Les champignons seraient responsables de la mort de près de 2 millions de personnes chaque année. Ici il ne s’agit pas de ceux que l’on peut ramasser dans la forêt, mais de ceux que l’on ne voit pas. Et ils ne s’en prennent pas qu’aux hommes : cultures et animaux sont aussi victimes.
Les champignons responsables de la mort de millions de personnes
À l’heure où il est question de se passer de plus en plus des pesticides, notamment du glyphosate, les champignons, eux, ont déjà su s’adapter et, avec le temps, ont réussi à résister aux produits chimiques. Et ils sont puissants. Selon les derniers chiffres du Gaffi (le Fonds global d’action contre les infections fongiques), les champignons seraient même responsables de la mort de 1,6 million de personnes par an.
Ces estimations semblent être en deçà du nombre réel de décès. En effet, les chiffres officiels ne prennent pas en compte les conséquences des attaques fongiques. Ainsi, les deux principales maladies du blé, la septoriose et la rouille noire, engendreraient une baisse de la production mondiale de la céréale de 20 %. Or, cette quantité manquante suffirait à nourrir 60 millions de personnes.
Des champignons dangereux, mais pas ceux que l’on croit
Pour rappel, si l’on connaît la célèbre amanite phalloïde, appelée aussi « calice de la mort » de par sa mauvaise réputation, les champignons microscopiques, eux, sont logés dans le moindre espace que l’on peut toucher et même dans ce que l’on mange. Et pour certains sont beaucoup plus dangereux. En effet, l’amanite n’est responsable que de quelques dizaines de décès en Europe les pires années.
Or, dans une étude, publiée dans la revue Nature, en 2012, sept scientifiques britanniques et américains révélaient une hausse des infections virulentes parmi les plantes et les animaux (1). Selon eux, les cinq principales cultures vivrières étaient menacées. Le riz, assailli dans 85 pays par la pyriculariose, subissait des pertes de 10 % à 35 % des récoltes.
39 % de la population mondiale pourrait voir sa sécurité alimentaire menacée
Et la situation pourrait même être plus grave, selon la scientifique Sarah Gurr, du département des sciences végétales de l’université d’Oxford. La co-auteur de l’étude, évoque aussi le soja, le maïs et la pomme de terre et estime : « Si ces cinq céréales subissaient une épidémie simultanée, c’est 39 % de la population mondiale qui verrait sa sécurité alimentaire menacée ». Mais les cultures ne sont pas les seules en danger.
Les animaux seraient encore plus durement atteints par les champignons. Selon l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN), le Batrachochytrium dendrobatidis menacerait 40 % des espèces d’amphibiens et serait déjà responsable de la disparition de dizaines d’autres. Au final, les chercheurs considèrent que les maladies fongiques ont causé 64 % des extinctions de plantes et 72 % des disparitions animales.