Dans la vie quotidienne, « être au pied du mur”, c’est très concret. Le compte en banque est vide et on ne peut payer les factures. L’heure d’une échéance est arrivée. Un mensonge est découvert et on doit faire amende honorable…
En matière de changements climatiques – le pluriel ajouté conventionnellement depuis peu est significatif – ce n’est pas un mur et un acteur, c’est une multiplicité de conséquences pour des communautés réparties sur la terre entière. Alors on ne voit pas le mur et on passe outre sans changer de direction. Houston sera reconstruite. Les morts en Asie seront enterrés et oubliés. Et pendant ce temps, une zone humide vient d’être détruite près de Bordeaux pour construire un terrain de golf…
Plutôt qu’un mur, un gouvernement mondial pour l’environnement
Le Livre de l’Exode relate que Dieu envoya 10 plaies au peuple d’Israël pour le libérer du joug du pharaon : furoncles bourgeonnant sur les plantes, grenouilles tombant du ciel et grêle dévorant les fruits et les légumes… Les “plaies” d’aujourd’hui ne sont pas fantasmagoriques. Elles sont au contraire bien réelles et plus nombreuses.
La colère des eaux, sous ses multiples formes, affecte le globe dans son entier. Ce sont autant de signaux nous invitant à nous libérer de notre pharaon d’aujourd’hui : les énergies fossiles. Mais nous ne réfléchissons pas comme un seul peuple. Nous ne prenons pas la mesure de l’enjeu à temps. Et nous risquons réellement d’être noyés sous ces murs d’eau qui montent.
Penser global, agir local
Alors, pour nous extraire des énergies fossiles – et non plus les extraire du sol – le passage à une gouvernance mondiale est indispensable. La COP21, fin 2015, a marqué le passage à une prise de conscience globale des gouvernements. Mais l’Accord de Paris ne permet pas de contraindre à l’action au niveau global, en témoigne le retrait officialisé la semaine passé des États-Unis . Il faut remettre l’idée d’un gouvernement mondial pour l’environnement au goût du jour.
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Cette idée est ancienne, elle remonte au milieu du XIXe siècle. H.G. Wells, auteur de L’homme invisible et de La guerre des mondes, imaginait qu’”une nouvelle république dominant le monde” amènerait d’ici l’an 2000 la paix dans le monde pour toujours. L’idée reste pourtant révolutionnaire tant la tentation du repli national, évidente partout, est manifeste. Elle hérisse autant le poil des souverainistes que des libertariens. Les uns réagissent dès que l’on prononce le mot “mondial”, les autres le mot “gouvernement”.
Bien sûr, l‘action doit être locale, l’efficacité de l’action des maires en matière de réduction des gaz à effet de serre le montre. Mais un problème global tel que le réchauffement climatique impose qu’elle soit aussi cohérente au niveau mondial. Conformément à l’adage autrefois à la mode, « think global, act local« , il faut renforcer les pouvoirs des Nations Unies en matière environnementale.
Car l’évidence est là. Le mur est mondial, et ce n’est qu’en dépassant nos incohérences locales que l’on pourra décider ensemble de la seule issue possible : arrêter de toute urgence de brûler les carburants fossiles.