Suite à une décision de la Cour d’Appel de Paris qui s’est tenue le lundi 1er juin, la corrida ne fait plus partie du patrimoine culturel immatériel de la France, grâce notamment à la ténacité d’associations de protection animale contre la tauromachie.
La corrida : une inscription réalisée dans l’opacité la plus totale
En France, l’article 521-1 sanctionne les « actes de cruauté envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité ». Mais cette interdiction ne s’applique pas « aux courses de taureaux lorsqu’une tradition locale ininterrompue peut être invoquée ». C’est donc par leur caractère « traditionnel » que les corridas se maintiennent dans l’Hexagone.
Le patrimoine culturel immatériel comprend les traditions ou les expressions vivantes héritées de nos ancêtres et transmises à nos descendants. C’est un facteur important du maintien de la diversité culturelle face à la mondialisation croissante. C’est une transmission du savoir a une valeur sociale et économique pertinente pour les groupes minoritaires comme pour les groupes majoritaires à l’intérieur de l’Etat. En somme, le patrimoine culturel immatériel est traditionnel, contemporain, vivant et fondé sur les communautés.
Dans le sud de la France, la corrida est prospère et génère même des flux financiers importants. En effet, une heure et demie de prestation des meilleurs toreros est facturée jusqu’à 100.000 euros, hors droits télévisuels. Les taureaux de combat se vendent quant à eux entre 9.000 et 18.000 euros. Des chiffres qui nous font imaginer l’ampleur des volumes financiers en jeu. La tauromachie constitue aussi un fort attrait touristique. Le maire de Nîmes déclare ainsi rassembler jusqu’à un million de touristes lors des ferias qui attirent un public de plus en plus jeune.
Cela faisait quatre ans que la pratique de la corrida faisait partie du patrimoine culturel immatériel de la France, une inscription réalisée par une commission du Ministère de la Culture dans l’opacité la plus totale. En 2013, Frédéric Mitterrand publiait un livre de mémoires intitulé La récréation, dans lequel il révélait les conditions dans lesquelles s’est faite cette inscription, alors qu’il était le ministre en charge de ce portefeuille.
La corrida officiellement retirée de notre patrimoine
Saisie dès l’automne 2011 par la Fondation Franz Weber et l’ONG française Robin des Bois, puis par le CRAC (Comité Radicalement Anti-Corrida) et l’association Droits des Animaux, la justice vient de constater que la décision d’inscription de la corrida à l’inventaire doit être considérée comme abrogée. L’audience en appel avait eu lieu le 18 mai 2015. Le rapporteur public avait demandé l’annulation de l’inscription de la corrida au patrimoine culturel immatériel de la France. Il s’appuyait pour cela sur la disparition de cette inscription sur le site officiel du ministère de la Culture.
Cet argument a été entendu par le tribunal, qui a conclu le 1er juin 2015 à un non lieu à statuer : « La décision d’inscription de la corrida à l’inventaire du patrimoine culturel immatériel de la France doit être regardée comme ayant été abrogée ». Du fait de la disparition de cette inscription sur le site du ministère en mai 2011, la plainte du CRAC Europe et de DDA s’éteint d’elle-même. La tauromachie est officiellement retirée de notre patrimoine.
Une nouvelle réjouissante pour tous les défenseurs des animaux, néanmoins, la corrida reste malgré tout légale en France, grâce à un alinéa de l’article 521-1 du code pénal. Une dérogation qui permet la pratique tauromachique dans onze départements en France.
Bien que le code pénal punisse sévèrement les actes de cruauté envers les animaux, la corrida est autorisée lorsque le principe de « tradition locale ininterrompue » est invoqué. Mais cette annulation reste une atteinte sévère à son prestige et un revers pour ses promoteurs et sponsors.
Hum… Frédéric Mitterrand cherche, dans ses mémoires, à obtenir l’absolution ? … Mince alors, il ne regardait pas ce qu’il signait ?
Enfin… on voit bien quelles manœuvres la taureaumafia n’hésite pas à utiliser !
Quand aux « promoteurs et sponsors », il convient de mentionner qu’une partie des « supports financiers » provient de l’argent public, donc des NOS impôts !!!
Puisque c’est une « exception » dite « culturelle » (cruelle et rétrograde serait plus juste !), je suggère qu’elle soit subventionnée uniquement par les 11 départements concernés ! Logique non ?