La couleuvre verte et jaune (Hierophis viridiflavus) n’est pas qu’un serpent de jardin, on la retrouve sur les deux tiers de notre territoire dans des habitats variés, ce qui constitue d’ailleurs une particularité de l’espèce. C’est donc une belle représentante de notre biodiversité ordinaire…
Généralités sur la couleuvre verte et jaune
Talus, ruines, voies de chemin de fer, plaines cultivées, enrochements, zones humides ou encore forêts de feuillus sont autant d’endroits où vous aurez peut-être la chance d’observer cette couleuvre qui peut mesurer jusqu’à 1,5 m.
La couleuvre verte et jaune peut parfois ressembler à une simple couleuvre verte… Ou alors à une couleuvre jaune… Et même une couleuvre noire et jaune !
La coloration de son corps est en effet relativement variable en fonction des individus et des lieux, d’où son nom qui ratisse un peu large.
Sortant de son repos hivernal seulement vers mai, cette espèce se reproduit dès son réveil et pond de 5 à 15 oeufs en juillet sous de grosses pierres de préférence enterrées. Après 6 à 8 semaines d’incubation, ce sont de jeunes couleuvres vertes et jaunes de 20 à 25 cm qui écloront pour aller conquérir le monde.
Les adultes se nourrissent principalement de rongeurs, ajoutant occasionnellement et par opportunisme des oiseaux à leur menu. Les jeunes, plus petits, privilégieront les insectes ainsi que quelques lézards.
Particularités de la couleuvre verte et jaune
La couleuvre verte et jaune n’a rien à voir avec la vipère aspic qui, elle, est dangereuse de par son venin. En effet, la couleuvre verte et jaune ne possède aucun organe capable de produire un quelconque venin pour chasser ou pour se défendre.
Elle est cependant assez batailleuse et ne se laissera pas facilement attraper que ce soit par vous ou par un autre animal qui voudrait la mettre à son menu (pour tout dire, dans un cas comme dans l’autre, on réagirait de la même façon !).
Comme tous les animaux, cette couleuvre évolue dans les milieux où elle va trouver le plus facilement de la nourriture. Les souris et autres rongeurs, qui sont donc ses proies de prédilection, étant plus nombreux aux abords de nos habitations, il est logique de trouver des couleuvres venant les y chasser.
Pas de panique donc, elle ne peut rien vous faire à par vous débarrasser des importuns grignoteurs.
Statut de protection de l’espèce
L’espèce est globalement considérée en « préoccupation mineure » notamment par l’Union Internationale de la Conservation de la Nature (UICN).
Elle est cependant protégée au niveau européen par la convention de Bernes (Annexe II – protection stricte) et par la Directive habitats (Annexe IV) ainsi que, nationalement, par l’Arrêté du 8 janvier 2021 : Interdiction sur tout le territoire national et en tout temps de détruire ou d’enlever les oeufs ou les nids, de détruire, de mutiler, de capturer ou d’enlever, de naturaliser et qu’ils soient vivants ou morts, de transporter, de colporter, d’utiliser et de commercialiser cette espèce. Vous voilà prévenus.
Les menaces qui planent sur la couleuvre verte et jaune
Destruction directe
De nombreuses personnes ne connaissant pas du tout l’espèce et en ayant irrationnellement peur, la détruisent quand elle approche de leurs habitations.
Plus courant que cette destruction volontaire, les animaux domestiques tels que les chiens et les chats s’attaquent, dès qu’il en croisent une, à la couleuvre verte et jaune. Le phénomène pourrait largement être contenu notamment et surtout en obligeant les propriétaires à garder leurs chiens en laisse.
Collisions routières
Il n’est pas rare de voir des couleuvres écrasées sur la route, c’est d’ailleurs souvent comme ça que l’on apprend qu’il y en a dans les parages. La problématique est la même pour d’autres espèces comme le crapaud calamite, mais dans une moindre mesure car les déplacements ne sont pas massifs chez la couleuvre.
Disparition de son milieu
Construction d’infrastructures routières, aménagements paysagers ou encore étalement urbain sont autant de raison qui nous voient grignoter du terrain sur la nature. La couleuvre est particulièrement concernée par ce phénomène.
Comment aider la couleuvre verte et jaune ?
La peur d’un animal qui n’a pas besoin d’être craint est quelque chose de si irrationnelle qu’elle s’ancre profondément dans l’imaginaire collectif. Concernant la couleuvre verte et jaune il s’agit de rendre au serpent ce qui appartient au serpent et d’intégrer une bonne fois pour toute que cet animal est inoffensif pour lui faire gagner en sympathie.
Pour permettre au monde scientifique et technique de mieux prendre en considération la couleuvre verte et jaune il faut également toujours plus d’informations sur l’espèce.
Vous pouvez donc apporter vos données d’observations sur le site de la Société Herpétologique de France (SHF).
Agir pour la biodiversité tout autour de soi, de Jean-François Noblet
Jean-François Noblet, écologue passionné, qui résume dans ce guide pratique tout ce qui peut être fait concrètement, chacun à notre échelle, pour protéger et restaurer la nature dans tous les domaines de notre vie quotidienne.