Odorat, orientation… La pollution aux métaux lourds, arsenic ou plomb, affectent apparemment les capacités cognitives des abeilles.
Une étude menée dans une zone minière
Les pollutions dues à l’activité humaine sont à la fois innombrables et omniprésentes. Du plus profond au plus haut, jusqu’à l’espace, elles sont tout simplement omniprésentes. Et leurs effets nocifs tout autant. Ainsi, on commence à peine à mesurer les perturbations engendrées par les métaux lourds sur le comportement d’une espèce d’insecte vitale pour notre survie et celle de la biodiversité : les abeilles.
Une équipe de chercheurs du CRCA (Centre de recherches sur la cognition animale) vient ainsi de mener une étude au sein du massif de la montagne Noire. Un secteur choisi pour avoir été au coeur d’une forte activité minière par le passé. En effet, la mine de Salsigne, dans l’Aude, aura été jadis l’une des premières mines d’or d’Europe occidentale, l’exploitation et l’extraction ayant également porté sur l’argent, le fer et le plomb.
Des abeilles qui oublient l’odeur des fleurs
Cette exploitation ne s’est pas faite sans laisser de traces dans la nature, même si cette mine a fermé ses portes au début du siècle : le site demeure encore aujourd’hui, hélas, l’un des plus pollués d’Europe par des métaux lourds, notamment l’arsenic. C’est donc là que les chercheurs, ont décidé d’installer des ruches afin de conforter les résultats d’étude obtenus en laboratoire.
En effet, cette étude montrait déjà l’effet nocif du plomb sur les capacités cognitives et la mémoire des abeilles : nourrir des ruches d’abeilles domestiques au nectar contenant de faibles doses de plomb avait prouvé en soi le fait que les insectes pollinisateurs voyaient leur capacité à mémoriser les odeurs amoindrie. Une défaillance qui, en nuisant à l’approvisionnement de la ruche, peut remettre en cause la survie de toute la colonie…
Des mécanismes encore à comprendre
Des ruches ayant été déposées sur cinq sites dans un rayon de 11 kilomètres autour de la mine et en son centre même, le constat aura été sans appel : les abeilles les plus proches du centre de la mine présentaient des problèmes de mémorisation des odeurs. Sans pouvoir l’expliquer, les chercheurs ont même observé des changements morphologiques sur ces insectes, avec des lobes antennaires, relais clé du traitement des odeurs chez les insectes, atrophiés.
Si l’effet et les mécanismes d’action des néonicotinoïdes sur les insectes sont désormais connus, celui des métaux lourds reste encore à étudier et à comprendre. D’autres tests devraient viser à compter des abeilles exposées à des niveaux variés de métaux lourds de pesticides, voire de radio-contamination, sur le site de Fukushima, au Japon.
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