Juliana Marquez a été « écorchée vivante » sur la place Vendôme pour protester contre la cruauté du cuir. Elle explique ici ce qui l’a mené à prendre part à l’action.
Une action choc de protestation contre la cruauté du cuir
Juliana Marquez : – Par un froid matin d’hiver, je me suis tenue en sous-vêtements en pleine place Vendôme, à Paris. J’ai hurlé de toutes mes forces pendant qu’on m’arrachait la « peau », tentant de représenter le sort atroce du milliard d’animaux qui sont tués chaque année pour que leur peau soit transformée en vêtements et accessoires en cuir.
Mes « plaies » étaient le résultat de maquillage et d’effets spéciaux, mais pour les animaux qui subissent toute l’horreur d’être massacrés pour leur peau, l’agonie est bien réelle.
Chaque achat d’un sac en cuir, d’une ceinture ou d’une paire de chaussures soutient toute la cruauté inhérente à l’élevage des animaux, pratique qui m’est malheureusement familière, venant moi-même d’une famille d’agriculteurs. J’ai assisté à la séparation déchirante entre veaux et mères, prises à celles-ci dès la naissance, et j’ai vu la terreur et l’agonie dans les yeux de vaches, attachées par leurs membres postérieurs, suspendues la tête en bas et tuées. Je me souviens encore de leurs hurlements.
Une grande partie du cuir vendu dans le monde provient du Bangladesh, de Chine ou d’Inde, où les lois sur le bien-être animal sont pratiquement inexistantes ou non appliquées. En Inde, l’abattage des vaches n’est légal que dans trois États, faisant que les animaux d’autres États peuvent être contraints de marcher des centaines de kilomètres lors de « marches de la mort », au cours desquelles beaucoup s’effondrent et meurent d’épuisement sur le bord de la route. Lorsque les survivants arrivent à l’abattoir, ils sont égorgés alors qu’ils sont encore conscients.
Au Brésil, d’où je viens, des veaux élevés dans d’immenses ranchs sont arrachés à leurs mères, traînés au sol et marqués au fer rouge sur le front, pendant qu’ils se tordent de terreur et de douleur.
Et ce ne sont pas que les bovins qui souffrent. En Chine, premier exportateur mondial de cuir, environ 2 millions de chats et de chiens sont tués chaque année pour leur peau.
Les dégâts de l’industrie du cuir
En plus d’infliger d’immenses souffrances aux animaux, l’industrie du cuir – comme les autres industries qui élèvent des animaux pour le profit – est responsable de graves dégâts environnementaux.
Les animaux dans les élevages industriels produisent 130 fois plus d’excréments que toute la population humaine, et ceux-ci ne passent pas par des usines de traitement des déchets.
Par ailleurs, transformer des peaux animales en cuir nécessite l’utilisation de dizaines de produits chimiques, notamment des sels minéraux hautement toxiques, du formaldéhyde, des dérivés du goudron de houille et diverses huiles, teintures et finitions (dont certaines sont à base de cyanure).
Les eaux usagées qui sont rejetées hors des tanneries, contiennent de grandes quantités de polluants, tels que des boues de chaux, des sulfures et des acides. Le rapport 2017 Pulse of the Fashion Industry classe le cuir comme la matière du secteur de la mode la plus polluante, et 80 % de la déforestation en Amazonie est liée au pâturage pour les bovins.
Des événements de haute couture comme la Fashion Week d’Helsinki ont déjà interdit la présence de cuir animal sur leurs podiums, et Stella McCartney, Bruno Pieters, Vika Gazinskaya et Faustine Steinmetz font partie des créateurs qui ont banni l’utilisation de peaux dans leurs collections.
Même Givenchy et Versus Versace ont mis en avant des articles végans en « éco-cuir » afin d’attirer les consommateurs qui sont de plus en plus soucieux de l’éthique.
Il existe en effet de nombreux cuirs végans aujourd’hui, fabriqués à partir de matières naturelles et respectueuses de l’environnement telles que les champignons, les ananas, le liège ou les fruits, et qui produisent de magnifiques résultats qui sont bien supérieurs en termes d’éthique, de santé et d’écologie aux peaux animales.
L’un des plus grands lancements textiles dans le monde ces dernières années a été le Vegea, ou « cuir de vin » – fabriqué à partir de résidus de raisin provenant de l’industrie vinicole italienne.
Juliana Marquez continue : « J’ai été fière de prendre part à cette action qui a fait réfléchir et a pu inviter les gens à considérer le véritable coût du cuir, et de hurler à plein poumons pour réveiller les consciences, pour ces animaux dont les cris sont trop souvent ignorés.
De plus en plus de personnes sont aujourd’hui conscientes de la maltraitance des animaux pour la mode et choisissent de faire leur shopping avec compassion. Je vous encourage vivement à vous joindre à eux, pour les animaux, la santé humaine et notre planète. »
Illustration bannière : Une action de protestation contre la cruauté du cuir – © Michel Pourny