En raison de la pandémie, les grands événements et les rassemblements sont interdits quasiment partout en France depuis plus d’un an. Cela inclut aussi bien les salons comme par exemple VeggieWorld consacré au mode de vie végane, que les manifestations et actions de sensibilisation à la cause animale, à l’instar de la Veggie Pride, la marche pour la fermeture des abattoirs et autres.
Quelles aides pour les associations de protection animale déjà touchées par la crise ?
Plus de 1.100 associations de protection animale et de refuges sont répertoriés en France selon le Journal de la Protection Animale. Alors que ces organisations se consacrent à aider les êtres vivants « sans voix », ce sont elles qui souffrent, surtout dans cette crise, et qui doivent non seulement essayer de trouver d’autres moyens de communiquer sur leurs activités et leurs actions au quotidien, mais aussi de recruter de nouveaux membres ou de chercher des familles d’adoption.
Aucune aide de l’État n’est disponible pour ces associations. Pourtant, des aides ont bien été distribuées aux entreprises gérant des animaux tels que les zoos, les animaleries, ou les cirques avec animaux : une injustice par excellence.
« Les éleveurs chez qui nous avons recueilli des cabris ont été soulagés de trouver une
solution pour s’en débarrasser »
Fanny Knochel, présidente de l’association Liberty dans le Rhône, a observé un effet important sur les élevages. « L’année dernière, du fait du Covid, les ramassages des chevreaux et des chevrettes pour les centres d’engraissement ont été suspendus. Un grand nombre d’éleveurs de chèvres se sont retrouvés avec tous les cabris sur les bras et ont dû trouver des solutions. Beaucoup les donnaient sur Le Bon Coin (de très nombreux animaux qui s’y trouvent finissent mangés). Les éleveurs chez qui nous avons recueilli des cabris ont été soulagés de trouver une solution pour s’en débarrasser ».
Se ‘débarrasser’ d’animaux pendant la crise sanitaire © Refuge liberty
Les animaux, un divertissement temporaire
Pour cette association, qui accueille notamment des poules et d’autres animaux, principalement issus d’élevages, il était extrêmement compliqué de trouver des familles sérieuses pendant la crise. De nombreuses personnes voyaient en eux un amusement temporaire pour elles ou leurs enfants le temps du confinement.
Les demandes d’adoption de poules ont également augmenté, surtout pour l’utilisation de leurs oeufs – une contradiction pour cette jeune association éthique qui défend le mode de vie végane : « Nous ne sommes pas des fournisseurs de machines à oeufs. Nous ne proposons plus de poules à l’adoption. Comme l’a montré cet engouement temporaire, les adoptants veulent presque systématiquement avoir des poules dans leur jardin pour leurs oeufs. Or ce n’est pas ce que l’on souhaite pour nos petits protégés ».
En ce qui concerne les abandons des autres animaux durant le confinement, tels que les chiens ou chats, ils n’ont pas forcément été plus nombreux, mais il y a eu moins d’adoptions. Plusieurs raisons à cela : pas de journées d’adoption, pas de rencontres, moins de familles d’accueil disponibles…
Au printemps dernier, pendant le premier confirment, ainsi qu’en ce moment, c’est la pleine période de reproduction des chats, et donc la multiplication des chatons.
Ces bébés animaux si mignons ont été vus comme un divertissement pour beaucoup de personnes qui les ont trouvé dans leur jardin. Mais après le premier confinement, beaucoup de refuges ont été submergés.
Les associations perdent de leur visibilité
Malgré la forte demande, l’association se trouve donc dans une situation difficile, comme beaucoup d’autres structures de protection animale, qui opèrent souvent sur le terrain.
Alexandra Blanc, présidente de l’association Vegan Impact, témoigne : « Le Covid a ralenti les actions (puisque personne ne pouvait sortir et que nous ne pouvions pas en organiser), du coup nous avons perdu en visibilité et nous avons eu très peu de soutien… On a dû essayer tant bien que mal d’être plus actifs sur les réseaux sociaux, mais ce n’est pas pareil ».
