L’agriculture biologique a le vent en poupe et les candidats en maraîchage bio sont de plus en plus nombreux en France. Depuis 2007, le nombre de maraîchers bio a quasiment doublé. Cependant, ce chiffre cache également une autre réalité : la difficulté pour certains de se dégager des revenus suffisants. Un tiers des maraîchers bio ont un revenu équivalent à 354 euros par mois, avec comme conséquence finale une part importante de maraîchers qui cesse leur activité.
Du coworking agricole pour soutenir les jeunes agriculteurs
Cette déconvenue est avant tout due à une mauvaise connaissance des contraintes qui pèsent sur ce métier : charges financières, étude des débouchés, quantité de travail importante avec pour certain, un manque de formation pratique et théorique avant l’installation.
Le coworking agricole, qu’est-ce que c’est ?
Pour répondre à cet enjeu, plusieurs projets de coworking agricole ont vu le jour en France. Avec comme but : permettre à des personnes qui souhaitent s’installer de tester leur projet avant de se lancer en toute autonomie.
Le principe général est le suivant : une surface agricole est divisée entre plusieurs porteurs de projets. Ceux-ci peuvent alors mettre en place les méthodes de culture et les circuits de vente qu’ils envisagent. Ils peuvent aussi se familiariser avec l’administration associée au monde agricole et à la vente. Enfin, cela permet aux jeunes agriculteurs de limiter l’investissement dans les premières années tout en commençant à expérimenter leur projet et à se créer un réseau de clients.
L’exemple de La ferme de la Glutamine
Elle est située à l’est de Bordeaux en Gironde. Ce projet est né du constat du fondateur Charles Oksenhendler : tous les futurs maraîchers n’ont pas la chance de posséder des terres agricoles héritées de leur famille. Ainsi, l’accès au foncier agricole est l’une des premières difficultés pour les jeunes agriculteurs. Charles Oksenhendler décide alors de partager en espace de coworking agricole les 7 hectares qu’il possède afin d’accueillir différents porteurs de projet. Pendant 36 mois, ils peuvent accéder à un espace de 4000 m² et tester le modèle agricole qu’ils imaginent.
L’investissement est alors de 30 000 euros pour accéder à une tiny-house (petite maison), un terrain et un espace de stockage. Il est encore trop tôt pour savoir si les agriculteurs ont pu tirer profit de cette expérience, les premiers n’étant arrivés que cette année. Cependant, il est certain que la ferme de la Glutamine a fait naître une communauté autour de ce projet, au-delà des maraîchers présents. Des bénévoles se sont notamment associés à l’aventure pour aider à la construction des maisons des résidents et au fonctionnement de l’association.
Un lieu de coworking à Belberaud avec le collectif le 100e singe
Cette espace de coworking situé près de Toulouse a comme volonté de mêler coworking classique avec des bureaux partagés et coworking agricole sur 7 hectares pour là encore permettre à des porteurs de projets agricoles de s’essayer avant le grand saut. En plus de ces deux espaces de coworking, une micro-ferme en permaculture et une table d’hôtes zéro déchet sont présentes sur le site. L’idée de ce double espace de coworking a germé dans la tête d’Amandine Largeaud qui a fondé le collectif le 100e singe afin de faire le lien entre monde agricole et monde de l’entreprise, sachant qu’un grand nombre de reconversions professionnelles se fait vers le milieu agricole.
Ces projets offrent une nouvelle perspective avec une possibilité de mutualisation et d’échanges permanents entre porteurs de projets. Espérons que ces différentes initiatives permettent aux futurs agriculteurs et tout particulièrement aux futurs maraîchers de pouvoir s’installer plus durablement afin d’accélérer le changement nécessaire de notre modèle agricole.