Compléments alimentaires : des faux amis pour la santé alerte l’Anses

Seules certaines populations présentent de vrais besoins en compléments alimentaires : femmes enceintes, personnes âgées, végétaliens.

Rédigé par , le 26 Mar 2025, à 10 h 10 min
Compléments alimentaires : des faux amis pour la santé alerte l’Anses
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Le 24 mars 2025, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a déclenché une nouvelle alerte sur les compléments alimentaires, soulignant leur danger potentiel pour la santé. Cette mise en garde ne tombe pas du ciel : elle s’appuie sur des années d’observation via un système méconnu mais crucial, la nutrivigilance, et sur une accumulation de cas d’effets secondaires parfois graves. Si ces produits séduisent un Français sur deux, c’est souvent au prix d’une confiance mal placée.

Compléments alimentaires : une industrie florissante mais hors de contrôle

Le marché des compléments alimentaires a explosé : en 2023, il pesait 2,7 milliards d’euros, contre 1,3 milliard d’euros dix ans plus tôt, selon l’Anses. Cette croissance fulgurante s’explique par des promesses santé omniprésentes, dopées par le marketing numérique et les recommandations d’influenceurs. Mais cette expansion s’est opérée dans un cadre flou.

Car, contrairement aux médicaments, les compléments échappent à un encadrement sanitaire strict. Aucune étude d’innocuité n’est requise avant leur commercialisation. « Le niveau de sécurité est beaucoup plus pointu pour le médicament que pour le complément alimentaire », souligne l’Anses. L’agence rappelle que la définition même de ces produits reste vague : concentrés de nutriments, de plantes ou de substances censées être pris « en faible quantité », sans précision chiffrée. Les consommateurs sont dès lors les cobayes d’un marché insuffisamment régulé.

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Danger réel : ce que dit l’Anses sur le risque sanitaire des compléments alimentaires

Le dispositif de nutrivigilance, mis en place par l’Anses en 2009, a déjà recensé plus de 9 000 signalements d’effets indésirables liés à la consommation de compléments. Ces effets varient de troubles digestifs à des complications cardiaques, neurologiques ou hépatiques. Parmi les cas récents : hallucinations, hépatites fulminantes, hypercalcémie chez des nourrissons ou encore interactions dangereuses chez des patients VIH.

Certaines substances sont régulièrement pointées du doigt :

  • Garcinia cambogia : responsable de cas d’hépatites.
  • Mélatonine, pavot de Californie : associés à des épisodes hallucinatoires.
  • Monacoline K (levure de riz rouge) : cause reconnue d’hépatotoxicité.
  • Vitamine D : son surdosage a causé plusieurs cas sévères d’hypercalcémie.

Complément alimentaire : un usage banalisé… et mal compris

Le drame, c’est que ces produits bénéficient d’une image faussement saine, grâce au terme magique : « naturel ». Pourtant, comme le rappelle Irène Margaritis, cheffe d’unité à l’Anses sur FranceInfo : « La consommation des compléments alimentaires est à tort banalisée, c’est le problème ». Résultat : une auto-médication massive, parfois encouragée par des professionnels peu regardants.

Dans les pharmacies, l’intérêt commercial supplante parfois l’intérêt médical. Et sur internet, le pire circule : des compléments frelatés, des produits contaminés par du sildénafil (Viagra), des allégations mensongères sur la fertilité ou l’immunité. En 2017 déjà, la DGCCRF (répression des fraudes) relevait que 76 % des sites étaient non conformes.

Seules certaines populations présentent de vrais besoins en compléments : femmes enceintes, personnes âgées, végétaliens. Pour le reste, une alimentation équilibrée suffit largement. Le piège est d’ignorer que ces substances peuvent interagir avec des traitements, déséquilibrer l’organisme, ou masquer des pathologies sous-jacentes. S’il ne faut pas diaboliser tous les compléments alimentaires, leur usage devrait être strictement encadré et médicalement justifié.

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1 commentaire Donnez votre avis
  1. les autorités disent aussi qu’on manque de vitamine D3…

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