Alors que les initiatives de reboisement se multiplient à travers le monde, une question cruciale se pose : avons-nous suffisamment d’arbres pour répondre à cette demande croissante ?
L’ambition du reboisement mondial
L’idée de planter des arbres pour contrer le réchauffement climatique gagne du terrain. La France envisage de planter un milliard d’arbres d’ici 2030, tandis que le Forum économique mondial ambitionne mille milliards d’arbres à l’échelle mondiale. Pour Isabelle Chuine, chercheuse CNRS au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive, interrogée par Futura Sciences dans le cadre de la COP26 : « le reboisement des cinq prochaines années est crucial ».
Le changement climatique, qui affecte tous les êtres vivants, joue un rôle majeur dans la perte de biodiversité. Nous observons des phénomènes tels que les arbres qui fleurissent plus tôt et perdent leurs feuilles plus tard. Bien que cela ait initialement prolongé la période de croissance, les effets sont maintenant nuisibles. Des gels tardifs au printemps endommagent les arbres fruitiers, les vignes, ainsi que les chênes et les hêtres. De plus, le rythme rapide du changement climatique est trop intense pour la faune et la flore, entraînant le dépérissement de vastes étendues forestières.
Le manque de semis, un problème majeur
En Europe, des régions comme l’Allemagne, le Grand Est en France et la Bourgogne-France-Comté ont vu des milliers d’hectares de forêts, en particulier d’épicéas, disparaître. Les sécheresses successives des dix dernières années ont affaibli les arbres, les rendant plus vulnérables aux maladies et aux ravageurs. Même les espèces méditerranéennes, connues pour leur résilience, montrent des signes de stress. Face à cette crise, des efforts de reboisement sont en cours, mais ils nécessitent des investissements bien plus importants que ceux actuellement alloués. La diversification des espèces plantées et la promotion de la diversité génétique sont essentielles pour renforcer la résilience des forêts face aux défis climatiques à venir.
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Cependant, Jean-François Soussana, vice-président de l’Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (Inrae), met en garde : obtenir suffisamment de plants forestiers est un défi majeur. Les pépinières, en particulier aux États-Unis, peinent à répondre à cette demande croissante. L’étude de l’université du Vermont souligne un autre problème : la tendance des pépinières à choisir des essences commerciales au détriment de celles nécessaires à la conservation et à l’adaptation climatique.
La diversité des arbres : un enjeu crucial
L’épicéa rouge, essentiel pour les écosystèmes, est un exemple frappant. Bien que cette espèce soit vitale, les chercheurs ont constaté une pénurie alarmante de semis disponibles. « L’épicéa rouge est important pour les écosystèmes, mais les semis disponibles sont rares », soulignent les chercheurs de l’université du Vermont dans des propos rapportés par Futura Sciences.
Le stress lié aux changements climatiques, aux ravageurs et au défrichage menace de nombreuses espèces comme l’épicéa rouge. Pour atteindre les objectifs de restauration, des millions de semis seraient nécessaires, bien au-delà des 800 actuellement disponibles. Face à ce défi, il est impératif d’investir dans la production de semis diversifiés. Cependant, dans un monde en mutation, déterminer quelles espèces seront adaptées à quelles régions est complexe. De plus, pour maximiser la réussite de la plantation, les semis devraient être produits localement, car ceux cultivés loin de leur lieu de plantation ont moins de chances de s’épanouir.
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