Lors de la prochaine mandature, la Mairie de Paris a décidé de mettre un coup de projecteur sur les enjeux de l’éclairage public. Le renouvellement de ce marché, qui arrive à échéance en 2021, doit être l’occasion de fixer de grandes orientations dans ce domaine pour les dix prochaines années. Mieux mettre en valeur le patrimoine exceptionnel de Paris et embellir les quartiers périphériques, renforcer la sécurité et le bien-être des habitants dans l’espace public, dessiner de nouveaux parcours lumineux sécurisés dédiés aux mobilités douces, réduire la facture énergétique et lutter contre la pollution lumineuse : c’est a priori sur ces grands objectifs que va s’appuyer la nouvelle vision de l’éclairage de la « ville lumière »… et donc aussi le cahier des charges du nouvel appel d’offres.
Éclairage public à Paris – Une grande marge de progression avec les LED
La diminution de la consommation d’énergie s’inscrit incontestablement parmi les principales priorités de la ville. Car l’éclairage public, qui représente plus de 30 % de la facture d’électricité annuelle de la collectivité, constitue un enjeu majeur sur le plan énergétique.
Le premier objectif d’une réduction de 30 % de la consommation en 2020 a déjà été atteint. Le plan Climat Air Énergie adopté en 2018 prévoit désormais une réduction de la facture énergétique liée à l’éclairage urbain de 50 % d’ici à 2030 !
Pour atteindre cet objectif ambitieux, les LED (diodes électroluminescentes) devront être privilégiées. Grâce à l’utilisation d’un mobilier urbain lumineux plus moderne, il est en effet possible de réduire considérablement la facture énergétique, notamment en remplaçant les candélabres énergivores et en privilégiant l’usage des LED dont la durée de vie est plus longue et le coût de maintenance inférieur.
Selon l’Association française de l’éclairage, le taux de pénétration des LED en France pour l’éclairage public est estimé à 15 %. À Paris, il s’approcherait de 20 % en 2020, environ 34.000 points lumineux de la ville fonctionnant désormais avec cette nouvelle technologie. Mais Paris comptant un total de 345.000 points lumineux dont près de 192.000 points d’éclairage public, la marge de progression reste très importante.
Les débuts de l’éclairage public LED à Paris
Ce nouveau type d’ampoules a fait pour la première fois son apparition dans la capitale en 2015, juste avant la COP 21, la conférence mondiale sur le climat. À cette occasion, la partie piétonne des Champs-Elysées (380 lanternes), les 640 vasques historiques des arcades de la rue de Rivoli, le parvis de l’Hôtel de Ville et Montmartre avaient été les premiers sites parisiens convertis.
Depuis, la progression a continué, mais la part des LED reste largement minoritaire, et le gisement d’économies d’énergie est donc considérable.
Paris a également lancé quelques innovations dans ce domaine, la ville recevant même le prix de l’éclairage exemplaire de l’Association française de l’éclairage pour le « smart lighting » de la rue Antoine-Bourdelle dans le XVe arrondissement.
Équipés d’un détecteur de présence, les quinze lampadaires de cette petite rue calme poussent le variateur quand un humain, piéton, cycliste ou automobiliste, s’approche. Mais ces tentatives d’éclairage intelligent, permettant de réduire la consommation d’énergie, restent pour l’instant très limitées.
L’exemple de Copenhague
Pour bien mesurer les progrès qui peuvent être réalisés, Paris peut notamment regarder du côté de Copenhague. Élue « capitale verte de l’Europe » en 2014 et collectionnant depuis dix ans les prix environnementaux, la capitale danoise ambitionne de devenir la première ville du monde neutre en carbone d’ici à 2025.
Et pour réduire ses émissions de CO2, elle a misé sur le vélo, mais aussi sur un plan ambitieux de modernisation de l’éclairage public qui a permis d’importantes économies d’énergie.
En trois ans, avec l’aide de Citelum, une filiale d’EDF, la capitale danoise a rénové en LED la moitié du parc d’éclairage de la ville et a mis en place une plateforme de télégestion de l’éclairage permettant d’ajuster en temps réel l’intensité lumineuse des différents quartiers de la ville en fonction des besoins, du trafic ou du mode de vie des habitants.
La modernisation de l’éclairage public à Copenhague, un exemple inspirant
Résultats : 55 % d’économies d’énergie par rapport à l’ancien éclairage et même 77 % de réduction de la consommation sur les 18.800 points lumineux rénovés. Quant aux émissions de CO2, elles ont été diminuées de 20 %. Le tout en augmentant parallèlement l’intensité de l’éclairage sur les routes pour rendre les usagers, en particulier les piétons et les cyclistes, plus visibles.
Copenhague a également fait le choix d’installer la plateforme de télégestion et de maintenance informatisée des points lumineux Muse, mise au point par la société française, afin d’optimiser la sécurité, la continuité et la qualité de l’éclairage urbain.
Des solutions qui permettront aussi à la ville d’intégrer facilement tous les services connectés d’une « smart city », qui peuvent se greffer sur le réseau d’éclairage public. Qu’il s’agisse de nouveaux services facilitant la mobilité (bornes de recharge de véhicules électriques, systèmes de stationnement intelligent), la sécurité (signalisation lumineuse tricolore, radars de feux et de vitesse, caméras de vidéoprotection) ou le bien-être des citoyens (bornes wifi, panneaux d’information, capteurs de bruit ou de pollution).
Sur ce sujet-là aussi, la capitale danoise peut être une source d’inspiration pour le futur « plan lumière » de Paris.