Le peer instruction : l’apprentissage entre pairs
Si le partage de biens a fait le renom de l’économie collaborative, l’éducation 2.0 n’est pas en reste : le savoir se partage tout aussi bien qu’un vieux bibelot, si ce n’est mieux. La jeune start-up française Kokoroe le prouve par exemple en proposant des cours entre particuliers : du soutien au scolaire à la cuisine en passant par la danse ou des activités atypiques, le savoir-faire se partage de main en main. Cette volonté d’apprentissage entre pairs fait sensation : la coopération des universités souligne les bénéfices d’un tel enseignement.
Motivation, implication et réussite sont les dynamiques les plus observées. Des chercheurs se sont même réunis pour s’intéresser au sujet : le peer instruction et les classes d’apprentissage actif permettent d’aborder des domaines auxquels l’étudiant n’aurait pas forcément eu accès sans l’expérience d’un pair.
Avec l’apprentissage entre pairs, l’enseignement devient surtout accessible à tous : à condition que le professeur soit un initié expérimenté dans son domaine, l’apprentissage peut se faire en toute liberté. Un cours en ligne, un atelier collectif, un tutoriel, etc. : que ce soit en face à face ou dématérialisée, la connaissance se partage entre celui qui désire apprendre et celui qui a un enseignement particulier.
Le peer instruction connaît un tel engouement que les innovations en la matière font légion : les écrans tactiles connectés entre eux de l’école de management de Lyon, les boîtiers électroniques participatifs de l’université Pierre-et-Marie-Curie, les cas pratiques de l’Université Paris-Est… Les learning labs et les fablabs (laboratoires d’apprentissage et de fabrication) sont les nouvelles salles de cours : ultra-connecté et modulable, l’enseignement passe par la pratique et les expérimentations. Il ne s’agit plus de se contenter d’avoir des idées mais de les concrétiser.
La construction d’un savoir en commun
Le savoir est partout : le professeur n’est plus son seul détenteur ! Les connaissances fusent et sortent des salles de classes, elles deviennent accessibles à tous. Les encyclopédies collaboratives ont à elles seules transformé le visage de l’éducation.
Wikipédia, symbole de la connaissance collaborative
Référence en la matière, Wikipédia, créée par les Américains Jimmy Wales et Larry Sanger, est un véritable catalogue de connaissances : si cette plateforme fait souvent débat, elle est le fruit d’une éducation commune et d’un travail de longue haleine.
Wikipédia est fait pour les internautes et par les internautes, et c’est ce qui fait sa force : le site fait partie des dix sites les plus visités au monde. Si la force des encyclopédies collaboratives est le développement d’une connaissance plus collective qu’élitiste en permettant des publications instantanées et en libre accès, c’est également sa faiblesse. En effet, les informations peuvent être modifiées sans réelle modération et les experts ne veulent plus prendre le risque d’écrire une information juste et vérifiée pour la voir tronquée ou supprimée.
L’intelligence artificielle pour construire l’éducation collaborative ?
L’éducation collaborative peut donner le meilleur comme le pire et pour s’en rendre compte, l’intelligence artificielle, Tay, développée par Microsoft est un très bon exemple. En termes d’innovation, ce programme est un véritable coup de génie : une intelligence artificielle capable de s’exprimer comme une adolescente et qui doit apprendre des internautes pour se perfectionner. Pourtant, après à peine quelques heures en ligne, le programme tient des propos fluctuants que Microsoft ne peut pas cautionner : les internautes ont abusé de la dimension collaborative de l’éducation de Tay en renseignant des informations douteuses.
Si le programme a fait débat, il prouve que les innovations d’aujourd’hui sont efficaces : il a suffi d’à peine 24 heures aux internautes pour transmettre un savoir à une intelligence artificielle et le fait que les données soient fausses ou non importe peu. Les faits restent encourageants : le savoir se partage, les connaissances se diffusent et l’action est commune. Transformer l’éducation 2.0 en apprentissage collaboratif encadré, reconnu et légitime sera donc l’un des enjeux de demain.
L’économie collaborative ouvre grand les portes du partage entre particuliers tandis qu’elle permet à l’éducation de se moderniser : devenue collaborative, accessible et à portée de clic, l’éducation sera définitivement numérique.