L’Insee publie un rapport complet portant sur les conséquences de l’activité économique sur l’environnement et démontre que les Français se sentent de plus en plus concernés par les enjeux environnementaux, mais sans que cela se traduise par des actions concrètes.
Vers une économie verte : des résultats positifs mais des objectifs à atteindre
Dans son rapport inédit sur « Les acteurs économiques et l’environnement », publié mardi 5 décembre, l’Insee dévoile les liens entre l’activité économique et ses conséquences sur la nature. Au fil des 180 pages, l’institut de la statistique se penche sur les effets de la facture énergétique du logement, établit un bilan des exploitations en agriculture biologique et analyse la baisse des émissions de dioxyde de carbone. Et ce dernier est plutôt positif, puisque l’Insee considère que « des résultats positifs sont aujourd’hui perceptibles », mais tempère aussi : « tous les objectifs en matière de préservation de l’environnement ne sont pas atteints ».
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L’Insee explique notamment que « les rejets de polluants dans l’air diminuent, mais la France demeure régulièrement exposée à des épisodes de pollution d’ampleur nationale ». En effet, cela avait été le cas pendant plusieurs jours dans le Bassin parisien en janvier et février 2017. Cette pollution atmosphérique avait conduit à la mise en place de la circulation différenciée et de réductions de vitesse. Des décisions avaient aussi été prises pour les plus jeunes et les personnes âgées, à qui il était conseillé de limiter les sorties.
La fiscalité carbone pourrait avoir un effet incitatif
Toujours selon l’Insee, « les émissions de gaz à effet de serre de la France diminuent mais son empreinte carbone est stable ». L’institut évoque notamment l’inefficacité des taxes sur les logements. « Les réformes récentes de la fiscalité énergétique n’ont pas suffi, pour l’instant, à influencer les comportements ». Les ménages ont ainsi payé 65 euros de plus de taxe sur l’énergie dans leur logement entre 2013 et 2015, mais ils n’ont pas réduit leur consommation.
Interrogée sur FranceInfo, Mathilde Clément, statisticienne au ministère de la Transition écologique, constate « que si le prix du pétrole recule plus vite que la fiscalité n’augmente, la fiscalité environnementale n’a pas d’effets ». Et elle se veut optimiste pour les années à venir. « La fiscalité carbone, qui consiste à taxer les énergies en fonction des émissions de CO2 qu’elles occasionnent, a une trajectoire croissante. Il est prévu, dans le Plan Climat, que cette fiscalité augmente dans les années à venir. Donc, on peut s’attendre à ce que son effet soit incitatif à l’avenir ».
Des efforts au quotidien mais peu d’actions concrètes
Parallèlement, la fiscalité sur l’électricité a été modifiée afin de soutenir les énergies renouvelables, rappelle l’Insee. Cette étude montre ainsi l’évolution des modes de chauffage. Si 60 % sont encore assurés par des énergies fossiles, la part du fioul est en baisse pour atteindre 12 %, tout comme le charbon (1 %) et le GPL (1 %). Alors que la part du bois augmente (5 %), tout comme le solaire thermique et les pompes à chaleur (3 %), ainsi que le chauffage urbain (4 %).
Malgré tout, l’Insee reconnaît que les Français sont déjà plus sensibilisés aux questions environnementales et sont enclins à faire évoluer leurs pratiques quotidiennes. Pour preuve, « les dépenses liées à l’environnement progressent plus vite que le PIB et le secteur de l’économie verte se développe à un rythme plus soutenu que le reste de l’économie ».
Le rapport note que les émissions de dioxyde de carbone ont globalement diminué de 17 % entre 1990 et 2015. En revanche, les concentrations de polluants dans l’eau ne baissent pas. Les épisodes d’algues vertes sur certains littoraux sont la preuve que si les pratiques agricoles changent, les sols, eux, souffrent des pollutions passées. Et ce, pour longtemps encore. Cette publication survient une semaine avant le « One planet summit », sommet sur le climat organisé par Emmanuel Macron mardi 12 décembre prochain à Paris. Il y sera notamment question d’un changement d’échelle de la finance pour l’action climat, ou encore de « verdir la finance en faveur d’une économie durable ».