Chaque seconde sont consommées 1.447 serviettes hygiéniques dans le monde. Celles-ci représentent donc une masse de produits et une pollution induite considérable, mais aussi un service dont peu de femmes peuvent se passer, sinon à nuire à leur vie sociale et professionnelle. Ce produit de consommation courante devenu essentiel n’est toutefois pas accessible également à toutes les bourses, notamment dans les pays en voie de développement. C’est de ce constat qu’est né le projet Beauty Waps de Marie Aichagui, une société qui fabrique des serviettes hygiéniques réutilisables.
Nous avons rencontrée Marie pour parler du projet qui lui tient le plus à coeur actuellement, et que nous vous appelons à soutenir : l’opération de crowdfunding « Beauty Waps for Girls’ Education », destinée à aider les filles kenyanes à aller à l’école pendant leurs règles en fournissant des serviettes hygiéniques réutilisables fabriquées sur place.
Les serviettes hygiéniques réutilisables : toutes les qualités du développement durable
consoGlobe.com – D’où vous est venue l’idée ?
Marie Aichagui – J’ai toujours été passionnée par les questions environnementales depuis l’adolescence. Après un détour par l’industrie, ce qui m’a donné l’idée des serviettes hygiéniques réutilisables, c’est la quantité des déchets qu’elles génèrent en France. J’étais choquée par ça, la vitesse à laquelle se remplissait mes poubelles. J’ai découvert une couturière en Suède qui fabriquait depuis quelques années des serviettes hygiéniques réutilisables. J’ai trouvé ça très bien, pratique, confortable, et j’ai commencé à réfléchir à comment en faire une activité professionnelle.
consoGlobe.com – Et comment en êtes-vous venue à les distribuer au Kenya ?
MA – J’ai été à la même époque sollicitée par le directeur de l’école que j’avais rencontré au Kenya un an auparavant. Il avait mené quelques projets de développement, il m’a demandé de l’aider. Il faisait une sorte de crowdsourcing pour récupérer des serviettes hygiéniques par-ci par-là pour les jeunes filles. Il faut savoir que 80 % d’entre elles sont orphelines à cause du sida, elles sont à la base de la pyramide sociale, elles n’ont même pas de quoi s’acheter à manger. Donc, vous imaginez, elles ont encore moins pour les protections périodiques.
Quand le directeur de l’école m’a expliqué son besoin récurrent à trouver des donateurs de serviettes hygiéniques, je lui ai proposé de faire une expérimentation pour voir s’il ne serait pas mieux de miser sur des protections réutilisables, et il a tout de suite vuque cela pourrait permettre à ses écolières d’être approvisionnées en protections périodiques sur le long-terme au lieu de devoir galérer tous les mois à récolter de l’argent pour ses étudiantes.
Moi, j’ai aussi vu l’effet environnemental de notre action. Il faut connaître les conditions dans lesquelles ces femmes vivent, dans des bidonvilles bâtis sur des poubelles. Les femmes et les hommes qui y vivent disent que les protections périodiques utilisées sont un vrai problème de déchets, elles traînent partout. Parce qu’il n’y a pas de ramassage, les serviettes jetables s’accumulent dehors notamment dans la rivière où les gens se lavent, c’est vraiment gênant.
Vous aussi soutenez l’opération de crowdfunding Beauty Waps for Girls’ Education. Marie souhaite récolter 10.000 euros, en trois jours elle a déjà récolté 1.300 euros.
Aidez-la à remplir son objectif !
consoGlobe.com – Quels sont les impacts sur le terrain ?
MA – J’ai lancé mon projet pilote en mai 2014 en leur donnant quelques centaines de serviettes réutilisables. Les retours spontanés ont été très positifs. Ce qui les touchait, c’était l’aspect esthétique. C’est essentiel, car cela permet de montrer ses serviettes, d’en parler, de briser la glace, ce qui est fondamental pour briser le tabou lié aux règles. J’étais vraiment contente quand les filles ont souri en les voyant. Et puis la directrice adjointe, qui est très impliquée dans le projet, a constaté que l’absentéisme a diminué parmi les filles.
Selon Dixon, le directeur de l’école, et Racheal, assistante sociale, les filles pouvaient disparaître de classe pendant les examens ou les cours, le plus souvent à cause des règles, car sans protection périodique, elles rentrent chez elles, chacune entre 2 et 3 jours par mois. Conséquence : au bout de quelques mois elles sont déscolarisées, car elles ont raté trop de cours, et elles se marient précocement. Certaines se prostituent même pour acheter des serviettes périodiques.
consoGlobe.com – Pourquoi avez-vous lancé cette opération de crowdfunding ?
