Le 29 juin, se tient le premier festival écoféministe de France. L’occasion de revenir sur ce que cela signifie concrètement.
Les racines du mouvement écoféministe
Vous êtes féministe ? Vous défendez l’environnement ? Mais êtes-vous pour autant écoféministe ? Justement, le 29 juin, à la Citée fertile de Pantin, se déroulera le premier festival écoféministe en France. Organisé par le collectif Les Engraineuses, ce festival intitulé « Après la pluie » propose de découvrir l’écoféminisme à travers différents ateliers, tables rondes et rencontres avec des femmes qui lient la cause environnementale à celle des femmes.
Alors patriarcat, climat, même combat ? En tissant un lien entre l’exploitation de la planète et celle des femmes, l’écoféminisme replace la femme au coeur des enjeux d’aujourd’hui et de demain. Ce festival propose de se réunir autour de passionnés, d’experts, d’artistes et d’activistes pour explorer, partager et imaginer ensemble une écologie émancipatrice pour les femmes et leur communauté. Au programme : rencontres, ateliers Diy, expression artistique, groupes de parole, installation d’un village solidaire… Avec, comme marraine du festival, Pascale d’Erm, journaliste et auteure de Soeurs en écologie. Des femmes, de la nature et du réenchantement du monde (éd. La mer salée, 2017), qui reviendra en ouverture du festival sur les racines du mouvement écoféministe.
En savoir plus sur le festival Après La Pluie
Un écoféminisme sans essentialisme
Ce courant de pensée milite pour la convergence des luttes féministes et écologistes. Comme l’explique Pascale d’Erm dans son ouvrage, l’écoféminisme est une grille d’analyse reposant sur le fait que « la destruction de la nature et l’oppression des femmes ont la même origine », à savoir le capitalisme et le patriarcat. Pour autant, certains peuvent y voir un mouvement anti-féministe, en réduisant les femmes à leur état de nature et en critiquant le concept de féminité. Mais pour Pascale d’Erm, il n’existe aucun essentialisme, de « nature féminine » par essence, dans sa vision de l’écoféminisme. En réalité, les femmes « ont été associées par les hommes à la nature », faisant d’elles des êtres inférieurs pendant des siècles. « Mais ce qui était un piège devient une émancipation : les femmes se lèvent et utilisent ce rapport à la nature ».
L’écoféminisme « matérialiste », met l’accent sur le rejet du patriarcat, le mode de production capitaliste de détruire la nature et de mettre à l’écart les femmes. Mais il existe également un écoféminisme plus spirituel, insistant sur l’existence d’un lien particulier entre les femmes et la nature. Une référence au concept de fertilité, aux divinités féminines de tout temps, poussant les femmes à agir pour préserver la terre à laquelle elles seraient liées. Un troisième écoféminisme, plus social, revendique la prise de pouvoir des femmes. Pour lui, la domination des femmes et de la nature par des pays colonisateurs destructeurs des ressources des terres qu’ils découvraient.
Cultiver le « reclaim » et le « care »
Ce combat écoféministe repose par ailleurs sur deux mots clés, d’une part le « care », d’autre part le « reclaim ». Le « care » explique que ce sont les femmes les premières victimes de la crise climatique actuelle. En effet, dans bon nombre de régions du monde, ce sont elles qui s’occupent du foyer au quotidien, qui doivent trouver eau et nourriture. Le réchauffement climatique entraîne alors un accroissement des distances et de la charge de travail des femmes.
Quant au « reclaim », il s’agit d’un terme utilisé par la philosophe Emilie Hache, auteure de Reclaim : Anthologie de textes écoféministes (éd. Cambourakis, 2016). Aux femmes, selon elles, de revendiquer leurs différences : pouvoir d’enfanter, plaisir féminin, mais aussi une capacité spécifique à prendre soin des autres, et donc de la terre.