Au niveau des grandes puissances mondiales, la place est libre : les États-Unis, sous la direction de Donald Trump, reviennent en arrière, rapidement et sûrement, sur tous les fronts en matière environnementale.
La semaine dernière, le Président américain nommait un climato-sceptique à la tête de la NASA, pourtant en pointe en matière de recherche sur le réchauffement climatique. Et ce bien sûr après avoir annoncé son retrait de l’Accord de Paris, annulé le plan de développement des énergies renouvelables mis en place par Barack Obama. Ou encore après avoir accordé la semaine passée un permis pour un gisement pétrolier qui relâchera dans l’atmosphère autant que cinq fois les émissions des États-Unis dans leur entièreté en 2016.(1)
La Chine aurait pu rester dans son rôle de canard boiteux de la défense de l’environnement. Centrales au charbon, mines, épuisement des sols, villes et rivières polluées : on connait le déficit d’image du plus grand pays émetteur de gaz à effet de serre au monde depuis 2006. Pourtant, la révolution, environnementale cette fois, sera vraisemblablement chinoise au XXIe siècle.
Écologistes et dirigeants chinois, des alliés improbables
Même les associations environnementales telles que Greenpeace et le WWF félicitent la Chine pour ses progrès. Déjà l’engagement de la Chine de limiter ses émissions avait permis d’aboutir à un accord à Paris et de rallier nombres de pays en voie de développement.
Aujourd’hui, les associations environnementalistes félicitent le régime chinois pour sa gestion du climat… et de Trump. Elles le font en partie parce qu’elles ne peuvent entrer en confrontation directe avec le régime chinois, ce qui n’empêche pas de nombreux groupes écologistes de rester critiques.
Mais elles le font aussi parce que la Chine est prête à agir. Les commentaires récents des défenseurs de l’environnement en Chine et au-delà, montrent qu’ils voient en Xi Jinping, le président chinois, un allié. Shuo Li, de Greenpeace East Asia, déclare à l’agence Bloomberg que la Chine est parvenue à doubler Trump sur le climat en utilisant « une approche douce sans confrontation directe ». Tandis que Lou Leonard du WWF, également cité par Bloomberg, parie que les dirigeants chinois savent qu’« ils vont soit être perçus comme une force proactive et constructive, soit ils vont être considérés comme une grande partie du problème ».
Nicholas Stern quant à lui, l’ancien économiste en chef de la Banque Mondiale qui avait produit un rapport décisif sur le coût du changement climatique, estime que « la Chine a accru son leadership [en matière environnementale]. C’est un fait ».
Les efforts seront-ils suffisants ? Les investissements sont en tout cas là, en matière de mobilité électrique, de batteries, d’énergies renouvelables. Tout est loin d’être vert dans l’Empire du Milieu. Mais en termes de leadership en matière environnementale dans les prochaines années, nous n’avons d’autre choix que de parier sur la Chine.