Depuis Jane Goodale et la réelle prise de conscience que les grands singes sont capables de transmissions culturelles, la connaissance de ces primates poursuit son avancée. Nous savons désormais que cette transmission culturelle est également à prendre en compte dans les principes évolutifs des espèces. Mais qu’en est-il alors, comme dans le cas des chimpanzés, quand cette capacité est impactée par notre présence ?
Qu’est-ce que la transmission culturelle chez les chimpanzés ?
La transmission culturelle joue un rôle crucial dans le règne animal, on le sait désormais, pour le développement et la survie de nombreuses espèces, menacées ou non. Comme certains animaux savent se reconnaître dans un miroir – dont les chimpanzés également, d’autres se transmettent des informations d’une génération à l’autre : utilisation d’outils, apprentissage de trajets de migration, peur des humains, etc.
Chez les chimpanzés la chose est peut-être plus vraie encore que chez d’autres espèces. Bien des comportements sociaux sont transmis par les plus anciens, ne serait-ce que l’utilisation de toute une pharmacopée spécifique pour ne citer que cet exemple là.
L’observation des chimpanzés a mis au jour plusieurs types de plantes intéressantes et désormais étudiées par les scientifiques notamment en matière de problèmes digestifs.
En effet, certaines « communautés » de chimpanzés ont été observés en train de consommer les feuilles de plusieurs plantes sans intérêt nutritif, alors qu’ils mangeaient des fruits très difficiles à digérer. Y aurait-il un lien entre les deux ?
Les humains, un risque culturel pour les chimpanzés
Une équipe de chercheur a étudié récemment 144 communautés de chimpanzés dans 17 pays africains différents et y a recensé 31 comportements qui découlent de la transmission des aïeux aux plus jeunes(1).
Résultat : en présence humaine, 88 % des comportements de transmission disparaissent par rapport à ce qui est observé dans des zones restées sauvages.
Routes, tronçonneuses, braconnage ou encore déforestation ont tendance à faire réagir les chimpanzés qui ne peuvent plus se comporter « naturellement » en usant de leurs techniques habituelles pour évoluer dans leur quotidien.
On a observé par exemple que les chimpanzés hésitent désormais à casser les noix à l’aide de pierres pour ne pas attirer l’attention de braconniers : une technique qui risque donc de se perdre dans le futur.
Cela fait peser un risque majeur sur l’espèce dans sa globalité en appauvrissant grandement sa capacité d’adaptation à son milieu tout en réduisant un des points fort dont ils se sont dotés : la capacité de transmission de leur culture.
La solution d’après les auteur de l’étude : mettre en place des « sites de patrimoine culturel » pour les chimpanzés, où il n’y aurait aucun contact avec les humains possible.
De tels résultats doivent être pris en compte pour la conservation de l’espèce mais peuvent également servir de modèle pour d’autres espèces connues pour ce type de comportement chez bon nombre de grands signes, comme les ourang-outans, mais aussi chez plusieurs cétacés comme les baleines.
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Plus on commence à connaître et à respecter les résidents des forêts et leurs habitats, plus on comprend qu’il faut absolument les protéger et ce pas que pour nos enfants et leurs enfants, mais aussi pour toutes les générations terrestres futures.