Pourtant, malgré les nombreuses initiatives locales et citoyennes, notre système énergétique reste aujourd’hui très fortement centralisé. Quelques évolutions législatives récentes permettent une plus grande marge de manoeuvre au niveau local ; et elles vont dans le bon sens. Mais elles ne donnent pas les moyens d’une véritable décentralisation énergétique.
En temps d’élection présidentielle, cette question est une thématique souvent évoquée dans les programmes des candidats, avec des termes plus ou moins vagues, et des moyens plus ou moins concrets. Dans sa note rédigée pour La Fabrique Écologique, le groupe de travail présidé par Géraud Guibert, s’est penché sur cette question. Il souligne la nécessité de donner aux régions une vraie compétence en matière d’énergie renouvelable décentralisée (avec les moyens financiers et humains appropriés) et encourage le développement de l’autoproduction.
Décentralisation énergétique : autoconsommation, autoproduction, qu’est-ce que c’est ?
L’autoconsommation est le fait pour un producteur de consommer lui-même une partie, ou l’intégralité, de l’énergie qu’il a produit lui-même, grâce à ses installations. Elle concerne principalement l’énergie photovoltaïque, et peut être individuelle, ou collective comme par exemple à l’échelle d’un quartier. Quoiqu’il en soit, l’autoconsommation ne signifie ni autarcie, ni indépendance de la production. En effet, la connexion au réseau électrique reste nécessaire pour le consommateur, qui n’est ni capable de stocker l’électricité sur le long terme, ni apte à gérer le surplus lorsqu’il produit beaucoup.
En France, plusieurs textes législatifs ont encadré en 2016 l’autoproduction et l’autoconsommation. Il est certain que ce système énergétique décentralisé présente de nombreux avantages : éviter les coûts de maintien des réseaux d’électricité existants, laisser une place aux énergies renouvelables dans le paysage, permettre aux citoyens de réaliser qu’il faut maîtriser sa consommation d’énergie, etc.
Au rang des inconvénients, on notera que l’autoproduction permet la naissance de réseaux de distribution « sauvages », comme cela est le cas, par exemple, en Espagne. Il s’agit donc de veiller à son encadrement.
À l’échelle européenne, la France a un retard à rattraper. Malgré les projets d’énergie d’initiative citoyenne ou à financement participatif qui existent, la part de l’autoproduction d’électricité en 2014 était de 4,2 %, contre 8 % en Allemagne, 13,2 % en Espagne, et 12,9 % au Royaume-Uni. Il y a donc une marge de manoeuvre considérable pour le développement de ce système énergétique. Des appels d’offre « autoconsommation » ont été lancés en 2016, et les résultats sont encourageants. Mais il faut aller plus loin, être plus ambitieux.
Dans ce cadre, La Fabrique Écologique propose deux pistes d’action pour véritablement mettre en oeuvre une décentralisation énergétique :
- Donner aux régions, et par délégation de ces dernières à des collectivités infra-régionales, une vraie compétence en matière d’énergie décentralisée avec une volonté de développer l’intervention citoyenne dans les projets d’énergie renouvelable et leur financement et d’expérimenter un complément régional des tarifs d’achat.
- Doubler la part de l’autoproduction dans la consommation totale d’électricité en France à l’horizon 2022, en passant de 4 % à 8 %. L’objectif est de rattraper le retard que nous avons sur les pays voisins européens, en mettant en place davantage de mesures d’assouplissement, de clarification ou de renforcement.
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Si les circuits courts sont écologiquement désirables, la vertu d’une production « locale » ne peut s’évaluer qu’à l’aune de sa capacité à se déconnecter du réseau et diminuer ainsi les besoins de transport d’énergie.
Or, chacun devrait savoir que c’est exactement l’inverse qu’entraîne cette décentralisation avec un besoin croissant d’augmenter des interconnexions pour les dimensionner sur la capacité de refoulement nécessaire à ces production, si celles ci sont intermittentes, ainsi que c’est clairement décrit dans le rapport Derdevet.
En Allemagne, tout comme en France, l’INTEGRALITE des moyens pilotables doivent impérativement rester disponibles à tout instant pour compenser l’arrêt de la production intermittente qui peut être quasiment total.
Et la biomasse est pilotable et que le solaire thermique peut équilibrer son intermittence grâce au stockage direct sous forme de chaleur, il n’en est pas de même pour l’éolien et le PV qui sont censés équilibrer un réseau électrique.
Il ne faudrait pas mésestimer les surcouts de l’intermittence
Il faut se défier de toute autoproduction autoproclamée qui n’est pas en capacité de couper le cordon ombilical avec le gestionnaire d’un réseau dont elle ne saurait se passer.