Ils sont entêtants au sens propre : mais pourquoi certains airs ne quittent pas notre cerveau ?
Une chanson qui ne quitte pas votre cerveau
Vous avez sûrement entendu la dernière chanson d’Adèle et, comme souvent avec ses morceaux à succès, impossible de ne pas l’avoir dans la tête pour le reste de la journée. Un phénomène qui peut tout autant être agréable que finir par devenir réellement agaçant. Mais tout cela a en fait une explication scientifique : vous avez un ver dans la tête, selon la formulation anglo-saxonne du phénomène.
En effet, en anglais, on appelle cela un “earworm”, littéralement, un “ver d’oreille”. Heureusement, il ne s’agit là que d’une image et non d’une réalité. Un groupe de scientifiques anglo-canadiens en ont expliqué le mécanisme précis dans une étude publiée en 2015. La dénomination scientifique de ces persistances est INMI (pour INvoluntary Musical Imagery, imagerie musicale involontaire.
Le responsable est d’abord votre cerveau
Inutile d’accuser Adèle ou tout autre chanteur : le responsable est plus votre cerveau que la chanson en soi. En effet, la structure du cerveau joue un rôle sur la fréquence de ces INMI. Pour déterminer cela, les scientifiques ont sondé 44 volontaires âgés de 25 à 70 ans quant à la fréquence et la durée de ces INMI, ainsi que leurs conséquences sur la concentration. À cela s’ajoutait une IRM du cerveau de chacun afin de mesurer tant le volume de matière grise dans la boîte crânienne que l’épaisseur du cortex.
Étape suivante imposée : faire écouter au panel des morceaux particulièrement entêtants, tels que les célèbres thèmes des films de James Bond, tout en leur faisant effectuer telle ou telle tâche. Résultat : plus la tâche était complexe à réaliser, moins les morceaux restaient dans la tête des personnes testées une fois le test achevé. Comme s’ils les avaient aidés à se concentrer pour l’accomplir.
Une question de matière grise
Mais tout dépend pour qui : les chercheurs ont constaté que celles et ceux trouvant que les INMI constituent une bonne façon de se concentrer présentaient une différence de volume de matière grise dans une partie précise du cerveau, le gyrus parahippocamique. Une zone associée aux processus de mémorisation.
Plus encore, selon la structure du cerveau des personnes étudiées, ces INMI seront agréables pour les uns, désagréables pour les autres. La raison précise, selon les chercheurs : les circuits cérébraux utilisés pour la perception, les émotions, la mémoire et les pensées spontanées. Ainsi, les patients détestant les INMI possèdent en fait plus de matière grise que les autres dans le lobe temporal droit. Or il s’agit là de l’une des zones du cerveau liées à l’audition et à la mémorisation au quotidien.
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