Une synthèse de diverses études, réalisées entre 1970 et 2017, a été publiée ce jeudi 7 juin 2018. Elle révèle une pratique peu connue, mais répandue : dauphins, cachalots, otaries, lamantins et autres mammifères marins sont chassés, puis tués simplement pour que leur chair serve d’appât.
La chasse à l’appât, une pratique surréaliste !
Pris dans les filets de pêcheurs ou chassés pour leur chair, les mammifères marins (dauphins, cachalots, otaries, lamantins…) sont de plus en plus tués, même si ces espèces sont en danger. Mais ce que l’on sait moins c’est qu’ils sont parfois tués uniquement pour servir d’appât. Sans oublier que de nombreux pêcheurs considèrent à présent ces espèces comme concurrentes, puisqu’elles se nourrissent elles-aussi de poissons et font pression sur les ressources.
Une étude vient d’être publiée, ce jeudi 7 juin 2018 dans la revue Frontiers in Marine Science, à la veille de la journée mondiale de l’océan. Elle montre que si cette pratique est peu connue du grand public, elle n’est pas marginale et inquiète les défenseurs de l’environnement comme l’ONG de protection des océans Sea Shepherd France.
Ces travaux sont une synthèse de 145 études scientifiques, rapports d’institutions gouvernementales, intergouvernementales et d’organisations non gouvernementales (ONG), réalisés entre 1970 et 2017. Les documents montrent que plus de 40 espèces de mammifères aquatiques ont été chassées et tuées au large des côtes ou dans les rivières d’au moins 33 pays durant cette période. Et ces dernières années, entre 2001 et 2017, 19 de ces pays avaient conservé ces pratiques.
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Capturés à l’aide de harpons, machettes, explosifs, filets ou crochets
Pire encore, la manière dont ces animaux sont tués puisqu’elle est souvent artisanale. Ils sont ainsi capturés à l’aide de harpons, machettes, couteaux, explosifs, filets ou crochets. Utilisée comme appât, leur chair est le plus souvent mise à profit pour pêcher le requin, mais aussi les poissons-chats, les crustacés et autres poissons.
Un phénomène d’une ampleur telle que deux espèces de dauphins d’eau douce d’Amazonie ont vu leur nombre diminuer de moitié chaque décennie depuis 1994, selon les conclusions de scientifiques brésiliens publiées dans la revue PLOS ONE.
Le boto ou dauphin rose de l’Amazone (Inia geoffrensis) et le tucuxi ou dauphin de l’Orénoque (Sotalia fluviatilis) sont donc tués pour servir d’appât depuis des décennies et cette pratique menace aujourd’hui la survie de ces espèces, en particulier parce que les femelles ne donnent naissance qu’à un seul petit à la fois et uniquement tous les quatre à cinq ans.
Selon l’étude, la chair et la graisse sont utilisées par les pêcheurs pour attirer les poissons-chats qui rencontrent un succès commercial croissant. En 2013, un reportage réalisé par trois ONG, « Dolphins killed ‘illegally’ in Peru » montrant un dauphin venant d’être harponné et remonté à bord d’un bateau de pêche au large du Pérou, avait alerté l’opinion.
Un extrait du reportage (en anglais)
Près de 15.000 dauphins sont ainsi tués illégalement chaque année au Pérou pour servir d’appâts à des requins, alors que cette pêche y est interdite depuis 1997.
Illustration bannière : Des bateaux de pêche au Pérou – © AlenaSidorova / Shutterstock
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