Crise climatique : les assureurs, créateurs de problèmes plus que de solutions

Alors que les catastrophes naturelles se multiplient, les assureurs peinent à réagir à la hauteur des enjeux. Soutenant l’expansion des énergies fossiles, ils exacerbent les risques climatiques, rendant de plus en plus de régions inassurables et fragilisant des millions de communautés, dénonce le collectif Insure Our Future.

Rédigé par Anton Kunin, le 19 Dec 2024, à 10 h 00 min
Crise climatique : les assureurs, créateurs de problèmes plus que de solutions
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Malgré des pertes colossales attribuées au dérèglement climatique, peu d’assureurs agissent pour aligner leurs politiques sur les objectifs de 1,5 °C. Dans un rapport sur le sujet, Insure Our Future exige un arrêt immédiat du soutien aux projets fossiles et une transition rapide vers les énergies renouvelables.

L’assurance, un secteur pris dans le cycle du risque climatique

Le secteur de l’assurance, pourtant en première ligne face aux catastrophes naturelles, continue d’alimenter les problèmes qu’il doit pourtant gérer. Selon le rapport du collectif Insure Our Future, plus d’un tiers des pertes assurées liées à des phénomènes météorologiques depuis 20 ans, soit environ 600 milliards de dollars, sont directement imputables au changement climatique. En 2022, ces pertes « climatiques » ont représenté 52 milliards de dollars, un chiffre en constante augmentation. Paradoxalement, les assureurs maintiennent leur soutien à l’expansion des énergies fossiles, engrangeant des primes presque équivalentes aux pertes qu’ils doivent couvrir. Ce déséquilibre compromet leur viabilité économique tout en aggravant les coûts pour les assurés.

En France, entre 1.000 et 2.000 communes ont vu leurs contrats d’assurance résiliés ou leurs primes augmenter drastiquement début 2024. Cette crise illustre une tendance mondiale : face à des risques croissants, de nombreuses régions deviennent inassurables. Le rôle d’alerte des assureurs se transforme en alibi pour des hausses de tarifs, tandis que leur soutien aux énergies fossiles continue d’amplifier ces dangers.

Si en 2024, certains assureurs ont réhaussé leurs engagements, ce n’est pas le cas des (ré)assureurs français : AXA et SCOR restent au point mort et perdent chacun une place au classement général, désormais respectivement à la 6e et 11e place. En cause notamment, l’absence de mesures sur l’assurance des nouveaux terminaux d’exportation de GNL, malgré leur impact sur le climat (6), et des politiques toujours lacunaires sur le pétrole et le gaz (7).
 

Agir pour une transition juste et immédiate

Face à ce constat alarmant, des appels à des réformes urgentes se multiplient. Insure Our Future exhorte les régulateurs à imposer aux assureurs des mesures concrètes : arrêter d’assurer de nouveaux projets fossiles et aligner leurs portefeuilles d’investissement sur les objectifs climatiques. Des initiatives comme celle de Generali, qui a pris des mesures ambitieuses en excluant les nouveaux terminaux de gaz naturel liquéfié, montrent que le changement est possible. Mais ces engagements restent isolés et insuffisants face à l’ampleur de la crise.

L’avenir de l’assurance repose sur sa capacité à devenir un moteur de la transition énergétique. En redirigeant leurs investissements vers les énergies renouvelables et en soutenant une transition juste, les assureurs peuvent inverser la tendance. Mais cette transformation nécessite une réglementation stricte pour garantir des actions rapides et coordonnées. Sans cela, non seulement l’industrie risque de s’effondrer, mais des millions de vies resteront sans protection face aux impacts climatiques croissants. Le temps presse, et les choix faits aujourd’hui détermineront si l’avenir sera, ou non, assuré.

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Journaliste de formation, Anton écrit des articles sur le changement climatique, la pollution, les énergies, les transports, ainsi que sur les animaux et la...

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