Les produits chimiques sont partout : objets du quotidien, alimentation… Qu’il s’agisse de PVC dans vos chaussures, de PFAS dans les cartons de pizza comme de composants présents dans les couches et dont la toxicité a pourtant été démontrée… Ces milliers de composants chimiques nocifs pour la santé comme l’environnement pourraient bientôt être de l’histoire ancienne au sein de l’Union européenne.
Entre 4.000 et 7.000 substances chimiques dans le viseur de l’Union européenne
L’annonce effectuée ce lundi 25 avril 2022 a de quoi réjouir. Elle pourrait même constituer un tournant historique pour le secteur de l’industrie chimique. Et pour cause : l’Union européenne semble enfin décidée à faire la chasse aux substances chimiques toxiques, comme le démontre sa « feuille de route » pour les éliminer des produits de grande consommation, d’ici 2030.
L’Union européenne compte ainsi s’attaquer à des milliers de produits nocifs, pourtant présents dans 74 % des 300 millions de tonnes de produits chimiques élaborés chaque année par les industries, au sein même de l’UE. Des substances qui, pour la plupart, sont considérées comme des perturbateurs endocriniens. Pour 1.775 d’entre elles, le constat est même plus alarmant, puisqu’elles sont cancérigènes, mutagènes et nocives pour la reproduction. Dans le viseur de l’UE, entre 4.000 et 7.000 substances chimiques toxiques, qui devraient donc être interdites d’ici 2030 et entraîner une révision du règlement européen « Reach » portant sur ces composants, d’ici 2027.
Parmi cette liste noire de produits toxiques publiée ce lundi par la Commission, l’ensemble des bisphénols permettant d’assouplir les matières plastiques ou encore les PFAS (poly et perfluoroalkylées), des substances éternellement polluantes, puisqu’elles ont la particularité de persister dans l’environnement. Les PFAS sont notamment présents dans les emballages alimentaires, sur les revêtements des poêles anti-adhésives, dans la composition des mousses anti-incendie, ou encore dans les crèmes solaires et dans les matières des vêtements « out-door ». L’Union européenne compte également interdire l’utilisation des plastiques PVC (polychlorure de vinyle), dont la composition même contient de nombreux additifs nocifs, ou encore les produits retardateurs de flammes, que l’on trouve dans les tétines des bébés, mais aussi les matelas des berceaux et les sièges de voiture.
A lire aussi : Même recyclé le plastique est un poison
A ce jour, la plus grande interdiction de composants chimiques nocifs
La Commission cible ainsi « un large éventail d’usages, industriels, professionnels et dans les produits de consommation », a fait savoir ce lundi Virginijus Sinkevicius, commissaire européen à l’environnement. Dans le détail, ce sont six grands groupes de composants, répartis en fonction de leur dangerosité et de leur présence dans les produits quotidiens, qui sont visés. La volonté est réelle, avec des interdictions massives qui devraient empêcher les industriels de modifier légèrement les compositions de leurs produits, de manière à contourner ces interdictions. On se souvient notamment de la façon dont les industries, suite à l’interdiction du bisphénol A, avaient contourné la législation en créant le bisphénol S, accusé d’être encore plus toxique pour le système endocrinien.
D’ici la fin de notre décennie, l’ensemble de ces substances chimiques toxiques devraient donc disparaître définitivement des produits disponibles dans l’Union européenne. Il s’agit de « la plus importante interdiction de produits chimiques toxiques à ce jour », a souligné le Bureau européen de l’environnement, lequel regroupe 140 organisations.