Comment parvenir à désengorger la ville d’Arles tout en respectant l’environnement local de la Camargue et la plaine de Crau ? À l’heure où les systèmes de mobilité à développer pour demain sont au coeur de nombreux débats, le projet de contournement autoroutier A54 est de nouveau relancé, au grand regret des associations de défense de l’environnement.
Un nouveau projet de contournement de la ville d’Arles
Le projet de contournement autoroutier par le sud de la ville d’Arles, baptisé A54, a été relancé fin 2018 par le gouvernement, parmi une liste de grands travaux d’infrastructures à mener à bien malgré la disette budgétaire. Des études ont été lancées afin de le réactualiser. L’enquête publique devrait débuter d’ici 2021 pour un achèvement des travaux d’ici 10 à 15 ans, selon le rapport de l’ancien député socialiste Philippe Duron sur « les mobilités du quotidien ».
En effet, rien de nouveau sous le soleil puisque ce projet date de près d’un quart de siècle et a plusieurs fois été enterré. Au total, ces 26 kilomètres permettraient à 80.000 véhicules, dont 20.000 camions, d’éviter chaque jour d’entrer dans la ville via la RN113 et de désengorger le centre de la ville aux arènes. Et le projet de 2005 avait été abandonné pour des problèmes hydrauliques liés aux risques d’inondation.
Désengorger la ville et protéger l’environnement
« Il fallait concevoir un projet qui soit neutre en cas de crues millénales du Rhône, c’est-à-dire que l’eau puisse s’écouler sous l’ouvrage, et que celui-ci n’implique pas de nouvelles digues. Sur le tracé prévu, il a fallu rajouter 2.000 mètres de viaduc », indique au Monde Eric Legrigeois, directeur adjoint de la direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement de Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Si le nouveau projet est soutenu par les élus locaux, il fait réagir des associations écologistes qui tentent de protéger les équilibres fragiles de cette zone. Situé entre le parc régional de Camargue, la plus vaste zone humide d’Europe, et la plaine de la Crau, steppe de 25.000 hectares, cet espace naturel unique abrite des écosystèmes précieux.
Selon Reporterre, l’autoroute « balafrerait la Camargue et la plaine de Crau, encourageant la construction de hangars logistiques gigantesques »(1).
L’autoroute de la discorde
Le député européen José Bové, notamment, et les associations environnementales plébiscitent plutôt la réduction des flux de camions. Ils comparent ce projet d’autoroute de contournement à un « aspirateur à voitures » au milieu d’une zone protégée.
Sur France Bleu, Michèle Rivasi, députée Européenne EELV estime pour sa part : « L’autoroute, c’est comme des tuyaux : plus vous en faites, plus ça va provoquer le transport routier ».
Pourtant, les habitants de la cité antique, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, étouffent dans les gaz des véhicules qui traversent leur ville au quotidien sur la nationale 113. Et ce, pour de multiples raisons.
La route qui relie Saint-Martin-de-Crau à Arles est l’unique tronçon non autoroutier le plus long de la Méditerranée française. Il faut aussi ajouter un trafic international de camions, estimé à 80.000 véhicules par jour, reliant Marseille-Fos, premier port français de marchandises, à l’Italie et à l’Espagne.
Alors, quelles solutions pour contourner la ville et la désengorger ?