Le sol est surtout le lieu de vie de bactéries qui ne sont pas pathogènes pour les humains. Elles y adhèrent fortement par la sécrétion d’un biofilm : sorte de mucus qui les maintient bien ancrées.
Le sol d’une habitation : pas si sale qu’on l’imagine…
Ainsi, en laissant choir un aliment sec et en le ramassant rapidement, il n’y a quasiment aucun risque qu’un nombre suffisant de micro-organismes ait eu le temps de se détacher de la surface de votre carrelage pour venir s’agripper à la denrée que vous vous apprêtiez à déguster. Le temps est donc un premier argument.
La légèreté aussi : plus l’aliment est lourd, plus il augmentera sa force de contact, mais là encore, il faut relativiser. Bien sûr, les aliments à fort degré d’humidité, spongieux, vont naturellement avoir tendance à épouser les micro-aspérités d’un sol et donc être plus susceptibles d’être colonisés.
Que vaut la règle des 5 secondes ?
On entend couramment que lorsqu’un aliment tombe par terre, si on le ramasse en moins de 5 secondes après cette chute, il peut être consommé sans problème, toute contamination bactérienne ayant été évitée. Selon une étude américaine, si elle n’est pas totalement dépourvue de sens, cette croyance est une « simplification importante de la réalité […], les bactéries peuvent contaminer instantanément la nourriture(1) »
Plus la nourriture va rester longtemps au sol, plus le nombre de bactéries susceptibles d’être transférées est important. Pour résumé, c’est l’humidité contenue dans l’aliment, le temps passé sur le sol et le type de surface vont contribuer ensemble à une contamination croisée.
Attention si l’on possède un animal de compagnie
Le véritable danger réside en fait dans la contamination par les déjections animales : si vous possédez un chat ou un chien qui se balade librement dans la cuisine, mieux vaut ne pas tenter le sort en absorbant un aliment tombé par terre.
En effet, les excréments sont quant à eux porteurs de bactéries pathogènes, pouvant entraîner des toxi-infections alimentaires dangereuses notamment pour les enfants dont le système immunitaire est immature, les personnes âgées et les individus immunodéprimés. À l’inverse, si vous n’avez pas d’animal de compagnie et que vous vous déchaussez à l’entrée, il y a moins de risques que vous soyez contaminés par une bactérie pathogène.
La rue, les trottoirs : on ne ramasse pas
Pour la même raison que le sol d’une habitation où vivent des animaux : la chaussée est empruntée par des milliers d’individus, dont on ignore où ils ont traîné leurs semelles, ainsi que par de très nombreux animaux. Dans les bacs à sable où batifolent nos chers bambins, s’ébattent joyeusement les bactéries atterries en même temps que la crotte d’un chat ou d’un chien.
Même si les bacs à sable sont soumis à un ratissage obligatoire régulier, on n’est pas à l’abri d’une bestiole nocturne qui serait allée déposer le résultat de sa digestion… De même, à l’intérieur d’endroits très fréquentés (salle d’attente, allées de grands magasins…), on optera pour le principe de précaution.
On retiendra donc qu’un petit coup de chiffon sur une biscotte tombée sous sa table suffit normalement à se prémunir d’un danger potentiel – à la condition que votre Saint-Bernard ne soit pas couché à vos pieds, répandant une flaque de bave sur le parquet… Pour les autres aliments mous et humides comme les légumes, tout dépend de vos craintes et du temps passé au sol. À noter que rincer un aliment ne sert pas à grand chose.
Enfin, il est en fait tout aussi risqué – voire plus – de suçoter la cuillère que l’on va tendre ensuite à bébé, car notre bouche est remplie de microbes pas toujours très sympas.
Article republié
Illustration bannière : Le transfert de bactéries vers la nourriture est facilité par le taux d’humidité de l’aliment – © Freer
J’ai 52 ans et tout aliment tombé au sol fini toujours au fond de mon estomac, que ce soit un morceau de pain (je souffle dessus pour enlever les éventuelles poussières ou autre poil de chat), un grain de raisin (je vais le passer sous l’eau et hop, dans le gosier) mais aussi un radis, un morceau de courgette ou d’aubergine qui saute de la poêle, que je remets immédiatement dedans (ni vu ni connu). Faut arrêter la parano et l’hygiénisme. Chez moi il y a des toiles d’araignées dans tous les coins des moutons dans les recoins. Je passe l’aspirateur une fois par mois et mle contente d’enlever les feuilles qui rentrent par la porte ouverte quand il y a du vent… Quand à la serpillère…. le sol n’a pas été « mouillé » depuis un an environ (tomettes en terre cuite au sol). Alors bien sûr je ne marche pas pied nu (le sol est froid même en été) ma température hivernale est de 17°-18° au salon et à la cuisine (j’enfile un deuxième pull et une seconde paire de chaussette si nécessaire) et je ne mets le chauffage dans les chambres que quand ca tombe en dessous de 14,5° tout en continuant à dormir bras et jambes nues).
Merci pour cet article intéressant, par contre je ne suis pas d’accord avec votre conclusion…
Le fait « de suçoter la cuillère que l’on va tendre ensuite à bébé » lui apporte en effet des microbes qu’il ne connait pas, mais c’est justement ça qui lui permet d’améliorer son système immunitaire, non ?
Cordialement
Vous avez tout à fait raison! Je me contentais de souligner le fait qu’un simple « rapport » salivaire contient plus de bactéries pathogènes qu’un sol de maison. Mais c’est effectivement par ce biais – et d’autres – que bébé se forge son armée d’anticorps.