« Quand on part en week-end ou en vacances, on débranche un maximum de prises électriques, parce que sinon ça continue à consommer de l’énergie, notamment on débranche son Wi-Fi », rappelait ainsi Olivier Véran le 20 juillet dernier, lors d’une conférence de presse diffusée notamment sur BFMTV. Un bon rappel il est vrai, face à l’inflation galopante, les craintes concernant les pénuries d’énergie, mais avant tout la crise climatique et ses conséquences désastreuses. Dans pareil contexte, chacun est donc appelé à faire un effort ; sauf que… Cette même matinée, la même chaîne de télé a aussi diffusé un reportage concernant une piste de ski en intérieur climatisée. A l’extérieur : 32 degrés. Cherchez l’erreur…
« 32°C dehors, mais sur cette piste de ski en intérieur, la température ne dépasse par les – 5°C »
Car pendant que vous êtes appelés à faire des efforts, certains s’adonnent au ski en plein été au sein du SnowWorld d’Amnéville (Moselle, nord-est de la France). Une piste de ski en intérieur climatisée, peut-être même devrions-nous dire « réfrigérée », puisque pour maintenir une bonne tenue de la neige artificielle, vous vous doutez bien que la climatisation est à son maximum. En effet, la température affichée dans la salle est de – 5°C, alors que le thermomètre surpasse les 30 °C à l’extérieur.
Pourquoi skier dans de pareilles structures en France ? Comme l’explique un entraîneur de ski interviewé par BFMTV : « les conditions sur les glaciers sont très moyennes, il fait chaud, il n’y a pas de neige ». « C’est une chance de pouvoir skier en plein mois de juillet », souligne une autre personne, visiblement ravie d’habiter à proximité d’une telle structure. Une « chance » ? Vraiment ?
Lancée en 2005, cette piste de ski en salle est la plus longue d’Europe. Reprise fin 2021 par le groupe néerlandais SnowWorld, la structure paie très cher pour permettre aux vacanciers désireux de skier en plein été de s’adonner aux joies de la glisse : selon France Bleu Lorraine, la facture d’électricité mensuelle s’élèverait ainsi à 50 000 euros. « Une activité qui n’est pas sans conséquence sur l’environnement. Ce type d’équipement consomme beaucoup d’énergie pour maintenir une température négative », conclut d’ailleurs la journaliste. « Mais surtout, pensez à débrancher votre wifi », ironise sur Twitter le journaliste et militant écologiste Hugo Clément, qui partage ce reportage à peine croyable.
Mais surtout, pensez à débrancher votre wifi. https://t.co/pRgtpAUPQ3
— Hugo Clément (@hugoclement) July 23, 2022
« Il faut faire la chasse au gaspillage », exige Macron tandis que ses ministres ne peuvent se passer de clim’
Autre aberration : tandis que le président de la République appelle à « faire la chasse au gaspillage », une autre séquence n’a pas manqué de déclencher la foudre des internautes. Publiée sur Twitter le 29 juillet, la vidéo montre les voitures des ministres alors réunis en conseil, attendre sous 27°C moteurs allumés pour assurer la bonne climatisation des habitacles. Une séquence d’autant plus surréaliste, que l’exécutif avait déjà demandé de ne plus laisser tourner les moteurs des véhicules des ministres lorsqu’ils sont à l’arrêt.
