Selon les chiffres divulgués par la revue Nature, en Europe, la superficie des forêts exploitées a bondi de 49 % en quelques années.
Déforestation en Europe : une hausse phénoménale de 69 %
C’est peut-être une catastrophe naturelle plus « discrète » que celle qui frappe l’Amazonie, et pourtant. Une étude tout juste publiée dans la revue Nature (1) met en lumière un drame écologique au coeur de l’Europe : entre 2016 et 2018, la déforestation a augmenté de 49 % en Europe, comparé à la période 2011-2015. Faudrait-il y voir une accélération de l’exploitation des forêts dans la crainte de l’arrivée du « Green Deal » européen garantissant la préservation et la restauration des forêts ?
Au total, les chercheurs ont noté une hausse phénoménale de 69 % du volume de biomasse récoltée, semble-t-il, en partie due au fait que les arbres coupés entre 2016 et 2018 étaient plus volumineux que par le passé. Toutefois, selon les observations réalisées sur la base des données satellitaires, la taille moyenne des parcelles exploitées a elle aussi augmenté en moyenne de 34 % en Europe. Les forêts jouant un rôle essentiel en termes d’absorption des gaz à effet de serre, un tel constat ne peut qu’inquiéter.
Suède et Finlande en tête
Cette hausse de l’exploitation, qui touche en premier lieu les forêts de résineux, est tout particulièrement remarquable en Espagne, dans les pays baltes et ceux du nord de l’Europe. La Suède et la Finlande représenteraient d’ailleurs à elles seules plus de 50 % de l’augmentation de cette exploitation du bois au sein des 27 pays de l’Union européenne et le Royaume-Uni compris.
Au total, en Europe, les forêts recouvrent environ 38 % du territoire. De quoi compenser environ 10 % des émissions de gaz à effet de serre de notre continent. Paradoxalement, contrairement à d’autres régions du monde, les surfaces forestières augmentent tout de même, notamment parce qu’elles se renouvellent naturellement. Ainsi, toujours selon l’étude publiée dans la revue Nature, l’Union Européenne aurait gagné 90.000 kilomètres carrés de zones forestières entre 1990 et 2015.
Un manque de biodiversité
Du coup, on ne peut parler de déforestation en Europe, comme ce peut être le cas en Amazonie. Sur le Vieux Continent, ces arbres coupés ne sont pas remplacés par des cultures, mais les forêts sont exploitées, qu’il s’agisse de fabriquer du papier, des meubles, mais aussi des biocombustibles. L’application d’une directive européenne récente sur la bioéconomie pourrait d’ailleurs entraîner une hausse de l’utilisation du bois comme énergie renouvelable en Europe. Selon l’étude publiée dans Nature, si l’augmentation de la superficie des forêts exploitées se poursuit ainsi, la vision de l’UE pour l’après-2020 de l’atténuation du réchauffement climatique basée sur les forêts pourrait être entravée. Les pertes de carbone supplémentaires des forêts nécessiteraient des réductions d’émissions supplémentaires dans d’autres secteurs afin d’atteindre la neutralité climatique d’ici à 2050. »
Autre souci à relever, au-delà de la seule surface boisée : le manque de biodiversité dans les essences replantées. En effet, bien souvent, une seule sorte d’arbre est replantée, ce qui ne favorise pas la biodiversité. Ainsi, en une décennie, un pays tel que la Roumanie aurait perdu la moitié de ses forêts primaires. Un souci d’autant plus réel que certaines espèces d’arbres replantées, tel l’épicéa, supportent mal la hausse des températures actuelle.