipales, ou encore pire privées) pourrait jouer en faveur du CASA Poblano. Les Montreuillois ont en effet tout intérêt à faire en sorte de pouvoir garder des lieux où l’accès est très peu onéreux ».
L’adresse : 15 rue Lavoisier, 93100 Montreuil, France
CASA Poblano
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Publié avec la collaboration de Damien et son Tour de France des initiatives
(1) Le sens de l’humus, Cheikh Nico, Amelior, les Amis de la Terre, Mitsinjo, Comme Vous Emoi, Montreuil en Transition, les Nouveaux Robinsons…
D’autres expériences terrain :
- Court-Circuit, le café restaurant en prise directe sur Lyon
- Marseille : un quartier redécouvre la vie en collectif
- Le garage où c’est toi qui répare ta voiture
- Terre de liens,
Depuis que le gérant du lieu a scandaleusement éjecté l’association employeur des salariés et animatrice du lieu, créée pour sauver celui-ci, nous, association CASA, tenons à préciser que ce gérant ne peut plus de prévaloir d’un espace autogéré, solidaire et culturel en continuant d’usurper l’identité de notre association. Le beau projet du CASA n’est plus porté par l’actuel lieu et nous nous organisons pour en perpétuer l’esprit dans une nouvelle aventure.
Hélas, la belle aventure s’est lamentablement terminée : notre association (qui, employant jusqu’à 10 salarié-es -et ce n’est pas le gérant qui pouvait le faire- a permis le développement du restaurant, jusqu’à 100 couverts vers la fin), s’est retrouvée tricarde le 1er novembre dernier, sous prétexte de fin de bail et d’impossibilité de racheter le fond de commerce que le gérant voulait lui revendre. L’association CASA, indûment endettée, ses salariés licenciés, se débat dans ses problèmes, quand nous apprenons que le lieu n’a peut-être jamais arrêté de tourner…
Bravo pour ce super projet et tous mes encouragements!
J’aurais une suggestion à faire : dans les Instituts de Formation en Soins Infirmiers (écoles d’infirmiers) un stage de santé publique est planifié. Étant moi-même infirmière, je sais qu’en proposant ce lieu de stage à l’IFSI proche de chez vous, vous pourriez peut-être avoir du soutien pour inclure les habitants du quartier à votre action. Prenez contact avec le directeur des IFSI environnants. Qui ne tente rien n’a rien. Bon courage !
Tous mes encouragements a l’équipe qui essaye d’instaurer d’autres
rapports humains que ceux fondés sur l’argent et le superficiel!
Tenez bon!