Cette tension souligne les défis de la diplomatie climatique mondiale, où les intérêts économiques et environnementaux se heurtent. L’Union européenne et l’ONU appellent à une action urgente, tandis que l’OPEP défend ses intérêts pétroliers.
Pour l’OPEP, la fin des combustibles fossiles aura « des conséquences irréversibles »
Les pays exportateurs de pétrole sont-ils sur le point de saboter la COP28, le sommet climatique onusien ? Les pays membres de l’OPEP, menés par l’Arabie saoudite, ont clairement exprimé leur opposition à toute proposition visant à réduire la dépendance mondiale aux énergies fossiles. Le secrétaire général de l’OPEP, Haitham Al Ghais, a envoyé une lettre urgente aux pays membres, les incitant à rejeter tout accord ciblant les combustibles fossiles. Avec cette lettre, il avertit les chefs d’État avec la plus grande urgence que « la pression contre les combustibles fossiles pourrait atteindre un point de basculement avec des conséquences irréversibles ». L’OPEP exhorte les États pétroliers à « rejeter de manière proactive tout texte ou formule visant l’énergie, c’est-à-dire les combustibles fossiles, plutôt que les émissions ».
La France et l’Espagne, entre autres, ont exprimé leur indignation face à cette attitude. La ministre française de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, a qualifié la position de l’OPEP de « répugnante », soulignant que les énergies fossiles sont responsables de plus de 75 % des émissions de CO2. De même, Teresa Ribera, son homologue espagnole, a critiqué l’opposition de l’OPEP, affirmant que l’UE s’alignerait avec d’autres pays pour obtenir un résultat significatif sur la sortie des énergies fossiles.
En réaction au courrier qui a fuité de l’OPEP, la science nous enseigne que 75 % des émissions de CO2 sont liées aux énergies fossiles. Le dérèglement climatique tue. Les pays les plus vulnérables sont les premières victimes. Nous devons agir. pic.twitter.com/Vb8XuyhFGg
— Agnès Pannier-Runacher 🇫🇷🇪🇺 (@AgnesRunacher) December 9, 2023
L’Union européenne et l’ONU dénoncent l’initiative « déplacée » de l’OPEP
Face à cette impasse, l’Union européenne, par la voix de son commissaire au climat, Wopke Hoekstra, a vivement critiqué l’OPEP pour son intervention jugée « déplacée » et « non constructive ». Il a souligné l’importance de ne pas se limiter aux intérêts nationaux ou financiers étroits, mais de faire ce qui est juste pour l’avenir du monde. Il a également averti que l’échec de la COP28 à produire un accord limiterait les chances de maintenir le réchauffement climatique en dessous de 1,5 degré C˚.
De son côté, le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exhorté les pays à faire preuve de flexibilité et à se concentrer sur l’élimination des combustibles fossiles. Il a reconnu que tous les pays ne pourraient pas abandonner les énergies fossiles au même rythme, mais a insisté sur la nécessité d’une phase-out globale compatible avec l’objectif de zéro émission nette d’ici 2050. Guterres a également souligné que la sécurité de 8 milliards de personnes était en jeu, appelant à une ambition maximale dans les négociations.
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