Les espèces protégées auraient-elles fini par avoir la peau du projet de contournement de Beynac ?
Cesser le massacre du patrimoine
Stéphane Bern, grand défenseur du patrimoine s’il en est, aura été l’un des premiers à se réjouir de cette décision. Le Tribunal administratif de Bordeaux vient en effet d’annuler, mardi 9 avril, l’arrêté du préfet de la Dordogne autorisant la création d’une nouvelle route de 3,2 kilomètres et deux nouveaux ouvrages pour franchir la Dordogne(1). Et ce alors que le bassin de la rivière est classé réserve de la biosphère par l’Unesco, et accessoirement bordé de pas moins de six châteaux célèbres.
Pourquoi cette annulation ? Ce projet de contournement ne respectait pas les conditions qui auraient pu permettre de déroger à l’interdiction de détruire des espèces protégées.
Le tribunal administratif de Bordeaux annule l’arrêté @Prefet24 du contournement de #Beynac et suit l’avis du @Conseil_Etat. Il reste à espérer que @germinalpeiro @BenjaminDelrieu respecteront enfin la loi républicaine pour cesser le massacre du patrimoine @Sauvonslavallee
— Stéphane Bern (@bernstephane) 9 avril 2019
Cette annulation n’a pas pour autant découragé Germinal Peiro, le président du Conseil départemental, de poursuivre ce projet, alors que depuis trente ans, les défenseurs du patrimoine et écologistes s’y opposent. Stéphane Bern a twitté sa satisfaction de voir ce projet annulé : « Il reste à espérer que Germinal Peiro et Benjamin Delrieu respecteront enfin la loi républicaine pour cesser le massacre du patrimoine ».
Démolir et remettre les lieux en état
Dans un communiqué de presse, le Conseil départemental de la Dordogne a annoncé faire appel du jugement(2). Le 28 décembre dernier, le Conseil d’État avait suspendu le projet.
En effet, ce contournement de Beynac affecterait de nombreuses espèces protégées : 92 espèces d’oiseaux (pie-grièche écorcheur, circaète Jean le Blanc, faucon émerillon, milan royal, etc.), 19 espèces de chiroptères (pipistrelle pygmée, etc.), 9 espèces de reptiles et amphibiens (lézard vert, grenouille de Lessona, grenouille agile, etc.), 4 espèces de mammifères (genette, écureuil roux, hérisson d’Europe, etc.), 4 espèces d’insectes (cordulie splendide…) et 1 espèce de poisson, le brochet.
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À cela s’ajoutaient par ailleurs trois autres problèmes. D’une part, la route de contournement prévue aurait été située dans une zone classée Natura 2000, ainsi que dans la zone d’un arrêté de protection du biotope de plusieurs espèces de poissons.
Enfin, simplement destiné à améliorer la circulation dans le centre-bourg de Beynac, il ne répondait pas à une une raison impérative d’intérêt public majeur.
Dans sa décision, le Tribunal de Bordeaux a également exigé que le département procède à la démolition des éléments de construction déjà réalisés et à la remise en état des lieux. Selon la décision, « le maintien, même temporaire des ouvrages inachevés du projet présenterait un inconvénient majeur, en portant une atteinte grave à la qualité exceptionnelle de ce site paysager et patrimonial ».
Illustration bannière : Vue de Beynac-et-Cazenac en Dordogne – © Jo Crebbin
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BRAVO ! Enfin du bon sens !