Trente ans après la fuite de gaz meurtrière de l’usine de pesticides de Union Carbide située à Bhopal en Inde, la catastrophe continue de faire des victimes. Aujourd’hui, les autorités indiennes et l’américain Dow Chemical, acquéreur de Union Carbide, sont accusés de ne pas assumer leurs responsabilités. Mais quand s’arrêtera la tragédie ?
Bhopal : plusieurs dizaines de milliers de morts
C’est dans la nuit du 2 au 3 décembre 1984 qu’a eu lieu la pire catastrophe industrielle de l’Histoire. A Bhopal, la capitale de l’état du Madhy Pradesh dans le centre de l’Inde, des milliers de personnes ont perdu la vie.
Certains ont bien tenté de fuir en courant mais ils se sont effondrés au bout de quelques mètres. Ils avaient inhalé trop de gaz toxique. D’autres se sont couvert le visage avec un linge humide mais cela n’a pas pu les sauver. Les militaires sur place ont alors eu besoin de plusieurs jours pour ramasser les corps des victimes, ce qui témoigne de l’hécatombe causée par cette catastrophe.
Sans compter les survivants malades
La tragédie a fait 5 295 morts selon les chiffres officiels du gouvernement indien mais, si l’on s’intéresse aux chiffres des associations de défense des victimes, ce nombre est de 25.000. Dans ces décomptes, on ne prend pas en compte les survivants, incapables de travailler à cause de leur souffle court, de leur système nerveux rongé par la maladie ou bien encore à cause du cancer (les estimations sont de 362.540 victimes à des degrés divers).
La réalité de la tragédie de Bhopal, ce sont aussi des enfants qui, jour après jour, naissent avec des malformations et qui ont pour seule perspective une vie courte sans suivi médical et sans aller à l’école. Aujourd’hui, nous fêtons le trentième anniversaire de cette effroyable catastrophe et l’usine d’Union Carbide reste une bombe à retardement.
La nécessité d’une décontamination
La catastrophe de Bhopal, c’est aussi un poison, découvert au début des années 1990 et qui a contaminé les nappes phréatiques dans un rayon de 3,5 kilomètres de l’usine. La cause de la contamination ce sont les déchets rejetés par Union Carbide, autour de l’usine et à même le sol.
Une décision de justice a bien été prise en 2004 mais il a fallu attendre l’été 2014 pour que, après des centaines de cas de cancers et de maladies de la peau, les autorités de Bhopal décident d’apporter l’eau potable aux habitants des zones en question.
Si l’on veut que tout rentre dans l’ordre au plus vite, le site doit être décontaminé. Mais Dow Chemical, qui a racheté Union Carbide en 2001, décline toute responsabilité.
Les victimes accusent l’entreprise de « mort à petit feu » et « d’empoisonnement » et elle leur répond par le biais d’un communiqué : « Nous avons appris de cet événement tragique et nous faisons tout notre possible pour que de tels incidents ne se produisent plus ».
Des moyens toujours insuffisants
Mais l’Inde a-t-elle au moins tiré des enseignements de cette catastrophe ? En 1986, la loi de protection de l’environnement a été votée, en 2010 les premiers tribunaux« verts » on vu le jour. Selon Chandra Bhushan, le directeur du Centre pour la science et l’environnement de Delhi, « la situation s’est améliorée, mais pas suffisamment. Les organismes de contrôle existent, mais ils manquent de moyens humains et financiers pour inspecter toutes les usines« .
Trente ans après la tragédie, il est de plus en plus urgent d’intervenir auprès des populations de Bhopal. La communauté internationale dit prendre très au sérieux cette mission qui est la sienne. Les plus sceptiques diront que si la catastrophe avait eu lieu dans un pays plus développé que l’Inde, l’intervention aurait été plus immédiate.
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