Commençons par un peu d’histoire pour se rappeler le contexte qui a permis aux grands scandales sanitaires d’exister, alors que les circuits courts se perpétuent eux depuis… les débuts de l’agriculture !
Alimentation et grands scandales sanitaires, une histoire récente
À la fin des années 50, le modèle de production et de consommation change avec l’arrivée de l’agriculture industrielle et des supermarchés. C’est la fin de la famine en Europe, et la possibilité de se procurer tout ce dont on a besoin dans le même lieu est un changement de modèle perçu comme un réel progrès. Peu de personnes remettent en cause ces nouveaux modes d’achats et l’intensification de la production.
Cependant dans les années 80 éclatent les premiers scandales sanitaires et alimentaire, mettant en lumière les manoeuvres visant à toujours plus réduire les coûts de production et la dispersion de la responsabilité des acteurs dans une chaîne qui ne cesse de s’agrandir entre le producteur et l’acheteur.
Panorama des grands scandales sanitaires et alimentaires
Le premier a lieu en 1981, 1.200 personnes meurent du fait d’huile frelatée en Espagne. Puis c’est le scandale de la vache folle en 1996 avec la transmission par voie digestive de la maladie neurodégénérative de Creutzfeldt-Jakob. Pour stopper la contamination l’UE décrète un embargo sur la viande britannique en 1996, levé à l’échelon européen en 1999 puis par la France en 2002. L’OMS a dénombré 224 décès d’octobre 1996 à mars 2011, majoritairement au Royaume-Uni mais l’ampleur exacte de l’épidémie reste inconnue.
En mai 1999, de la dioxine (hautement cancérigène) est découverte en Belgique dans des farines pour la volaille et le bétail, contaminant toute la chaîne alimentaire. D’autres scandales font également des victimes : celui de la bactérie E.coli (Eceh) en Allemagne via des graines germées : 48 personnes meurent. En août 2017, c’est le scandale des oeufs contaminés au Fipronil qui obligent les Pays-Bas a retiré et détruire plusieurs millions d’oeufs de la vente. Le dernier scandale en date est celui du lait contaminé à la salmonelle issu des usines Lacatalis avec plus de 100 nourrissons contaminés de 2005 à 2017.
Enfin en 2013 c’est le scandale de la viande de cheval dans les lasagnes, qui si il ne fait pas de victimes met en avant les circuits des minerais de viande et la spéculation autour de ces morceaux bas de gamme par les « traders » de la viande.
Des changements d’habitudes alimentaires
Ces différents scandales sanitaires vont modifier les habitudes de consommation des Français, tout d’abord avec une diminution progressive de la quantité de viande moyenne par personne et un refus de plus en plus massif des élevages en batterie.
Cette volonté de consommer un produit sain s’associe à une prise de conscience de l’impact environnemental des élevages en batterie et de la production massive de viande.
Les circuit-courts, une réponse pour s’assurer de la qualité des produits
Face à ces différents scandales, les pratiques des consommateurs évoluent. De plus en plus se tournent vers des circuits-courts et des ventes directes à la ferme dans la volonté de connaître les producteurs.
Pour citer un chiffre, selon le CREDOC (Centre de Recherche pour l’Étude et l’observation des conditions de vie) en 2004, 20 % des français souhaitaient acheter ailleurs qu’en grande surface, ce chiffre passe à 37 % en 2007. D’autant que les fruits et légumes issus de l’agriculture biologique semblent, selon l’Association des paniers marseillais, moins chers que dans les réseaux de distribution.
Tandis que du côté des agriculteurs, de plus en plus font le choix de passer vers l’agriculture biologique avec de la vente directe – tout particulièrement chez les néopaysans (des personnes non issues de familles d’agriculteurs), pour ne pas avoir à subir la pression sur les prix imposée par les grandes surfaces.
La vente directe leur permet également d’avoir une reconnaissance de leur métier et de leurs savoirs-faire.
Le passage vers des circuit-courts, une modification du contrat social
Cette part plus importante des circuit-courts, met en avant la reconnaissance et l’acceptation de la modification du contrat social qui primait jusque-là : acheter en quantité au plus bas coût.
Le boom des ventes directes modifie cela en remplaçant la quantité par la qualité avec un prix juste pour le producteur.
Des circuit-courts victimes de leur succès
La question est aujourd’hui de répondre à la demande allant grandissant de produits issus de l’agriculture biologique en circuits courts. La demande dépasse de plus en plus l’offre pour les particuliers.
Mais cette demande va également croissant dans la restauration collective, tout particulièrement dans les cantines, avec une pression des parents d’élèves de se voir garantir des produits et des menus de qualité.
Ce changement de regard sur nos modes de consommation est plein d’avenir pour concilier production alimentaire et protection de l’environnement. Sa réussite passe en partie par la formation des agriculteurs à se tourner vers des modèles agroécologiques, dans des fermes de petites et moyennes tailles, mais aussi par la protection des terres agricoles ainsi qu’une facilité d’accès à celles-ci pour les porteurs de projets.
Bonjour Camille, j’ai lu avec intérêt votre analyse des circuits courts et effectivement c’est le plus sûr en matière de transparence bien que tous les agriculteurs français sont soumis aux mêmes obligations suivant le mode de production ( bio ou agriculture raisonnée) que ce soit en circuit court ou pas. Souvent la presse a fait ses choux gras des pratiques des agriculteurs sans jamais creuser le sujet là où elle n’a pas le droit d’aller. D’une part les agriculteurs n’utilisent que ce qui est autorisé par les Ministères (santé, agriculture). Et ils n’ont pas leur mot à dire sur les augmentations de charges et taxes décidées par Bercy à la demande des différents gouvernement pour couvrir les engagements de dépenses des différents partis passés au pouvoir. Ce qui explique que les agriculteurs se spécialisent pour essayer de gagner leur vie. Et ça ne concerne pas que l’agriculture, sinon on n’aurait pas nos 6 millions de sans-emploi ( 2 million sous Coluche!)