Ce rapport officiel de 477 pages publié vendredi 3 novembre, à quelques jours de la COP23, explique qu’il est « extrêmement probable », c’est-à-dire qu’il y a de 95 à 100 % de chances, que le réchauffement climatique global soit d’origine humaine, précisément sous l’influence du dioxyde de carbone ; ce-dernier étant relâché dans l’atmosphère par la combustion du charbon, du pétrole et du gaz naturel.
« Les choses sont peut-être encore plus graves que nous ne le pensions »
Si l’actuel dirigeant de l’Agence environnementale pour le climat américaine (EPA), Scott Pruitt, nommé par le président Trump, considère encore contre toute évidence, que le dioxyde de carbone n’est pas le premier contributeur du réchauffement atmosphérique, cet important rapport établi par la communauté scientifique n’a pourtant fait l’objet d’aucune objection ni d’aucun commentaire officiel à sa publication.
Ce rapport, appelé Climate Science Special Report, est rédigé par les 13 agences gouvernementales concernées par le climat (transport, sciences, agriculture, défense, NASA, Agence nationale océanique et atmosphérique…) sous la supervision de l’académie nationale des sciences. Il est publié tous les quatre ans, suivant une décision du congrès américain de 1990, afin de réaliser une évaluation nationale sur le climat.
Le document qui vient d’être publié constitue la synthèse la plus complète des études climatiques depuis 2013 et met en évidence un monde qui se réchauffe encore plus que on ne le pensait(1).
« Une grande partie de ce que l’on a appris des quatre dernières années suggère que les choses sont peut-être encore plus graves que nous ne le pensions », dit Robert Kopp qui fait partie des dizaines de scientifiques publics ou privés ayant participé aux études synthétisées dans le récent rapport.
Réchauffement : ça s’accélère depuis 1900
Selon leurs observations, les températures ont augmenté de 0,7°C entre 1986 et 2016 (contre 1°C entre 1901 et 1960), et les océans sont montés de plus de 16 cm depuis 1900. Parallèlement, inondations, vagues de chaleur et feux de forêt sont devenus plus fréquents. Pire, entre 2021 et 2050 le réchauffement devrait s’accroître d’un autre 1,4°C, et une hausse supplémentaire de 20 cm du niveau des océans « n’est pas à exclure » d’ici 2100 !
Les scientifiques ont calculé que la contribution humaine au réchauffement climatique depuis 1950 se situe entre 92 % et 123 %. Des chiffres qui dépassent les 100 % du fait que même les effets de certains phénomènes naturels comme les éruptions volcaniques qui refroidissent la planète, sont dépassés, ou plus que compensés par les effets des gaz à effet de serre.
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Katherine Hayhoe du Texas Tech, coauteure de l’étude, explique que « cette période est la plus chaude de l’histoire de la civilisation moderne« . Elle évoque une douzaine de « points de bascule » qui sont autant de dangers qui menacent le climat d’un emballement. « Ces dangers potentiels m’empêchent de dormir la nuit« , ajoute-t-elle.
Climat : des points de bascule inquiétants
Il y a notamment le ralentissement du gigantesque système de rotation des eaux sous-marines, ou circulation thermohaline, qui régule la température des océans, ce qui pourrait dérégler l’ensemble du climat.
Les phénomènes El Niño de plus en plus forts, l’accélération de la fonte des glaces au Groenland et en Antarctique contribuent à accentuer l’élévation des océans. Et puis une véritable bombe menace : le relâchement massif de dioxyde de carbone et de méthane par la fonte du permafrost, qui va donner un véritable coup de turbo au réchauffement climatique global !
Le rapport américain souligne également comment les différents phénomènes climatiques peuvent se combiner pour créer des conditions complexes qui rendent la vie encore plus compliquée et peuvent aggraver, par exemple, les feux de forêt géants en Californie ou bien un ouragan comme Sandy il y a cinq ans.
Un autre scientifique de l’Université de Californie, qui n’a pas participé à l’étude, Zeke Hausfather en tire une conclusion simple : « cela montre à tout le moins que les diagnostics des scientifiques se sont aggravés » depuis 2013.
Au moment où le président Trump est accusé de faire délibérément obstruction à la recherche sur le climat en bloquant l’utilisation d’une nouvelle technique de mesure de l’épaisseur des glaces des pôles, ce rapport sur l’origine humaine du réchauffement climatique est clairement un signe que son administration elle-même, conteste son climatocepticisme de plus en plus intenable.
Par ailleurs, un typhon vient de faire une trentaine de morts et une vingtaine de disparus au Vietnam, dans une région normalement épargnée par ce genre de tempêtes. Et ce à seulement 500 kilomètres au sud de Danang, où se déroule à partir d’aujourd’hui 6 novembre 2107, le forum de la Coopération économique de la zone Asie-Pacifique (APEC), où vont se réunir entre autres les présidents américain, Donald Trump, russe, Vladimir Poutine et chinois, Xi Jinping…
Illustration bannière : Le réchauffement climatique dû à l’Homme – © ParabolStudio
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