À l’occasion du 8 mars, journée internationale des Droits des Femmes, nous avons rencontré Anne-Marie Yao. Une femme qui insuffle le changement en Afrique de l’Ouest !
Le commerce équitable pour l’égalité hommes-femmes – L’École du leadership des femmes
Anne-Marie Yao est la responsable de la filière Cacao en Afrique de l’Ouest pour Fairtrade Africa. Elle a fondé l’École du Leadership des Femmes en Côte-d’Ivoire : une école pour former femmes et hommes à la prise de décisions dans les communautés rurales.
consoGlobe – Combien de personnes ont été formées à l’École du Leadership ? Qu’y apprend-on ?
Anne-Marie Yao : Nous sommes actuellement dans une phase de déploiement. Plus de 200 personnes, hommes et femmes, ont été formées. Le programme dure un an. On y trouve un volet développement personnel, où les personnes y découvrent qu’elles ont du potentiel. Ces femmes et hommes défavorisés découvrent aussi leurs droits, qu’ils ignorent souvent. Nous relayons également des notions d’économie et entrepreneuriat.
On leur apprend le plaidoyer, pour qu’elles défendent leur place au sein de leur communauté et qu’elles acquièrent de bonnes capacités de négociation. Une fois qu’ils et elles ont acquis des compétences, on leur donne un appui financier pour initier des projets dans leur communauté.
consoGlobe – En quoi le commerce équitable agit pour les droits des femmes ?
Anne-Marie Yao : Le cahier des charges du commerce équitable inclut une meilleure prise en compte des femmes dans les décisions des coopératives productrices de cacao. Mais dans les faits, les femmes ignorent souvent leurs droits et leurs capacités de décision.
Ici, on leur montre qu’elles ont un rôle à jouer et qu’elles ne sont pas là pour faire joli. Elles ont leur point de vue à donner, à la fois au sein de la coopérative, mais aussi au sein de la famille. Les personnes qui passent par l’École du Leadership permettent de changer le regard de la communauté sur les femmes.
Cela passe par la personne elle-même, qui est épanouie à travers le développement personnel, et cela bénéficie à l’ensemble de la communauté.
Les hommes sont inclus dans le programme de formation car ils peuvent, au sein de leur communauté, reconnaître et défendre la place des femmes. Ils jouent le rôle de médiateurs. En incluant les époux, ils acceptent de partager les tâches et de laisser les femmes partir en formation. C’est une tactique pour que les hommes collaborent et que les femmes soient formées !
consoGlobe – Quel rôle jouent les femmes dans la société en côte d’Ivoire ?
Anne-Marie Yao : Les femmes sont très présentes, mais leur rôle n’est pas reconnu. Ce sont elles qui assurent l’éducation, la gestion du ménage, le soin de la famille. Dans les plantations de cacao, elles travaillent à la fois aux champs et doivent gérer toutes ces choses. Souvent, on voit, dans les affaires des femmes qui rentrent de la plantation le soir, qu’elles ont aussi cueilli des légumes et assuré le repas de toute la famille.
Il y a encore beaucoup à faire pour assurer les droits des femmes dans la société africaine. Pourtant, les lois sont là, le cadre existe. Mais les femmes ignorent souvent leurs droits. Le taux d’alphabétisation est très faible. Le minimum est de leur donner l’accès à l’information sur leurs droits. Nous avons beaucoup à faire.
consoGlobe – Que peut-on faire en tant que consommateurs en Europe ?
Anne-Marie Yao : Il est important de choisir les produits du commerce équitable lorsque vous faites vos courses car cela change réellement les conditions de vie des femmes dans les zones rurales.
Et de communiquer sur les initiatives, les efforts réalisés. Le consommateur doit savoir qu’il existe de gros problèmes dans les plantations de cacao en Afrique, mais qu’il y a des personnes qui essaient de faire évoluer la situation. On vous invite à venir visiter une plantation de cacao : cela change réellement votre perception des choses !
consoGlobe – Avez-vous un message à destination des femmes francophones pour le 8 mars ?
Anne-Marie Yao : Le message que j’aimerais faire passer aux femmes est que d’autres femmes ont besoin d’elles. Très souvent, les femmes s’entraident entre elles, au niveau local mais aussi international.
Avec l’École du Leadership, elles sont coachées, encadrées, elles font valoir leurs droits.
On a besoin de vous pour faire connaître notre action !