Nous en écoutons depuis des années, et de plus en plus. Mais le son compressé serait-il mauvais pour nos oreilles ?
Une compression du son devenue omniprésente
Avec l’essor de la musique digitale, les ingénieurs ont dû inventer de nouveaux formats pour que nous puissions l’écouter sur CD, baladeurs ou téléphones. Cela fait maintenant trente ans que nos oreilles s’y sont plus ou moins habituées. Pour autant, les formats sans perte de qualité, sans compression, restent rares.
Et c’est bien dommage, car le son compressé est tout sauf recommandé pour nos oreilles.
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Si la compression du son n’est en soi pas nouvelle, elle est devenue omniprésente. Pourquoi faudrait-il s’en méfier ?
Parce que ce son compressé est tout sauf qualitatif, à force de tout gommer, tout lisser. En effet, pour des raisons de transmission comme de poids de fichiers et d’informations, les ingénieurs ont supprimé dans les sons surcompressés les écarts entre sons forts et sons faibles. Ils l’ont, en quelque sorte, aplati électroniquement pour faire remonter les niveaux sonores les plus faibles et que le résultat soit plus audible.
Mais ce n’est pas sans conséquences quand on passe des heures avec ses écouteurs intra-auriculaires vissés dans les oreilles.
Des cochons d’Inde très audiophiles
En effet, l’exposition répétée de la musique surcompressée peut se révéler potentiellement dangereuse pour votre sensibilité auditive. À la longue, elle rend l’oreille plus vulnérable.
C’est ce qu’a prouvé une récente étude à paraître, dans le cadre de laquelle on a fait écouter de la musique très compressée ou non, au niveau maximum légal de 102 dBA, quatre heures durant à 90 cochons d’Inde. Ils ont pu écouter tous les styles de musique ! Leur audition a ensuite été évaluée, le lendemain, le surlendemain et une semaine après.
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Verdict : même si aucun n’a perdu l’audition, « les animaux exposés à la musique surcompressée présentaient une fatigue plus importante des voies réflexes protectrices de l’oreille. De plus, le temps de récupération du réflexe était de plus de 48 heures ».
Pour ces scientifiques de l’Inserm et de la faculté de médecine de Clermont-Ferrand, « l’exposition répétée à la musique surcompressée est potentiellement dangereuse pour la sensibilité auditive car elle rend l’oreille plus vulnérable, même lorsqu’elle ne la menace pas immédiatement ».
Clairement, les muscles protecteurs situés à l’intérieur des oreilles de ces cochons d’Inde étaient fragilisés.
Vers un label pour le son « sans danger »
Il ne faut donc pas sous-estimer la fatigue auditive engendrée par l’écoute de ces sons compressés. Nos oreilles reçoivent, à cause d’eux, une énergie sonore plus forte et avec moins de nuances qu’avec un son classique. Il faut dire qu’un son compressé ne comprend en fait aucun silence susceptible de donner un tant soit peu de repos à vos oreilles. Pas la moindre milliseconde de blanc, ni de nuances, comme on peut en trouver dans un son normal, non compressé.
Notre oreille a besoin de temps de silence, de moments de récupération. Le sujet du danger potentiel, pour l’audition et la fatigue auditive liés à l’écoute de sons compressés, est tellement prise au sérieux désormais, qu’un comité scientifique réfléchit à la création d’un label pour les sons moins compressés, qui seraient en quelque sorte garantis « sans danger. »
Du moins tant que l’on reste dans un volume d’écoute raisonnable, bien sûr.