La Commission européenne continue de nous surprendre. Après avoir renouvelé pour cinq ans la licence du glyphosate, voilà qu’elle vient d’autoriser pour deux ans supplémentaires, l’utilisation de la créosote, un biocide hautement toxique.
Le créosote : un produit aussi toxique que le glyphosate
On se souvient des débats récents autour du glyphosate. Mais s’il est bien une substance dont on n’a jamais entendu parler, c’est la créosote. Ce produit, classé en tant que substance cancérogène, répond pourtant aux critères d’identification des « substances persistantes, bioaccumulables et toxiques » et des « substances très persistantes et très bioaccumulables », selon les normes européennes.
Ce poison donc, utilisé pour traiter le bois contre les insectes, vient, en toute discrétion, d’être autorisé pour deux nouvelles années au sein de l’Union européenne.
Les utilisations de la créosote
On utilise ce produit notamment sur les poteaux électriques et traverses de chemin de fer. Selon le le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) qui dépend de l’OMS (Organisation mondiale de la Santé), il s’agit d’un « agent probablement cancérogène pour l’homme », comme le glyphosate. Alors pourquoi n’en avons-nous jamais entendu parler ?
Les poteaux et traverses imprégnées de créosote ne sont pas biodégradables et sont même classés « Déchets dangereux » ; ils ne peuvent ni être brûlés à l’air libre ni éliminés dans les déchetteries.
De plus, les substances toxiques contenues dans le bois traité à la créosote se diffusent dans le sol.
Des employés en danger
Vous avez certainement déjà vu ce produit sur les poteaux électriques sur les routes de campagne. Il s’agit d’une distillation d’huiles extraites de charbon ou de goudrons de houille bruts. Selon une étude réalisée en 2010, par l’International Agency for Research on Cancer (IARC), de nombreux cas de « cancer de la peau, y compris du scrotum, ont été signalés chez les travailleurs exposés au travail à la créosote ».
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En avril dernier, les employés qui travaillaient au contact de ces poteaux électriques ont reçu de belles combinaisons intégrales. C’est bien qu’il existe un risque. « Les équipes d’intervention ont souvent les yeux rouges et des éruptions cutanées au contact des poteaux en bois », a dénoncé Didier Audouard, un technicien en ligne haute tension à Réseau de Transport d’Électricité (RTE), au Figaro.
Vers une nouvelle crise sanitaire de grande ampleur ?
Depuis une dizaine d’année, l’association Robin des bois se bat pour interdire cette substance. Selon elle, ce ne sont pas uniquement les personnes en contact direct avec la créosote qui sont en danger. Ces déchets dangereux et cancérogènes pourraient en effet s’introduire dans les maisons et les jardins publics. Le fait est que les études sur le sujet sont très rares et que l’on ne peut pas avoir de chiffres sur les dégâts de cette substance à grande échelle.
En France, sur les 280.000 pylônes du réseau RTE, 6.000 sont des poteaux en bois créosotés et 80 % d’entre eux sont installés en Auvergne et dans le Forez. Le Comité d’hygiène et de sécurité du réseau de transport d’électricité d’Auvergne a demandé une expertise à RTE, qui l’a refusée. Des analyses toxicologiques ont cependant révélé des taux élevés de produits toxiques dans le sang et les urines des salariés.
Des cas de cancers probables
Et ce n’est pas tout : ces trois dernières années, quatre techniciens de l’entreprise sont décédés de cancers foudroyants. La créosote pourrait-elle être à l’origine d’un nouveau scandale sanitaire ? C’est bien possible quand on sait aussi que de nombreux particuliers ont pu se procurer traverses et poteaux traités pour construire des équipements chez eux : bacs à sable, bancs, linteaux…
Si c’est aussi dangereux que le glyphosate, puisque le glyphosate est la substance la moins dangereuse utilisée en agriculture, ça devrait aller.