MA – Donc avec suffisamment de waps, les serviettes réutilisables, il n’y aura plus de prostitution du fait du manque de protection, les écolières pourront aller à l’école dans les mêmes conditions que les garçons, tous les jours du mois, et ne prendront pas de risques pour leur santé. En effet, ce qui se passe dans ces milieux, c’est que les filles font improviser des serviettes avec du papier toilettes, du journal, de la mousse de matelas, avec tout ce qu’elles ont sous la main. Mais ce n’est pas approprié, parce qu’elles utilisent des matières qui peuvent être toxiques au contact des muqueuses, ou déclencher des infections, des maladies, sans pour autant empêcher les fuites. Donc elles ne sont pas à l’aise en cours, n’osent pas se lever pour poser une question, et donc deviennent inactives.
On a réussi à fournir 500 serviettes réutilisables aux écolières de cette école, ça suffit pour les 100 écolières de l’année passée. Pour ça le directeur a mis en place un système de « waps sharing » : il en donne aux écolières qui passent leur examen, les autres les prennent pendant leurs règles et les rendent nettoyées après leurs règles. J’ai vérifié avec une chercheuse : il n’y a aucun risque de contamination avec le VIH, une fois que le virus est hors du corps, il ne survit pas, en plus bien sûr les filles les rendent lavées.
Avec le crowdfunding, on va pouvoir mettre en place une production locale, et plusieurs centaines de jeunes femmes pourront bénéficier des waps. Elles bénéficieront aussi d’une éducation sexuelle. Les jeunes filles plus âgées seront formées pour coudre les waps, pour qu’elles y trouvent une source de revenu.
consoGlobe.com – Quel écho les serviettes rencontrent-elles en Europe ?
MA – Beaucoup de femmes qui utilisent la coupe menstruelle utilisent aussi des serviettes, pour éviter des déchets, mais certaines choisissent aussi d’utiliser la wap comme complément. Il faut savoir que la wap est plus absorbante que les serviettes jetables. Et elles sont pratiques.
Les BeautyWaps – fiche technique
Matière : 80 % coton (les couches en contact avec la peau) et 20 % de polaire (la couche contre les sous-vêtements). Cela laisse la peau respirer.
Quantité nécessaire : cela dépend des saignements individuels puisque chaque femme est unique. Pour un flux moyen, Marie recommande une dizaine de waps de différentes tailles : petites pour le premier et le dernier jour, grandes pour quand le flux est intense, moyen quand il est un peu moindre.
Les waps suffisent-elles comme protection ? Oui et elles absorbent même mieux que les serviettes jetables ! C’est pour cela que Marie développe une gamme plus fine pour les femmes qui préfèrent les changer plus souvent afin d’avoir des protections plus fines qu’elles sentent moins.
Et en voyage ? Il suffit d’en prévoir dans sa valise, exactement comme pour les sous-vêtements. Si vous en avez 10 ou 15, cela suffit pour tout le cycle, et vous les ramènerez avec vous pour les laver une fois rentrée à la maison.
Plus d’infos sur beauty-waps.org.
Comment pouvez-vous dans une meme newsletter metre un lien sur cette initiative et un autre pour gagner un an de couche Pampers?!
C’est un non sens pour un site comme le vôtre qui prone la consummation durable, la reduction des déchets et la preservation de l’environnement.
Inacceptable »
Bonjour Carine, c’est regrettable, mais c’est le résultat d’une publicité qui se sera insérée automatiquement dans la newsletter. Nous n’avons pas le contrôle, et même si nous regrettons de devoir recourir à la publicité pour assurer nos activités, c’est hélas impératif. Merci de votre compréhension !
penser à les mettre à tremper dés que possible, toute la période du cycle si on ne veut/peut pas les laver au fur et à mesure, et si en plus c’est possible, avec du bicarbonate de soude. Du coup on utilise moins d’eau pour les laver.
Celles qui n’ont pas connu les protection jetables dans leur jeunesse, se rappellent de la corvée de lavage des serviettes hygiéniques qui ressemblaient un peu aux couches de bébé… Enfin à celles d’avant les « pampers » ! Ces inventions facilitent la vie certes mais créent beaucoup de déchets qui s’ils sont mal gérés finissent par polluer la nature. Et que dire des quantités d’eau qu’il fallait pour les laver, je crois que là aussi il y a un problème! Je suis sceptique sur le plan du bilan écologique.
Je comprends votre point de vue concernant la quantité d’eau utilisée pour laver les serviettes. Mais quand on cherche bien on trouve des solutions à (pratiquement) tout. Pourquoi ne pas récupérer l’eau de la douche le temps que celle-ci chauffe (il y a bien 4 ou 5 litres d’eau qui sont perdus en général) ? Cette eau propre peut servir à nettoyer ses serviettes par exemple !