Médicaments et environnement ne font que rarement bon ménage. L’exemple indien en la matière nous l’a désormais magistralement prouvé avec une disparition massive de vautours chaugoun (Gyps bengalensis), vautours indiens (Gyps indicus) et vautours à long bec (Gyps tenuirostris). Sous nos latitudes aussi, nos médicaments déciment les oiseaux, et plus particulièrement les étourneaux…
Diclofenac et vautours en Asie – une liaison qui a été difficile à faire
La disparition massive des vautours en Asie a été une catastrophe écologique bien compliquée à comprendre, pour la simple et bonne raison qu’il n’existe pas de protocole particulier pour les médicaments mis sur le marché et leur impact sur l’environnement.
Car oui, c’est un médicament qui est à l’origine de la mort d’autant d’oiseaux. Dans le cas des vautours, c’est l’utilisation d’un anti-inflammatoire, le Diclofenac, administré au bétail qui a tellement pollué les sols qu’il a contaminé toute la chaîne alimentaire, jusqu’aux vautours qui en ont payé le plus lourd tribut.
Et les étourneaux dans tout ça ?
Eux sont directement impactés par le Prozac et développent des troubles du comportement qui pourraient bien porter préjudice à l’espèce tout entière. En réalité c’est là exactement la même problématique d’ingestion de médicaments que pour les vautours, avec une contamination de l’environnement par une substance pharmaceutique.
Ainsi, les étourneaux contaminés par le Prozac à travers les vers de terre qu’ils consomment, changent de comportement alimentaire. Ils passent d’une consommation faible en début de journée (pour être plus alerte face aux prédateurs), à une consommation chaotique quand ils sont « sous Prozac ».
En matière de modèle, le Prozac est particulièrement intéressant parce que beaucoup consommé par les occidentaux ce qui rajoute un intérêt à la recherche sur ce médicament, en l’utilisant comme modèle de recherche. Encore faut-il que les étourneaux et tous les autres oiseaux aient du temps à nous donner pour trouver des solutions.
4 millions de Britanniques consomment du prozac quotidiennement et un Américain sur 10 en fait autant. Pour ce qui est des Français, c’est un peu plus compliqué de trouver des chiffres clairs avec une consommation de 50 doses de prozac pour 1000 habitants(1).
Quoi qu’il en soit, avec une telle consommation, il est clair que si elle peut avoir un impact sur l’environnement, celui-ci doit être absolument étudié.
Comment éviter un tel massacre ailleurs ?
La communauté scientifique et les autorités de contrôle des médicaments ont fort à faire pour que cela ne se reproduise plus. Toute la problématique se situe dans la façon de définir comment un médicament peut entrer dans la chaîne alimentaire et infecter les oiseaux. Il est à noter que ces mêmes oiseaux ont un système digestif bien différent d’une espèce à l’autre (sans compter leur température corporelle différente elle-aussi) ce qui ne facilite pas les choses.
Les méthodes évoluent et la recherche avance à plein régime sur le sujet avec des gésiers artificiels équipés de sucs gastriques obtenus in vitro auxquels sont « donnés à manger » des vers de terre élevés dans les terres infectées(2).
Il faudra néanmoins encore du temps avant que ces protocoles entrent dans les méthodes de validation des médicaments mis sur le marché.
Je me suis également posé la question et je suppose que toutes ces substances chimiques se retrouvent dans nos urines et selles, qui finissent en station d’épuration, dont les boues sont généralement épandues dans les champs…
je ne comprends absolument pas comment le prozac peut-il contaminer le sol au point d’être ingurgité par les vers de terre, jusqu’à finir dans le gésier de chaque étourneau ?