La vidéo, immortalisée par le journaliste politique Jacques Serais, a là aussi fait vivement réagir sur les réseaux sociaux. Il faut dire qu’il y a à peine quelques jours, Emmanuel Macron invitait tous les Français à « faire des petits gestes » pour économiser l’énergie…
27 degrés☀️En attendant la fin du Conseil, les moteurs des voitures des ministres tournent dans le vide pour assurer la bonne climatisation des habitacles. Il y a 9 jours le gouvernement appelait les français « à des petits gestes » pour économiser de l’énergie. pic.twitter.com/LFqSGvLHKg
— Jacques Serais (@JacquesSerais) July 29, 2022
Face à la sécheresse, n’arrosez pas votre potager, mais remplissez votre piscine…
Du côté des restrictions d’eau prononcées pour tenter de faire face à la sécheresse, là aussi, c’est l’incompréhension. En Haute-Savoie par exemple, tandis que la majeure partie du département est placé en « alerte renforcée » depuis le 18 juillet, certaines décisions illogiques sont prises. Rappelons pour commencer qu’un tel niveau d’alerte constitue le troisième niveau de l’échelle du seuil de sécheresse, qui en compte quatre et dont le dernier n’est autre que la « crise ».
Par rapport au seul niveau « d’alerte », le placement en « alerte renforcée » de la Haute-Savoie nécessite donc, logiquement, plus de restrictions ou d’interdictions pour tenter d’éviter le seuil de « crise ». C’est pourquoi l’arrêté diffusé par la préfecture de Haute-Savoie a de quoi surprendre. En effet, « le remplissage complémentaire des piscines est autorisé de 20 heures à 8 heures », peut-on lire sur l’arrêté, tandis que l’arrosage des potagers est… interdit, quel que soit l’horaire. Mais rassurez-vous, l’arrosage des stades et des golfs est également permis durant le même créneau horaire que celui autorisé pour les piscines… En résumé : se baigner, jouer au golf ou au foot est donc jugé plus important que produire ses propres fruits et légumes. Une échelle des valeurs qui là aussi, n’a pas manqué de faire scandale sur les réseaux sociaux comme auprès de certains élus.
« Alors que certaines familles comptent sur leur petite production pour contribuer à leur alimentation (dans un cadre d’inflation galopante), l’absence d’arrosage risque tout simplement de détruire ces récoltes, qui mêmes modestes, demeurent utiles. Et dans le même temps, on pourrait donc remplir une piscine… », s’indigne ainsi à juste titre Jean-Baptiste Baud, conseiller régional socialiste et conseiller municipal thononais. Rappelons également que la ville de Thonon a choisi, depuis le 23 juillet, de ne plus fournir d’accès à l’eau aux usagers du jardin partagé de la place de Crête, et à ceux des jardins familiaux de la commune…
« Nous sommes stupéfaits que la préfecture ait préféré privilégier les propriétaires de piscines que les jardiniers », s’est aussi indigné Élisabeth Charmot, ex-élue écologiste également Thononaise. Face à la colère de plusieurs élus, dont le sénateur de Haute-Savoie Cyril Pellevat qui a saisi la préfecture, cette dernière a fini dès le 19 juillet par autoriser l’arrosage des potagers de 20h à 8h, mais « en manuel », avec un arrosoir ou bien de l’eau de pluie.
Rappelons qu’en termes de restrictions liées à la sécheresse, l’État délivre des lignes directrices, mais chaque préfecture établit elle-même ses arrêtés. Le 28 juillet dernier, la préfecture de Haute-Savoie a d’ailleurs fait savoir qu’à compter de ce jour, le secteur du Chéran était placé en « crise ». L’arrêté pris stipulait bien qu’il était possible sur ce secteur de procéder à un « arrosage manuel pied à pied de 20h à 8h » pour les potagers, tandis que l’arrosage des stades et golfs et le remplissage des piscines étaient désormais interdits. N’aurait-il pas fallu procéder en amont à ces décisions plus logiques pour tenter d’éviter l’arrivée au dernier seuil de « crise » ?
A lire absolument
Sale coup pour les salaires mensuels à 5 chiffres, Laurent Wauquiez a décidé de donner les subventions européennes accordées pour les zones natura 2000 aux seuls agriculteurs et propriétaires, ça aussi c’est de la chasse au gaspi
A part ça, un loup a tué un enfant et blessé un autre enfant dans le sud de la Russie!
ça arrivera aussi en France