Moins d’action, moins de visibilité et moins de soutien © vegan Impact
Cette association s’est alliée avec le Domaine des Douages, le plus grand sanctuaire français pour animaux de ferme où vivent plus de 850 animaux rescapés des élevages, des abattoirs et de maltraitance animale à la maison. Les sanctuaires, les refuges et les autres structures n’ont profité en aucun cas de l’aide de l’État pendant la crise. Pourtant les coûts restent les mêmes : il faut acheter de la nourriture pour les animaux, payer les soins vétérinaires, le tout, avec des restrictions qui limitent les activités ou les visites permettant de récolter des dons.
L’association AidAnimaux33 à Bordeaux, a pour but de sauver un maximum de chats ou de chiens errants, et les aide à trouver une famille d’accueil puis une famille pour la vie.
Sa directrice, Laetitia Coornaert, organise habituellement de nombreuses journées d’adoption et des journées portes ouvertes, mais pas en période de confinement : « Avec la situation sanitaire, nous n’avons pas pu organiser comme c’est le cas normalement des journées d’adoption pendant lesquelles nous présentons plusieurs chats à l’adoption dans un même lieu (en général des magasins partenaires tels que Villaverde, JMT, Patoon…). Ces rencontres permettent régulièrement l’adoption de plusieurs de nos protégés en une seule après-midi. La fermeture des magasins lors du premier confinement et ensuite les mesures de restrictions mises en place à la réouverture ne nous ont pas permis de reprendre ces journées ».
Cette rencontre entre familles et animaux n’est plus possible depuis déjà un an, de ce fait, le nombre d’adoptions est en forte baisse par rapport aux autres années.
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Une situation compliquée pour les refuges
Une famille d’accueil pour animaux, c’est une solution provisoire, avant que l’animal soit adopté par sa famille finale. C’est l’occasion d’offrir à un animal des conditions d’accueil bien plus agréables que le refuge, au sein d’une famille, avec tous les avantages que cela entraîne : de la nourriture, de l’amour, des câlins, des promenades (pour les chiens).
L’association prend en charge les frais de vétérinaire.
Une autre problématique liée à la situation est également le fait que de nombreuses familles d’accueil sont parties dans leurs familles ou leur résidence secondaire pour la durée du confinement ou ont préféré ne pas recevoir d’adoptants potentiels par mesure de précaution. De ce fait, les capacités d’accueil ont été réduites pour de nombreux refuges.
L’association AidAnimaux33 témoigne : « Nous comprenons parfaitement et respectons pleinement nos familles d’accueil. Nous n’avons à aucun moment interdit les visites et chaque famille était libre de recevoir des visiteurs ou non en respectant bien entendu les gestes barrières. Le couvre-feu à 18h/19h complique également la mise en place de visites en réduisant les possibilités sur les plannings respectifs des familles d’accueil et adoptants. Il faut ainsi jongler avec les emplois du temps de chacun et il faut parfois attendre quinze jours avant que la visite soit possible ».
Des happy endings pour quelques-uns malgré tout
La période du confinement a été très frustrante, et est encore très frustrante pour beaucoup d’associations. La baisse d’activités a laissé de nombreux animaux dans la détresse.
Miou, le rescapé ! © AidAnimaux33
Cependant, l’association AidAnimaux33 a tout de même pu sauver Miou, un jeune chat gravement accidenté (traumatisme crânien, paralysie faciale, fracture du bassin) trouvé par une âme bienveillante en plein milieu d’une route. Il a pu être opéré et adopté après une longue convalescence et malgré son statut fiv (Feline Immunodeficience Virus communément appelé Sida du chat – En l’absence de vaccin et de traitement, ces chats trouvent rarement une famille d’accueil même si cette maladie n’est pas dangereuse pour les humains. Le seul inconvénient est qu’il est impossible de laisser sortir l’animal pour éviter qu’il contamine d’autres chats).
La directrice Laetita Coornaert raconte : « Nous avons également pu sortir deux chats programmés pour euthanasie dans une autre associations. Ils ont depuis trouvé une famille. Ce ne sont que quelques exemples de ces petites victoires qui nous encouragent à continuer ».
