L’île, qui se trouve à mi-chemin entre la Nouvelle-Zélande et le Pérou, est ensevelie de déchets plastiques, c’est même l’une des plus importantes concentrations de déchets plastiques au monde. Jusqu’à maintenant, on pensait que cette pollution venait de la terre. Des scientifiques qui ont analysé ces déchets ont montré que la majeure partie provenait de navires marchands originaires de Chine.
Un océan de plastiques sur lequel naviguent des navires marchands !
Ces dernières années, de nombreuses photos ont fait le tour du monde montrant de vastes étendues de déchets plastiques sur des plages ou dans l’océan.
Selon un rapport publié lundi 30 septembre dans la revue américaine Actes de l’Académie nationale des sciences, ou PNAS, les bouteilles PET retrouvées sur l’Île d’Henderson proviendraient de navires de commerce venant d’Asie plutôt que de consommateurs qui jetteraient volontairement des plastiques à usage unique dans la nature et les cours d’eau(1).
L’île Henderson se trouve au centre du gyre subtropical du Pacifique Sud, un gigantesque tourbillon de courants qui a créé un vaste dépotoir de déchets océaniques. Les déchets sont ainsi amenés sur l’île comme sur un tapis roulant. Le volume de déchets plastiques déversé dans les océans augmenterait de 15 % par année.
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Les trois quarts des déchets viennent d’Asie
Entre 2009 et 2018, les auteurs de l’étude ont collecté des milliers de déchets plastiques sur l’Île. Ils ont analysé les déchets et les bouteilles en PET pour étudier leur âge et leur origine. Ils les ont ensuite comparés avec une précédente étude datant des années 80.
Les premières inspections sur l’île montraient des étiquettes indiquant des plastiques provenant d’Amérique du Sud pour les PET datant des années 80. Toutefois, les trois quarts des déchets recueillis depuis 2009 semblaient venir d’Asie, principalement de Chine.
Les résultats ont montré que toutes les bouteilles venaient de navires marchands ou de pêche. Selon Peter Ryan, auteur du rapport, directeur du FitzPatrick Institute of African Ornithology de l’Université du Cap, en Afrique du Sud, de nombreuses bouteilles en plastique ont été écrasées, comme le veut la coutume à bord des navires, pour gagner de la place.
Environ 90 % des bouteilles trouvées avaient été produites au cours des deux années précédentes, ce qui exclut la possibilité qu’elles aient été emportées par les courants océaniques à grande distance de l’Asie, ce qui prendrait normalement trois à cinq ans. Comme le nombre de navires de pêche asiatiques est resté stable depuis les années 1990, alors que le nombre de cargos asiatiques, et en particulier chinois, a considérablement augmenté dans l’Atlantique, les chercheurs ont conclu que les bouteilles devaient provenir de navires de commerce.
La marine marchande aussi responsable de rejets de soufre
La pollution de plastique n’est pas la seule générée par les navires. Certains bateaux parviennent à respecter les seuils antipollution en déversant le soufre des gaz d’échappement en mer et non dans l’air(2).
Malheureusement la faune océanique pâtit durement de ces pollutions inquiétantes. Les entreprises de transport international ont dépensé 10,98 milliards d’euros pour éviter les normes environnementales. Pour cela, ils ont équipé leurs navires d’épurateurs destinés à extraire le soufre des gaz d’échappement et cachent ainsi leur pollution.
En janvier 2020, de nouvelles mesures entreront en vigueur pour réduire la teneur en soufre que les paquebots sont autorisés à déverser dans les eaux maritimes(3).
Selon le Conseil international pour des transports propres, les navires rejettent près de 45 tonnes d’eau de lavage acide, chaude et contaminée par des agents cancérogènes et des métaux lourds pour chaque tonne de carburant brûlé. Ces eaux usées et toxiques pourraient avoir un effet nocif sur la faune sauvage.
Les récifs coralliens meurent déjà de l’acidification des eaux mondiales. « Tout le monde parle de sauver les océans en cessant d’utiliser des sacs en plastique, des pailles et des emballages à usage unique. C’est important, mais lorsque nous nous dirigeons vers l’océan, ce n’est pas nécessairement ce que nous trouvons », a déclaré l’océanographe Laurent Lebreton, l’un des auteurs du rapport, à l’AFP.
La pollution que génèrent les bouteilles vidées par les équipages des navires, les filets, les cordes, les caisses mais aussi les déchets toxiques, est à l’heure sous-estimée. Selon un rapport publié l’année dernière dans Scientific Reports, la moitié de la grande réserve de déchets du Pacifique est constituée de filets de pêche.
Illustration bannière : Les navires marchands sont aussi responsables de pollution des océans – © vectorpouch