Et si le sang d’un ver marin donnait de l’air aux malades du Covid-19 à l’hôpital et permettait de décharger un tant soit peu les services de réanimation ?
Quarante fois plus oxygénante que l’hémoglobine humaine
Avez-vous entendu parler de l’arénicole ? Ce banal ver marin breton est en fait connu depuis plusieurs années pour les particularités de son hémoglobine, capable de transporter plus d’oxygène que le sang humain(1). Utilisés jusque-là pour la préservation des greffons, afin qu’ils restent viables plus longtemps dans l’attente du receveur(2), ils pourraient bien venir aider les victimes de l’épidémie hospitalisées.
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Le Covid-19 s’attaquant en effet aux zones respiratoires, inoculer aux patients le sang de ce ver avant intubation pourrait leur permettre d’avoir plus d’oxygène dans le sang, de façon à éviter une éventuelle asphyxie. De quoi remplacer les respirateurs ? Cette hémoglobine est quarante fois plus oxygénante que l’hémoglobine humaine.
Hemarina, créée en 2007 et basée à Morlaix, a mis au point une molécule qui est un transporteur universel d’oxygène issu des vers marins. « Cette molécule, M101, a le potentiel d’être un bon candidat pour traiter le syndrome de détresse respiratoire qui est responsable de la mort par le Covid-19 », explique l’entreprise de biotechnologie bretonne dans un communiqué.
HEMARINA from Khent Design on Vimeo.
Une piste simple à mettre en oeuvre
L’entreprise de biotechnologie bretonne a annoncé être prête à mettre à disposition des autorités sanitaires sa plate-forme technologique et les 5.000 doses de produits déjà existants pour lutter contre les syndromes les plus graves du Covid-19. Elle a la capacité d’en produire rapidement environ 30.000.
« Cette molécule pourrait sauver des vies dès à présent à l’heure où les services de réanimation vont être dramatiquement surchargés », explique la société. Cette technologie, affirme-t-elle, est validée par des dizaines d’articles scientifiques. Elle est déjà testée pour l’oxygénation des greffons avec un succès ainsi que sur des oxygénations du cerveau. Des essais ont été faits et sont positifs en Chine.
« Il y a urgence à débloquer les autorisations administratives. Nous avons des produits qui sont cliniquement testés, il faut pouvoir avancer et répondre aux demandes des médecins hospitaliers, » explique le Dr Franck Zal, fondateur d’Hemarina.
Selon lui, de nombreux praticiens hospitaliers sont demandeurs d’utiliser cette molécule de manière urgente, l’une des plus en pointe étant le Pr Laurent Lantieri, chef du service de chirurgie reconstructrice à l’Hôpital Européen Georges-Pompidou. Celui-ci a appelé publiquement le Ministère à tester ce produit au plus vite afin de faire face au pic prévisible de l’épidémie. Utiliser cette molécule dotée d’une forte capacité oxygénante permettrait de soulager les services de réanimation où le nombre de respirateurs est le principal goulot d’étranglement.
Autre avantage : ce traitement simple à mettre en oeuvre ne surcharge pas les équipes médicales.
Illustration bannière : Un ver marin pour pallier le manque de respirateurs – © siam.pukkato
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