Les termes de l’accord auquel les chefs d’État, ministres et autres négociateurs sont parvenus changera à peine quelque chose
COP26 : déception concernant les énergies fossiles, principalement le charbon
La dernière édition de la grand-messe onusienne du climat vient de se clôturer à Glasgow. Les progrès accomplis ont été somme toute symboliques, globalement parlant il n’y en a eu que deux. Le premier est la reconnaissance du rôle des énergies fossiles dans le changement climatique et son inscription dans le Pacte de Glasgow. C’est la première fois qu’une COP fait référence dans son accord final, signé par l’ensemble des pays, à l’exploration et l’exploitation d’énergies fossiles en tant que facteur accélérant le réchauffement climatique. Le second progrès est la finalisation du « Paris rulebook, » ce document majeur qui énumère d’une manière très détaillée les actions à accomplir par chacun des États afin que les objectifs fixés par l’Accord de Paris sur le climat de 2015 puissent être mis en oeuvre.
COP26 : plus de lobbyistes des énergies fossiles présents que de pays menacés par les dérèglements
Pour le reste, la COP26 a eu de quoi décevoir. Les gouvernements se sont mis d’accord sur la fin du subventionnement « inefficace » des énergies fossiles. En d’autres mots, leur subventionnement peut continuer dès lors que les gouvernements le jugent « efficace ». Idem pour le charbon : alors qu’une sortie progressive du charbon (« phase out » en anglais) était sur la table, sous la pression de l’Inde, de l’Australie, de la Russie et de l’Arabie saoudite la formulation a finalement été modifiée pour évoquer l’objectif de tout simplement réduire le recours au charbon (« phase down »).
Déforestation : un accord très peu ambitieux et très peu concret
Malgré le fait qu’il ait été signé par 141 pays (couvrant 90,9 % des forêts du monde), l’accord sur la déforestation, dévoilé dans les premiers jours de la COP26, se borne à énoncer des principes très généraux. Les États signataires s’engagent à « conserver les forêts et autres écosystèmes terrestres et accélérer leur restauration, » « dans les domaines du commerce et du développement, mettre en place des politiques publiques qui n’accéléreraient pas la déforestation et la dégradation des sols » et « accroître considérablement le financement et l’investissement afin de permettre une agriculture durable, une gestion durable des forêts, ainsi que leur conservation et restauration ». Le Brésil, pays qui suscite sans doute les plus grandes inquiétudes en matière de déforestation, a pour sa part avancé la mise en oeuvre de son objectif de 2030 à 2028, tout en le laissant intact : « atteindre zéro coupes illégales »… les abattages pour lesquels des permis ont été obtenus pouvant là aussi continuer au-delà de 2028.
S’agissant des dommages pouvant être reversés par les pays les plus pollueurs aux pays ayant le plus souffert du réchauffement climatique, aucune avancée n’a eu lieu. En plus, les dons aux petits pays insulaires, qui étaient sur la table lors de la COP21 mais qui, au fil des négociations, s’étaient transformés en crédits, le sont restés : aucun des pays prêteurs n’a accepté de les transformer en dons. (Mis à part le fait que les sommes initialement prévues pour être versées avant fin 2020 ne l’ont toujours pas été, elles devraient l’être d’ici fin 2023.) Enfin, le marché international du carbone, mis en place à l’issue de la COP21, reste en place : les différents pays peuvent continuer à émettre du CO2 tant qu’ils « compensent » leurs émissions en achetant aux pays opérant une transition énergétique des « crédits pollution ». Seule avancée concernant les gaz à effet de serre : 80 pays, dont l’Union européenne et les États-Unis, se sont engagés à réduire leurs émissions de méthane de 30 % d’ici 2030 par rapport à 2020.
Illustration bannière : COP26 : un bilan décevant – © Karwai Tang / UK Government
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