La demande est trop forte, les personnes ayant besoin d’aide trop nombreuses. Pour la première fois de leur histoire, les Restos du coeur vont « refuser du monde à partir de novembre », a reconnu à regret leur délégué général.
Restos du Coeur : 200 000 bénéficiaires de plus en un an
On assiste actuellement à une « intensification de la pauvreté » en France et à une forte augmentation du recours à l’aide alimentaire. Auditionné le 4 octobre par la commission des finances de l’Assemblée Nationale, Jean-Yves Troy a insisté, aux antipodes des discours rassurants de Bercy sur la hausse des salaires supérieure à celle des prix, sur le « côté massif et brutal » de la crise. « Nous ne sommes pas taillés humainement, même si nous avons 70.000 bénévoles réguliers et 30.000 ponctuels, qui sont à bout de souffle. Sur le terrain, c’est de l’abattage et ce n’est pas le rôle des Restos. »
Pour autant, avec 200000 bénéficiaires supplémentaires en l’espace d’un an, les Restos ne pourront pas, cet hiver, venir en aide aux 1,3 million de personnes dans le besoin. Une telle hausse du nombre de demandes pour devenir bénéficiaire est du jamais vu, même lors de la crise économique, en 2008, souligne Jean-Yves Troy. Après le récent appel à l’aide pour parvenir à boucler son budget, c’est un nouveau cri d’alarme que lance l’association : ce sont 150.000 personnes qui risquent de ne pas pouvoir être aidées dans les mois à venir.
Pauvreté, aide alimentaire : auditionnées à l’Assemblée, les associations (@restosducoeur, @SecoursPop, @caritasfrance, @BanquesAlim) alertent sur une « intensification de la pauvreté » et la forte augmentation du recours à l’aide alimentaire. #DirectAN https://t.co/GxK7zCpjct
— LCP (@LCP) October 4, 2023
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Des coûts de fonctionnement en inflation
À la croissance rapide des demandeurs s’ajoutent en effet les coûts croissants des 110 dépôts des Restos du Coeur à travers la France. Un tiers des denrées distribuées sont achetées par les Restos, grâce aux 200 millions d’euros issus des dons. Or, sur ces produits comme sur tous ceux achetés au quotidien par les Français, pèse le poids de l’inflation : quand le prix des pâtes a augmenté de 10 à 15 %, celui des steaks hachés surgelés s’est envolé de +35 %… Des hausses qui font littéralement exploser les coûts de fonctionnement des Restos du Coeur. L’association, qui a servi 140 millions de repas en 2022, s’attend à en servir 170 millions cette année.
Seules solutions pour tenter de faire face autant que faire se pourra, pour les Restos : d’une part réduire dotations et quantité, d’autre part durcir les critères d’accès à l’aide alimentaire, et donc refuser des dossiers. Pour autant, comme l’a expliqué leur délégué général aux députés, « nous ne savons pas si les dons et la générosité vont se poursuivre en décembre. Et quand on regarde nos suivis d’activité et nos statistiques, on ne voit pas de baisse (des bénéficiaires). Donc, même en réduisant les critères d’accès à partir de novembre, nous aurons quand même cet hiver plus de personnes qui vont se présenter aux Restos et qui seront éligibles selon nos critères ».
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