Suite de notre « revue » des défis auxquels nous confronte l’explosion de la demande énergétique mondiale : après le défi de l’habitat producteur d’énergie, après le défi de l’efficacité des énergies renouvelables visant à la parité réseau et celui, crucial, du stockage de l’énergie, qu’il va falloir répartir par des réseaux intelligents (smart grids) et récupérer intelligemment (réseaux de chaleur). Voici aujourd’hui une facette peu souvent présenté de la révolution énergétique en cours : l’énergie des transports.
Cinquième défi énergétique : la révolution des transports
L’automobile et le pétrole ont été les emblèmes du siècle dernier et beaucoup doutent que l’attrait pour la voiture disparaisse de sitôt. Pourtant, comme on le voit avec la mutation profonde de la nouvelle consommation, la voiture perd peu à peu son rang d’objet statutaire dans les pays occidentaux.
On voit le « nouveau consommateur » préférer l’usage facile de la voiture à sa propriété et se développer toutes les formes d’auto-partage (covoiturage, propriété partagée, Véhicules en libre service, …). Pourtant, au niveau mondial, l’histoire d’amour du consommateur avec la voiture n’est pas finie. En Chine, Russie, Afrique de Sud, Inde, Brésil,… partout l’achat de la voiture reste un jalon important dans la vie du consommateur : avec la voiture, on s’achète la liberté et on s’émancipe, voire on montre son succès économique.
C’est pourquoi les transports en commun, en dehors des zones urbaines très intenses, ne feront pas disparaître la voiture sans intervention publique ; y compris en France. En 2011, les transports en commun ne sont utilisés que pour 17 % des déplacements en France. C’est pourquoi, il faut garder la voiture dans le tableau de l’avenir que l’on se dessine. Mais, il faut tout faire pour que ce ne soit pas la voiture du 20ème siècle qui demeure sur nos routes.
Changer de voiture à défaut de l’oublier
En 2012, 87 % du carburant consommés par les véhicules français sont du gazole. Pour passer du tout diesel à un parc automobile de véhicules à énergies propres, il va falloir une volonté collective et des motifs économiques puissants. Comme pour les habitations, la clé va résider dans le réseau des bornes de recharge électrique.
C’est ce qu’exprimait en synthèse Carlos Ghosn, le célèbre patron de Renault-Nissan quand, en parlant de sa vision du métier de constructeur. Il déclarait en 2011 : » l’entreprise est dans le réseau » en évoquant la joint-venture de Renault en Israël avec Better Place. Dans cette vision, Renault n’a plus pour première vocation de construire des automobiles mais de fournir un service d’éco-mobilité délivré dans tous les points du réseau de bornes accessibles aux voitures.
Une voiture connectée aux réseaux d’énergie
Tout comme l’habitat est relié aux smart grids, la voiture propre qui produit et / ou stocke de l’énergie est, elle aussi, reliée à cet « internet de l’énergie ».
> Tout comme votre maison, votre voiture pourra gérer son alimentation en fonction de vos besoins mais aussi du prix de l’énergie : quand le prix de l’électricité sera bas, le logiciel de votre voiture décidera de charger les batteries au maximum. Quand le prix sera à la hausse, vous pourrez tout aussi bien revendre cette énergie en la restituant aux bornes qui seront donc bivoques.
Vu ainsi, on comprend l’importance du réseau des bornes pour véhicules électriques et des smarts grids. On voit aussi pourquoi les gouvernements qui se ruinent en « primes à la casse », pour stimuler la demande en voitures (souvent diesel) classiques font fausse route pour ainsi dire. Même les bonus pour voiture propre ne font que peu pour aider la filière des voitures propres dont Renault veut le leadership. Non, l’argent public devrait s’investir là où il est le seul à pouvoir le faire : dans les infrastructures que ne peuvent créer les industriels.
> Avec une plateforme technologique de gestion énergétique intelligente à laquelle pourront se greffer les bornes de recharge pour voitures électriques, les industriels n’auront plus qu’à faire ce qu’ils savent faire : concevoir et produire des voitures pour lesquelles le consommateur n’aura plus de peur de ne pas trouver de « stations et de bornes de recharge ».
Notons qu’on ne parle pas que de voitures ou de camions car ce ne sont pas que les véhicules terrestres pour lesquels on envisage d’utiliser de l’énergie solaire. Sans parler des avions mus par le solaire et du prototype qui a fait le tour du monde, il s’agit tout d’abord de bateaux. Ainsi le le MS Tûrano , un spectaculaire bateau futuriste, gigantesque, novateur et hyper léger, recouvert de 537 m² de panneaux photovoltaïques. Plus modeste, le equus 7.0, petit bateau électro-solaire de 7 mètres à vocation familiale et doté d’une propulsion électrique et de panneaux photovoltaïque. qui a fait sensation dès sa présentation et sa mise à flot, en septembre 2010.
Cette vision de transports mus par une électricité propre ne se réaliserait pas sans que les 4 autres piliers de la révolution énergétique ne s’installent. C’est pourquoi, la vraie révolution énergétique, et certainement le futur le plus probable qui nous attend, est celui d’un mix énergétique qui utilise toutes la palettes des sources énergétiques et des moyens technologiques disponibles. C’est le 6ème et dernier pilier de la rénovation énergétique.
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