Alors que le dernier rapport du GIEC au sujet du réchauffement climatique est plus que jamais alarmant, 6 à 14 nouveaux réacteurs atomiques devraient être construits en France. Une relance du nucléaire que l’association Agir pour l’environnement juge « inutile coûteuse et dangereuse ». Afin de faire pression sur les politiques, ce collectif oeuvrant pour « une planète vivable » propose aux citoyens d’éteindre toutes leurs lumières et appareils électroménagers ce dimanche 24 avril 2022, de 19h55 à 20h.
Des réacteurs nucléaires dont le coût est estimé à 51,7 milliards d’euros
Ce dimanche 24 avril, les Français connaîtront le nom du 9e président de la 5e République. Pour sa part, l’association de mobilisation citoyenne Agir pour l’environnement ne se fait aucun espoir. « Au lendemain de cette élection, aucune illusion n’est permise (…) l’heureux élu mettra en oeuvre ce qu’il a annoncé, à savoir la construction de 6 à 14 nouveaux réacteurs atomiques », déplore le collectif sur son site Internet.
La France s’achemine donc vers une relance du nucléaire, « malgré le fiasco de l’EPR de Flamanville qui cumule retards et surcoûts », souligne Agir pour l’environnement. En effet, le 10 février dernier, Emmanuel Macron s’insérait alors dans la campagne présidentielle en annonçant sa volonté de faire construire six nouveaux réacteurs nucléaires ERP en France, d’ici 2050. Le chef de l’État disait également envisager d’en lancer huit autres supplémentaires. Coût du chantier : 51,7 milliards d’euros, d’après un rapport gouvernemental rendu public le 18 février dernier.
À cela pourraient s’ajouter 4,6 milliards d’euros de coût de financement supplémentaire en cas de mise en oeuvre plus difficile que prévu, le programme de construction n’étant alors pas encore finalisé, « le chiffrage (…) comme son calendrier ne peuvent être totalement stabilisé », peut-on lire dans le rapport de Matignon publié sur le site du ministère de la Transition écologique. Un rapport dans lequel le sujet des déchets produits par les futurs réacteurs de type EPR2 est également évoqué. Ces derniers seraient « similaires à ceux déjà produits par le fonctionnement du parc actuel », peut-on ainsi lire. Toujours selon ce même rapport, les déchets les plus radioactifs pourraient également être accueillis au sein du site de stockage géologique profond Cigéo, en chantier dans la Meuse. Matignon soulignant également les possibles ajustements et/ou renforcements des ouvrages souterrains et de la maintenance du site, en fonction des observations et de sa durée d’exploitation.
Emmanuel Macron a annoncé en février dernier la construction d’au moins 6 nouveaux réacteurs nucléaires – © Shutterstock.
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Parallèlement à la volonté de relance du nucléaire en France, Emmanuel Macron qui fustigeait « l’impasse des stratégies uniques », annonçait également début février la construction d’une cinquantaine de parcs éoliens en mer, d’ici 2050.
Alors qu’il y a quelques années, le chef de l’État affichait son ambition de réduire la part du nucléaire dans l’approvisionnement de la France en énergie, le contexte actuel semble avoir changé la donne. Guerre en Ukraine, hausse importante des prix de l’énergie, préoccupations autour du pouvoir d’achat, mais aussi… alertes répétées du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Des scientifiques qui dans leurs travaux soulignent la lenteur du développement des projets nucléaires, alors même que l’humanité n’a plus que 3 ans pour tenter de limiter la hausse des températures à 1,5 degré au maximum. En effet, entre « 10 et 19 ans » s’écoule généralement entre l’annonce de la construction de nouveaux réacteurs nucléaires et leur mise en service effective. Un délai bien trop long pour les experts du GIEC, qui pointent également du doigt les coûts du nucléaire en hausse.
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Dimanche 24 avril 2022, éteignez tout durant 5 minutes
Pour le GIEC, les bénéfices théoriques de l’énergie nucléaire dans la lutte contre le réchauffement climatique sont en premier lieu trop lents, mais également trop coûteux et comportent d’importants risques. Dans la dernière salve de leurs travaux, ces experts préconisent ainsi d’aller vers une électricité verte issue en grande majorité de « sources zéro ou bas-carbone », lesquelles désignent à l’heure actuelle l’éolien, l’hydraulique et le solaire.
Une position partagée par l’association Agir pour l’environnement, qui souligne que « les EPR annoncés ne produiraient leurs premiers kWh qu’en 2040. Trop tard ! Beaucoup trop tard ! » « Face à notre dépendance aux hydrocarbures russes et au chaos climatique annoncé », l’association appelle au soutien d’une politique de sobriété énergétique basée sur le développement des énergies renouvelables.
Pour interpeller les politiques et sensibiliser les citoyens, Agir pour l’environnement lance donc une « action de sobriété collective » ce dimanche 24 avril 2022, jour des résultats de l’élection présidentielle. Son message est explicite : « quel que soit le résultat des urnes, on lâche rien ! » L’association appelle ainsi chacun à éteindre ce soir-là toutes les lumières et appareils ménagers, durant 5 min, de 19h55 à 20h. Des citoyens qui sont invités à signifier leur opposition à la relance du nucléaire en cessant donc toute consommation électrique, mais également en se déclarant comme participant sur le site internet d’Agir pour l’environnement.
