Le conseil départemental de Corrèze a imposé depuis septembre l’élagage des arbres le long des routes, mais la pression est telle que les propriétaires forestiers abattent leurs arbres.
Une demande d’élagage devenue un massacre à la tronçonneuse
En Corrèze, une simple demande d’élagage s’est transformée sur le terrain en un abattage massif d’arbres. Pour rappel, début septembre, Pascal Coste, président LR du conseil départemental, a envoyé un courrier à 28.000 Corréziens, propriétaires de terrains longeant les routes départementales, leur ordonnant de procéder à l’élagage de leurs arbres situés en bordure de chaussée.
Les enjeux, expliquait Pascal Coste : faciliter l’entretien des bords de route et permettre le déploiement aérien de la fibre. Les propriétaires avaient jusqu’à fin février pour s’exécuter. En cas de refus, la collectivité avait ordre de procéder, après mise en demeure, à « l’exécution d’office des travaux nécessaires », entièrement à leurs frais.
Les propriétaires d’arbres longeant les routes départementales se sont alors retrouvés face à un dilemme : élaguer peut représenter un budget conséquent pour certains, d’autres craignent les mises en demeure et des factures élevées si les travaux sont réalisés par le conseil départemental. Alors beaucoup ont préféré prendre une décision radicale et abattre leurs arbres, même centenaires et parfois aussi sur des sites classés. « C’est à pleurer ! », confie à France 3 une habitante de Soudeille qui ne veut pas se résoudre à élaguer(1). Mais elle avoue que la pression du département est trop forte.
Face à la pression et aux accusations, le président du conseil départemental revoit sa copie
Et nombreux sont les mécontents. Les défenseurs de l’environnement contestent la base juridique qui obligerait les propriétaires à élaguer. Pour les professionnels, ces élagages n’ont pas été étudiés, ni concertés. « Il n’y a aucun arboriste qui a travaillé en amont du projet, pour un projet de telle ampleur. C’est un petit peu comme si vous vouliez construire un immeuble et que vous n’appeliez pas un architecte », explique sur Franceinfo Benoit Gillie du collectif des Arboristes grimpeurs de Corrèze. Au total, 25.000 Corréziens ont signé une pétition pour s’opposer à ces coupes.
Ces abattages provoquent aussi la disparition de corridors écologiques : certaines espèces protégées (comme les chouettes chevêche ou de Tengmalm, par exemple) nichent dans les vieux arbres à cavité et la destruction de leur habitat est interdit !
Face à ces diverses accusations et à la pression, Pascal Coste a souhaité lâcher du lest. Dans une lettre envoyée aux associations ce jeudi 5 avril, le département indique ainsi faire évoluer la méthode « en passant d’un programme contraint (sur les délais et les procédures) à un contrat de confiance et d’engagement avec les propriétaires pour atteindre l’objectif d’élagage dans les trois années à venir » avec cinq mesures énoncées par la collectivité. En résumé, plus de procédure d’exécution d’office des travaux en 2018. Au final, les propriétaires ont jusqu’à 2021 pour les effectuer. Et ils sont invités à évoquer « les éventuels points de blocage ».
Illustration bannière : L’abattage des arbres en Corrèze – Capture d’écran Youtube
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