Dès la première moitié de janvier 2017, la présence dans l’atmosphère d’iode 131 a été enregistrée en Norvège, en Finlande, en Pologne, en République Tchèque, en Allemagne, en Espagne et en France. Si l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) assure que les niveaux constatés en France sont trop faibles pour constituer un danger pour l’homme, cette apparition soudaine soulève néanmoins des interrogations.
L’iode 131 dans l’air : plusieurs sources sont possibles
Selon l’association CRIIRAD, qui gère un réseau de balises permettant de détecter la contamination radiologique de l’air, cette concentration inhabituelle d’iode 131 pourrait être liée à des conditions météorologiques particulières : la pollution aux particules fines pourrait empêcher les molécules de cette substance radioactive de se disperser. Ainsi, cette concentration inhabituelle pourrait ne pas être le fait uniquement de rejets anormaux. Néanmoins, « l’existence de rejets anormalement élevés » pourrait être en cause, selon l’association.
Plusieurs sources possibles d’iode 131 existent : des centrales électronucléaires, des usines de retraitement, mais aussi des installations liées à l’utilisation d’iode 131 dans le domaine médical : des réacteurs de production d’isotopes, des services de médecine nucléaire, des incinérateurs de déchets… L’iode 131 étant très volatil, il se disperse très facilement et peut parcourir de longues distances. Sa source pourrait être à des milliers de kilomètres des frontières françaises, et même à l’extérieur de l’Union européenne.
Pour l’heure, seules les mesures au niveau européen sont connues, et selon les données, c’est en Pologne que la concentration constatée de ce composant radioactif a été la plus élevée (5,92 µBq/m3 en Pologne contre 0,31 µBq/m3 en France, par exemple).
L’iode 131, un composant très utilisé en médecine
Un épisode similaire a déjà eu lieu en octobre-novembre 2011 en Europe : à l’époque, les spécialistes soupçonnaient la centrale nucléaire Fukushima, au Japon, d’en être la source potentielle. L’enquête a finalement montré que la faute incombait à un institut de production de radionucléides pour des produits pharmaceutiques, situé près de Budapest, en Hongrie. Un rejet accidentel y avait alors eu lieu.
En médecine, l’iode 131 est utilisé à très faible dose et sert de traceur pour des diagnostics sur la thyroïde. Injectés dans le sang, ses molécules se fixent uniquement sur cet organe. Les rayons gamma qu’ils émettent peuvent alors être captés par une caméra spéciale, afin de visualiser le fonctionnement de la thyroïde en temps réel. Le recours à l’iode 131 n’est pas sans conséquences : il est utilisé seulement dans les cas de nécessité absolue, car des effets indésirables sont divers et nombreux. Afin de limiter l’exposition à l’iode 131 de tiers, les patients en recevant sont gardés dans une chambre isolée à l’hôpital.
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