Notre planète nous réserve encore de magnifiques surprises à découvrir. Dernièrement, un récif corallien d’environ 1.000 kilomètres de long a été découvert entre le sud de la Guyane française et l’État de Maranhão, au Brésil. L’annonce de cette découverte est un rayon d’espoir pour les coraux, puisque 93 % de la Grande Barrière de Corail, en Australie, est en train de blanchir à cause de la pollution et du changement climatique.
Cette nouvelle barrière semble être dans un meilleur état de préservation, malgré le fait qu’elle soit située dans l’embouchure de l’Amazone, sous une couche de boue qui fait que jusqu’alors les coraux sont restés invisibles à l’oeil humain.
Des eaux de tous les fleuves qui s’écoulent chaque jour dans les océans, un cinquième vient de l’Amazone, avec ses 300.000 mètres cubiques par seconde. Quand ce fleuve majestueux se jette dans l’Atlantique après un voyage de 6.922 km à travers les forêts et les cultures, il est chargé de matière organique et de sédiments, qui obscurcissent l’eau. Ceci explique pourquoi le récif corallien est resté inexploré. Cela intrigue aussi les scientifiques quant à la survie des espèces dans de telles conditions.
En effet, aucun texte scientifique n’indiquait la présence d’un tel récif, et on pensait que la survie d’espèces marines tropicales sous les alluvions rejetées par l’Amazone était impossible.
Mais, après la découverte de documents datant de 1977 et relatant la découverte d’un poisson de récif, l’océanographe brésilien Rodrigo Moura était convaincu de l’existence d’une barrière de corail. Il a ensuite réussi à convaincre une trentaine d’océanographes américains et brésiliens d’explorer cet écosystème et de répertorier les coraux.
Les scientifiques engagés dans le projet, comme Patricia Yager, ont admis qu’ils étaient un peu sceptiques au début. Mais, au fil des découvertes, ils ont été « sidérés » par l’étendue du récif ainsi que les quantités et variétés d’espèces marines qu’il héberge : une flore et une faune endémiques de la Caraïbe, dont des créatures étonnantes comme des éponges géantes bleues et jaunes.
Un écosystème diversifié et adapté au manque de lumière
Les scientifiques croient que toutes ces espèces ont su s’adapter au manque de soleil, créant un écosystème très rare. En effet, Rodrigo Moura pointe le fait que la biodiversité du récif évolue selon la localisation et en fonction de la lumière qu’il reçoit, tout au long de ses 1.000 kilomètres.
Ainsi la partie la plus au sud, qui n’est recouverte par les eaux de l’Amazone que trois mois dans l’année, est plus riche est colorée : les organismes qui s’y développent peuvent y faire leur photosynthèse, ce qui est bénéfique aussi pour les coraux qui sont souvent en symbiose avec les algues.
La section du nord quant à elle est dominée par des éponges et des animaux carnivores capables de survivre dans les eaux troubles de l’Amazone, et donc presque sans recevoir de lumière plus de la moitié de l’année.
Pour l’instant, les scientifiques n’ont pu explorer qu’une partie du récif, dont 90 % reste inconnu. Mais, tout fraîchement découvert qu’il est, le récif court déjà un grave danger, menacé par les exploitations de pétrole dans l’embouchure de l’Amazone.
Dommage que ce ne soit plus invisible ! Ce récif se portait très bien sous la boue. Que deviendra-t-il dans quelques années? Je me le demande.