Tous les ans, plusieurs milliers de visons s’échappent des fermes danoises. Cette année, le problème a pris une toute autre importance car des milliers de visons d’élevage sont malades du Covid-19.
Covid-19 : le risque de transmission à d’autres espèces animales existe
L’abattage des visons d’élevage, entrepris dans de nombreux pays européens, dont le Danemark, après que des centaines de « fermes » aient signalé des infections par le SARS-CoV-2, n’aura-t-il servi à rien ? Selon Sten Mortensen, responsable de la recherche vétérinaire à l’Administration danoise de médecine vétérinaire et d’alimentation, interrogé par le quotidien britannique The Guardian, plusieurs milliers de visons s’échappent tous les ans des élevages(1).
« C’est une espèce invasive. Tous les ans les chasseurs et les trappeurs tuent plusieurs milliers de visons sauvages. La population de visons échappés est relativement stable », a-t-il déclaré. Selon lui, en 2020, 5 % des visons échappés risquent d’être porteurs de Covid-19.
Cette information a de quoi inquiéter car les visons peuvent en théorie transmettre le virus à d’autres espèces, si ces dernières les mangeaient ou entraient en contact avec leurs excréments.
« Jusqu’ici nous avons la chance que ce soit des visons et non pas des animaux destinés à la consommation. Comme les virus le font toujours, le Covid-19 peut muter chez les visons. Et si lors d’une prochaine pandémie nous nous retrouvons avec une maladie qui atteint les cochons ou les poulets ? Les visons peuvent être abattus, ils ne sont pas des animaux essentiels. Avec des animaux destinés à la consommation cela va être plus difficile », a fait savoir Joanna Swabe, conseillère politique au sein de l’association américaine Humane Society International dans la même interview au Guardian.
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Covid-19 : une souche particulièrement agressive… qui aurait déjà disparu
La perspective de voir le virus muter est bien réelle. Selon les chercheurs du Statens Serum Institut, un institut de recherche financé par le gouvernement danois, le séquençage du génome du virus trouvé chez des visons danois a montré qu’il n’y avait non pas une variante du virus, mais plusieurs. En d’autres mots, le virus a bien muté, et chez des visons, il y en aurait plusieurs variantes. Mais la seule variante qui présente un danger particulier est le « C5 ».
Elle est plus agressive, rendant les défenses naturelles du corps (au moyen d’anticorps) impuissantes. L’éventuelle propagation du C5 au sein de la population humaine risquerait d’ailleurs de rendre les vaccins inefficaces.
En attendant, les visons continuent à être testés et leurs génomes séquencés. Le C5 n’a pas été repéré depuis septembre 2020, ce qui laisserait supposer qu’il a tout simplement disparu, faute de porteurs en vie.
Mais cet abattage de masse (dans plusieurs pays européens dont la France) des visons d’élevage pose réellement question de la pérennité de cette filière, qui devrait être dissoute pour éviter des souffrances inutiles aux visons mais aussi pour réduire le risque de futures pandémies.
D’autant plus que les mesures sanitaires au Danemark laissent perplexe : quelques semaine après leur enfouissement, des milliers d’animaux ont commencé à remonter à la surface d’un charnier improvisé à l’ouest du pays, menaçant de pollution un lac tout proche : en cause, un enfouissement pas assez profond et les gaz de putréfaction !
Mink begravet for tæt på sø : ‘Vi skal undgå forurening og smitterisiko’ https://t.co/hEWRlZCTUD pic.twitter.com/prYuMcV72T
— DR Nyheder (@DRNyheder) November 24, 2020
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Illustration bannière : Vison dans une ferme d’élevage © Line Holm Poulsen
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