L’eau contaminée par le tritium : une menace pour 10 millions de Français

Le tritium contamine l’eau potable de dizaines de millions de Français et ça pourrait bien empirer dans les années à venir.

Rédigé par Paolo Garoscio, le 11 Dec 2024, à 9 h 38 min
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Le 9 décembre 2024, la Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité (CRIIRAD) a publié des données qui ont de quoi inquiéter sur la contamination de l’eau potable par le tritium, un isotope radioactif produit par l’industrie nucléaire.

Tritium dans l’eau : une pollution radioactive méconnue

Depuis 2005, la surveillance du tritium dans l’eau potable est obligatoire en France. Cependant, comme le dénonce la CRIIRAD, les données restent enfouies dans des bases publiques opaques et peu accessibles. Face à cette inertie, l’organisme a rendu publiques ses analyses, mettant en évidence des niveaux de contamination préoccupants dans 2 392 communes, impactant 16,6 millions d’habitants.

Les zones les plus touchées

Les principales régions concernées sont situées à proximité de cours d’eau recevant des rejets d’effluents radioactifs. Parmi les zones identifiées :

  • Île-de-France, alimentée par la Seine (Paris, Créteil, Versailles).
  • Vallée de la Loire (Nantes, Tours, Orléans).
  • Vallée du Rhône (Lyon, Bollène).
  • Vallée de la Garonne (Agen, Marmande).

Certaines communes atteignent des concentrations de tritium supérieures à 10 becquerels par litre (Bq/L), bien au-delà du bruit de fond naturel.

Région Nombre de communes concernées Population exposée
Île-de-France 290 9,6 millions
Vallée de la Loire 150 3,5 millions
Vallée du Rhône 120 2 millions

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Pollution d’origine nucléaire : quels risques pour la santé ?

Contrairement aux idées reçues, le tritium n’est pas inoffensif. Bien qu’il soit faiblement radioactif, son ingestion répétée via l’eau potable peut entraîner une exposition interne prolongée. Selon plusieurs études citées par la CRIIRAD :

  • L’exposition interne au tritium peut altérer l’ADN et augmenter les risques de cancers.
  • Les normes actuelles, basées sur des seuils jugés obsolètes, minimisent l’impact à long terme de cette radioactivité sur la santé publique.

En outre, l’absence de résultats pour près de 4 000 communes soulève des questions sur la rigueur des contrôles effectués.

Actuellement, la réglementation française autorise jusqu’à 100 Bq/L de tritium dans l’eau potable, une limite jugée trop laxiste par les experts. À titre de comparaison, des pays comme le Canada appliquent des seuils beaucoup plus stricts (7 Bq/L).

Avec la construction prévue de nouveaux réacteurs nucléaires en France, la CRIIRAD alerte sur une hausse inévitable des rejets de tritium dans les cours d’eau. Ce scénario pourrait aggraver la contamination des réseaux d’eau potable et accentuer les risques sanitaires.

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Après son Master de Philosophie, Paolo Garoscio s'est tourné vers la communication et le journalisme. Il rejoint l'équipe d'EconomieMatin en 2013.

1 commentaire Donnez votre avis
  1. On se demande quels polluants sont absents de l’eau du robinet. C’est effarant

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